A partir du XIII° siècle, les monastères voient leur influence politique s'affaiblir. Pour renforcer leur pouvoir politique, les abbayes entament des modifications dans leurs organisations. Un Abbé laïque exclusivement chargé du temporel (autorité sur les corps) est mis en place (il siège à Saint Vaast). Une autre fonction est également créée, celle d'abbé écclésiastique ou prieur qui est chargé du spirituel (autorité sur les âmes).
Avec ces changements, la commune s'organise également. Des échevins placés sous l'autorité de l'église, remplace les anciens magistrats municipaux. A la tête de la franche ville d'Haspres se trouve un Bailly et plus tard un sous Bailly (adjoint au maire).
L'église paroissial, est quant à elle desservie par un curé qui n'ose que très rarement s'opposer à la prévôté. Précisons au passage que les biens de la paroisse (église, cimetière, presbytère) sont gérés non par le curé, mais par une assemblée de paroissiens que l'on appelle "la fabrique".
Jusqu'à la révolution, Haspres est le chef lieu d'un important décanat qui comprend pas moins de 41 paroisses.
La fabrique est une sorte d'association composée de clercs et de laïcs, chargés de gérer, entretenir et conserver les biens matériels de l'église paroissial. Composées de cinq à neuf membres élus ou nommés (dont le curé et le maire qui sont membres de droit), elles sont dirigées par un ou plusieurs marguillers. Les fabriques sont officiellement supprimées par la loi de 1905 dite de séparation des eglises et de l'état.
Au sommaire :
» La cure et le curé
» Les prêtres avant la révolution
» Les prêtres après la révolution
Le curé est à la tête de la paroisse et cette cure d'âmes, est ce que l'on appelle un bénéfice ecclésiastique. Parmi les obligations du curé : dire la messe les dimanches et les jours de fêtes, sonner les sacrements, visiter les malades.
Curé Bénéficier ou à portion congrue ? (source les métiers d'autrefois - archives et culture)
» L'origine des revenus des curés est de deux types. On distingue les curés bénéficiers, qui vivent des dîmes et du produit de terres qui leur ont été attribuées, et les curés à portion congrue, qui reçoivent du décimateur (abbaye, chapitre, seigneur) dont ils dépendent, un salaire fixe.
» Dans le premier cas, la necessité qu'a le curé de bénéficier d'entretenir ses terres, d'avoir des ouvriers agricoles pour les cultiver, de vendre les produits de ses champs, donc de marchander, peut gâcher ses relations avec ses paroissiens.
» Quant au curé à portion congrue (c'est le cas à Haspres), il reçoit une pension annuelle fixe, en nature ou en argent. Il a ensuite la charge de vendre les denrées qu'il reçoit en fonction de la fluctuation des prix.
Declaration des revenus de la cure en 1574, par le curé Jean Cordonnier : le prévôt doit livrer quotidiennement au curé 3 pains ou miches, 2 blancs et un bis. Il ne lui en donne sur 2 bid. Il doit lui fournir aussi 9 oeufs par jour, et en temps de carême 6 harengs et 3 saurets aussi par jour, et aussi un lot de "blanc boire", qui est de la bière double : il ne lui fournit que de la petite bière. Il lui doit aussi 2 "escullées" de potage tel qu'on le sert à la table des religieux, et le prévôt ne fournit que de "la souppe où a eaeu salé environ une escullée". Enfin le curé doit recevoir du prévôt 25 lots de vin à charge d'assister aux premières vêpres et messes et un diner aux grandes fêtes. Le curé a droit à la moitié des offrandes et oblations, il possède 16 mencaudées de terre "ahanables", il a le revenu de deux obits et des menues rentes.
En France, les curés à portion congrue payent le décime et dans les Flandres et l'Artois, ils contribuent au vingtième et sont repris nommément dans les rôles de cette imposition. Les rôles de 1755 et 1756 établissent la cotisation de la cure d'Haspres au nouveau vingtième à raison de 15 florins pour 300 florins de revenu.
Les curés à portion congrue étaient donc plutôt pauvres. En 1779, Monsieur Nomclercq, curé de la paroisse d'Haspres ne posséde aucune dime et la totalité de ses revenus de portion curiale consiste dans le produit de ses 20 mencaudées de terre et des 260 florins qu'il reçoit de la prévôté. Il se plaint de son imposition exorbitante et demande une réduction de sa cotisation au nouveau vingtième.
