L'abbé FLAMENT
 

En effectuant des recherches sur la première guerre mondiale, nous avons retrouvé dans un ouvrage intitulé "tableau d'honneur de la grande guerre", les actes de bravoure de l'abbé FLAMENT, curée de la paroisse d'Haspres de 1953 à 1970.

L'abbé FLAMENT doté d'un forte personalité est resté dans la mémoire de nombreux Haspriens. Laissons place au récit ci dessous retranscrit :

L'abbé Flament

Le chamoine Emile FLAMENT, d'Englefontaine

Décoré de la Croix de Guerre,
et de la médaille de la Reconnaissance britannique.

Au moment de l'invasion allemande, après les batailles de Mons et de Charleroi, les Anglais qui reculaient en s'efforcant d'arrêter la ruée teutonne, laissèrent beaucoup d'hommes derrière eux. Ceux qui furent ainsi séparés de leurs camarades, aux environs du Cateau et du Quesnoy, se dirigèrent vers la forêt de Mormal pour y chercher un refuge.

Les habitants s'empressèrent de favoriser leurs projets; les ecclésiastiques de la région donnèrent l'exemple : M. L'abbé Flament, aumônier des oeuvres à Englefontaine, fut du nombre.

Originaire de la lisière de la forêt de Mormal, il en connait les moindres sentiers et il fut pour les fugitifs un guide sûr et dévoué. Il les logeait dans sa maison (jusque douze à la fois), et les conduisait dans les endroits les plus inacessibles des fourrés : là, comme gîtes, les habitants leur construisaient des huttes et surtout des souterrains dont l'entrée était dissimulée dans les taillis les plus épais.

Mais il fallait les nourrir : ils étaient plus de 80, sous le commandement du lieutenant Bushel, du 4° dragons de l'armée britannique. M Flament, aidé par les générosités des particuliers, sut au prix de mille démarches leur fournir de l'argent, des habits et surtout, (ce qui était le plus important et le plus difficile), des provisions.

Sur ces entrefaites, on s'occupa de faire passer la frontière à ces soldats. Miss Cavell étendit jusque là son habile organisation, avec le concours de Mademoiselle Thuliez, et de Mademoiselle Moriamé (morte religieuse en ces derniers temps), toutes deux de Saint Vaast la Vallée. Ces dames s'entendirent avec MM. FLAMENT, DESCHODT, curé de Salesches, PETERS, curé intermédiaire de Maroilles, dont les maisons devinrent le rendez vous des soldats qui voulaient essayer de gagner la Hollande, et qui leur procurèrent des renseignements et des guides, malgré les peines sévères auxquelles ils s'exposaeint (des affiches édictaient l'emprisonnement et même la mort).

En même temps, Mademoiselle la princesse de Croy demandait à M. FLAMENT d'organiser de façon méthodique la ravitaillement des Anglais cachés : elle envoyait des chariots de provisions soigneusement dissimulées que M. FLAMENT faisait passer la nuit aux soldats.

Les Allemandes soupçonnèrent-ils ce qui se passait ? Un jour, sur un ordre venu des diverses commandanturs voisines, la forêt entière fut cernée : des patrouilles la fouillèrent, tandis qu'on prélevait des otages dans les villages riverains et qu'on interdisait aux habitants de sortir de chez eux après cinq heures du soir.

La battue n'eut pas grand résultat : grâce à leurs cachettes, les Anglais purent y échapper : une douzaine seulement furent pris. M.FLAMENT ayant eu vent de l'affaire, avait pu en prévenir quelques uns et emporter tout ce qui, en cas de découverte des souterrains, eut été de nature à prouver que les fugitifs avaient des rapports avec l'extérieur (livres, correspondance, produits pharmaceutiques, etc.). Peu s'en fallut qu'une voiture qui amenait des vivres dans la forêt fut arrêtée : un retard providentiel la sauva.

Peu à peu les Britanniques purent passer la frontière. Mais en octobre 1916 arrivèrent à Englefontaine cinq cents Belges, prisonniers civils, qu'on amenait de force pour travailler à l'abbatage des arbres de la forêt. Ils étaient dans un état lamentable. Afin d'avoir accès auprès d'eux M.FLAMENT demande et finit par obtenir de leur assurer le service religieux. Il leur distribue cinq cents pièces de vêtements et donne chaque semaine à ceux de ces malheureux qui sont malades (il y en a beaucoup), deux repas supplémentaires dont se procure les éléments chez des personnes dévouées d'Englefontaine.

Ses compatriotes reconnaissent ses services et sa compétence : ils lui demandent d'entrer dans la commission municipale : il y est l'apôtre de l'union devant l'ennemi, préside aux distributions du ravitaillement, à la répartition des allocations, résiste aux prétentions des réquisitionneurs et plusieurs fois oblige les officiers à faire restituer par leurs hommes des objets pris indûment ou au delà des quantités indiquées sur les bons.

Tout cela, naturellement, exaspérait l'ennemi; d'autre part, les espions avaient signalé les agissements patriotiques de M.FLAMENT. Aussi lorsqu'on préleva des otages pour les envoyer en Russie, il fut désigné nommément. Il y resta six mois : quand ses compagnons de captivité furent autorisés, en juillet 1918, à rentrer chez eux, lui seul fut l'objet d'une mesure exceptionnelle : par ordre du ministre de la guerre Allemand, on lui signifia l'interdiction de retourner en territoire occupé et on le fit partir par la Suisse pour la France libre : l'armisitice seul lui permit de rentrer chez lui.

C'est pour tous ces actes de patriotisme que M. le chamoine FLAMENT s'est vu attribuer la Croix de Guerre. Nous regrettons de n'avoir pas sa citation.

Le gouvernement britannique lui a decerné à son tour la médaille de la reconnaissance anglaise.

Haspres - Genealegrand
© 2011 - Olivier LEGRAND

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