De tous temps, les hommes ont appris à enterrer leurs morts. Peu à peu, avec le développement du christianisme notamment, les cimetières gérés par les paroisses se situent près des lieux de cultes : églises ou abbaye.
La première guerre mondiale a laissé tant de mort qu'il a fallu creuser rapidement des fosses communes pour enterrer les dépouilles des combattants. Peu après la guerre deux cimetières militaires furent crées à Haspres.
Au sommaire :
» Le cimetière Franc
» L'ancien cimetière
» L'arche du cimetière
A la fin du XIX° siècles, un cimetière d'époque Franque et Carolingienne fut découvert au chemin de Cambrai.
Un archéologue de Solesmes réalisa un premier sondage du sol et trouva quelques sépultures. L'année suivante Charles Laurent, reprit le projet en main. Il loua le terrain et pour utiliser l'argile qu'il devait en extraire, il établit une briqueterie à peu de distance.
Environ 150 sépultures (souvent orientés dans la direction Est - Ouest) de guerriers Francs ou Carolingiens avec femmes et enfants furent mises au jour. Il y avait dans la plupart des cas, un vase noir entre les jambes, la tête était incliné à droite, la main droite sur la hampe d'une lance, la pointe sur les pieds, le bras gauche sur le sabre et un couteau à côté. On trouva également des vases de terre, boucle de ceinturon, agrafe en bronze ciselé, haches, perles et collier.
Autrefois le cimetière d'Haspres était situé près de l'église à l'emplacement de l'actuel monument aux morts.
En effet au moyen âge, les bâtiments de la prévôté, l'église et son cloître ainsi que les autres dépendances étaient groupés afin de constituer un premier obstacle défensif. Les moines creusèrent ensuite une dérivation de la rivière afin d'isoler le tout dans une sorte d'île.
En 1636, le prévôt et les gens de loi de la ville d'Haspres, adressent au vicariat de Cambrai une requête afin d'obtenir une portion du cimetière pour y batir des murailles et une tour afin de se mettre à l'abri des incursions ennemies.
Nous retrouvons cette épaisse et solide muraille sur les différentes miniatures du duc de Croy. Ce système de cimetière fortifié était très répandu dans la région du Hainaut et du Cambrésis.
En 1721, nous trouvons un accord entre la prévôté et la communauté afin de contracter les profits du cimetière et du jardin appartenant à l'église. Un tiers du planti sera pour la chapelle de Saint Hugues et Saint Achaire, le trésorier aura le loyer de la maison qui s'y trouve, et trois florins à chaque inhumation qui sera faite dans l'église.
En 1834, un litige oppose la municipalité à Louis François Henri Joseph Boca, propriétaire (d'une maison jouxtant la Selle, au tordoir), avocat et juge suppléant du tribunal civil de Valenciennes. Une contestation s'est levé au sujet de la limite qui sépare la propriété de ce dernier au cimetière communale. Il est demandé qu'une muraille soit établi au midi des batiments de la filature de coton occupée par Monsieur Douai, à l'angle gauche de la partie du clocher donnant sur le cimmetière y faisant face.
En 1862, le cimetière devenu trop étroit, un projet d'établissement d'un nouveau cimetière situé en haut de la rue de Valenciennes est porté à l'étude. Ce nouvel emplacement présente le double avantage d'être éloigné des habitations et d'être orienté favorablement. Précisons que la proximité de l'école des filles motiva ce déménagement.
Exposition du devis proposé par l'architecte Valenciennois, Alexandre Grimault du 6 fevrier 1862 :
"On propose d'établir le nouveau cimetière sur une parcelle de 29 ares 86 centiares que la commune se propose d'acquérir. Il serait situé au nord et disposé suivant le dessin ci joint, divisé par compartiments pour les inhumations ordinaires, les temporaires trentenaires et perpetuelles : une section serait réservée pour les religions dissidentes. Des allées plantées d'arbres résineux seraient formées d'une couche de laitier et recouverte elle même d'une couche de fine cendre. Le cimetière serait entouré de haies avec une grille d'entrée en fer et pilastres en maçonnerie, de plus une chambre serait établie pour loger les outils du fossoyeur. Enfin un calvaire au fond du cimetière composé d'une croix en bois de chêne avec Christ en fonte, en formerait le complément."