Gros de la cure : C'est ainsi qu'on appelait autrefois la portion principale du revenu d'un bénéfice. Le gros d'une cure était une portion en argent ou en fruit que les gros décimeurs donnaient aux curés au lieu de la dîme.
1176 Barthélemy (*).
1256 Lambert, déjà en 1256, encore en 1265, doyen (*).
19/03/1463 Jean Serleyvoets (*).
19/03/1463 Hubert Carpentier (*).
1466 Pierre Midosne.
1574 Jean Cordonnier.
1582 Georges Ferrin.
1597 On trouve en juin 1597 la requête suivante : Antoine Briet, curé d'Haspres, pour obtenir une gratification en compensation de son gros.
1602 - 1617 Jean Martin Dupuis.
En 1602, Jean Martin, reconnait que c'est à tort qu'il a voulu contester différents droits dues la prévôté, comme de permettre l'ouverture de l'église et du cimetière pour l'inhumation des morts, de recevoir une partie des offrandes et de ne pouvoir être interrompu dans le chant de la paroisse.
Une sentence rendue le 12 mai 1610 par les vicaires généraux et l'archevêque de Cambrai entre Jean Martin et le prévôt, nous renseigne sur le traitement des curés à cette époque : le prévôt est obligé de lui payer une prébende de 2 pains ou miches, 9 oves et pendant le carême 9 harengs dont trois fumés (ou sorez) et 2 lots de cervoise et un lot de vin aux cinq grandes fêtes; le prévôt se libérera maintenant en payant annuellement un somme de 80 florins.
1627 Jean Personne (*).
1629 - 1636 Jean de Coullemont.
1686 On relève dans la partie somme des recettes : Muteau, pasteur d'Haspres pour une année du gros.
1687 Ansart.
1702 - 1703 Michel Muteau.
1704 - 1719 Martin de Gousée (ou Gousez, Degousée). Il arrive à Haspres le jour de Fête de la St Jean-Baptiste 1704 et restera jusqu'en 1719, ou il partira ensuite pour la paroisse de Notre Dame de la Chaussée, à Valenciennes. Il y restera plusieurs années (sa signature est encore visible en 1736 sur les registres paroissiaux de cette église aussi en ligne sur les AD59).
1719 - 1731 Philippe Joseph Lemaire, devient ensuite curé de Sainte Elisabeth à Cambrai.
1731 - 1735 Robert Coupé, curé d'Haspres.
1735 - 1740 Louis Bernard Crudenaire, natif de Valenciennes est promu à la cure d'Haspres. Petit, vicaire.
Mai 1740 - 1743 André Locqueneux, de Robercourt (Mazinghien)) est nommé comme curé d'Haspres à la place vacante de Louis Bernard Crudenaire.
1743 - 1744 André Locqueneux, curé d'Haspres. Buissin, vicaire.
1748 - 1752 André Locqueneux, curé d'Haspres. Beauvois, vicaire.
Mai 1752 Nomination de Jacques André Cyprien Limelette de Brettrechies après la démission d'André Locqueneux.
15/05/1755 Nomination de Guillaume Facon de Valenciennes, après la démission de J.A.C Limelette.
1756 Guillaume François Facon, curé d'Haspres. Bisiau, Vicaire.
1758 -1765 Nomination de Louis Joseph Jupin, natif de Vieux Reng le 11/09/1727. Il est nommé curé d'Haspres en mai 1758 après le décès de G.Facon. Devient momentanément doyen de chrétienté. Curé de Wargnies le Petit le 4/06/1767, insermenté et déporté,
il reprend en 1802 sa cure de Wargnies le petit, et meurt en 1807.
1765 - 1771 Joseph Bocquet, natif de Féron, curé d'Haspres. Lucas, vicaire d'Haspres.
1776 Joseph Bocquet, curé d'Haspres. Laurent, vicaire d'Haspres.
1777 - 1782 Nomination d'Henry Joseph Nonclerc, natif de Quarouble, après la démission de Joseph Bocquet.
1777 - 1782 L'abbé Pontois, natif de Valenciennes il sera conduit à l'échaffaud en 1794.