Le 20 avril 1864 Monseigneur Régnier, archevêque de Cambrai procède à la bénédiction du nouveau cimetière et de son calvaire.
L'endroit était planté de 78 peupliers (non soumis au régime forestier), mis en vente par adjudication publique aux enchères le 22 février 1889. Le lot est adjugé à Pierre Brogné de Douchy moyennant une somme de 370 francs.
En 1900, le cimetière d'une contenance de 30 ares 57 centiares, d'une capacité insuffisante pour faire face aux demandes de concession (le relevé des décès pour les cinq dernières années indique une mortalité annuelle de 57 personnes) fait l'objet d'une nouvelle étude d'agrandissement. L'agrandissement se fera au moyen de l'acquisition des trois parcelles de terre suivantes : 1 - 6 ares, 35 centiares appartenant au Sieur Mercier Pierre Georges pour le prix de 660 francs; 2 - 5 ares, 55 centiares appartenant au Sieur Laurent Charles pour le prix de 600 francs; 3 - 6 ares, 4 centiares appartenant au Sieur Thirelles Pierre Joseph pour le prix de 700 francs.
Le conseil municipal vote un prélèvement de 900 francs sur les fonds libres et décide de contracter un emprunt de 1300 francs remboursable en 5 ans au taux d'intérêt de 3 francs 60 cts et au moyen d'une imposition extraordinaire de centime 6/10 additionnel au principal des contributions directes.
En 1920, il est urgent de procéder à un nouvel agrandissement du cimetière afin d'accueillir la sépulture perpétuelle des soldats de la commune morts pour la France, dont les corps vont être ramenés prochainement en exécution du décret du 28 septembre 1920. Le 27 novembre 1920, le conseil municipal vote les crédits nécessaires à l'acquisition de quatre parcelles, sises au lieu dit le Four à chaux. L'acquisition définitive s'effectue au mois de juillet 1922.
En 1926, suite à l'allocation d'un motant de 4.950 francs au titre des dommages de guerre, un marché de gré à gré est contracté avec Edouard Delmotte pour la remise en état du cimetière.
En 1929, le cimetière est de nouveau agrandi.
En 1930, une clôture partielle est installée pour un montant de 56.489 francs. Puis en 1932, afin d'achever la clôture, le conseil municipal demande une subvention de 30.000 francs pouvant entrer dans le programme d'outillage national. La subvention est allouée en 1935, elle permet entre autre le pavage de l'allée centrale.
Le portique en gré du cimetière a conservé des traces du riche passé de notre village.
En effet, la voute en grès (de la porte d'entrée), possède en son centre une magnifique pierre sculptée aux armes du prévôt d'Haspres (Lemercier). Au dessus de ces armes est disposée une autre pierre qui porte l'inscription "MERCES".
Cette pierre sculptée a été posée par Monseigneur Lemercier en 1774 à la muraille qui séparait le cimetière de l'avant cour de la prévôté.
Cette arche à pendant de nombreux siècles surmontée l'entrée du cimetière primitif.
Le cimetière mal situé et devenu trop étroit fut définitivement déplacé au chemin de Valenciennes, comme nous l'avons vu précédemment.
Cependant la voute en gré ne sera pas déplacée tout de suite. D'abord murée, elle est ensuite transformée en urinoir !
En 1963, l'abbé Flament aidé financièrement par Jean Béra fera desceller la pierre sculptée pour la faire poser à l'entrée de l'actuel cimetière. L'exécution des travaux a été prise en charge par l'entreprise Louis Dumont.
Un témoignage historique :
MERCES : c'est l'inscription de la pierre située en haut de l'arche.
MERCES signifie remerciement, récompense, c'est la devise de Le Merchier de Renaucourt, prévôt d'Haspres de 1632 à 1636.
Sous l'inscription, ce trouve un écusson entouré de volute "Ecartelé 1 et 4 d'argent à trois fasces d'azur, 2 et 3 d'argent à trois bandes d'azur", armes dudit prévôt.