Pendant l'occupation Autrichienne, c'est l'ex capucin Jacques Louis Bailleul (1762-1843 de Troyes) curé constitutionnel qui pratique l'office. Durant cette période, le conseil municipal atteste régulièrement par un certificat la présence du curé à son poste et de l'acquittement de ses contributions et particulièrement du don patriotique. La série L9383, contient plusieurs mandats et certificats pour traitements des pensions de Jacques Louis Bailleul, Pierre Joseph Pontois, ainsi que du vicaire Pierre Philippe Limette.
1802 à 1830 L'abbé François Prudent Leleu, né à Orchies, le 26 août 1747, ordonné prêtre en 1770, ex recollet, assermenté, curé constitutionnel de Monchecourt le 12 mai 1791; puis d'Orchies et substitut de l'Archiprêtre d'Orchies en 1747, assistant en cette qualité, au synode diocésain du 7 aôut 1800, qui le réélut substitut, fut nommé canoniquement, le 24 octobre 1802, curé d'Haspres, où il mourrut le 15 juillet 1830.
1830 à 1849 L'abbé Joseph Bury.
Le curé d'Haspres, Bury, né à Saint Aubert, voit un différent s'élever entre lui et son clerc au sujet d'une augmentation de traitement que demande celui ci et qui est refusée par le curé qui le révoque de ses fonctions
Le clerc, jouissant d'un certain ascendant sur une partie de la population, l'informe que le lendemain il y aura un enterrement qui sera fait sans lui, avec l'aide des enfants de choeur seulement. Le service funèbre se fait devant une foule houleuse; mais à peine est il terminé que des clameurs s'élèvent du milieu de la foule qui veut faire un mauvais parti au curé qui est obligé de se barricader dans l'église. Bientôt la porte cède. Le curé avait avait eu le temps de sortir par une porte de derrière et à l'aide d'une échelle que lui avait procurée Augustin Laurent,il franchit le mur de l'abbaye où il échange son costume de prête contre un accoutrement d'ouvrier.
A l'aide de ce déguisement, il réussit à gagner le presbytère dans l'obscurité de la nuit. S'il se fut hasardé au milieu de la population, elle lui aurait sûrement fait un mauvais parti. Le lendemain voulant voir si les autorités municipales partageaient la manière de voir ses habitants, il se rend avec Augustin Laurent chez le maire, Monsieur Charles Lestoille : "Dites à Monsieur Laurent que je le recevrai volontiers, répond il; mais quant au curé, il n'a pas à remettre les pieds ici." Même démarche et même réponse, chez Lagrue, adjoint.
Le curé Bury, voyant cela alla en référer à l'Archevêché; puis il fit venir de chez ses parents de Saint Aubert, quelques chariots sur lesquels on chargea ses meubles, et il quitta le village. Peu de temps après, il fut nommé à un poste supèrieur, près du Quesnoy, avec le tire de vice Doyen.
L'auteur de cette anecdote est malheureusement resté inconnu.
1849 à 1863 L'abbé Dominique Moreau.
1863 à 1866 L'abbé Louis Alexandre Duvillier : Né à Tourcoing le 14 avril 1820, il est ordonné prête en 1843. Nommé en 1851 vicaire de la paroisse de Saint Martin de Roubaix, il est nommé trois ans après aumonier de l'Hospice Général de Lille. L'abbé Duvillier est nommé à Haspres en 1863. Il en part en 1866, au milieu d'universels regrets, pour être installé, curé doyen de la paroisse de Saint Jean Baptiste à Dunkerque. Il décède le 19 juin 1875.
1866 à 1867 L'abbé Hanne, curé d'Hornaing puis l'abbé Dubois, nommé en 1867, doyen curé de Berlaimoint.
1867 à 1871 L'abbé César Auguste Lefer, transféré en 1867 de Sequedin à Haspres.
1871 à 1887 L'abbé Jean François Deswel, vice-doyen, né à Hazebrouck le 17/07/1831, ordonné prêtre en 1867, vicaire de Houplines, Graveline, Sin le Noble, puis curé de Flesquières, Haspres et Croix en 1887. Décédé le 07/09/1900.
1887 à 1892 l'Abbé Suivilliez.
1892 à 1895 l'Abbé Hazard.
1887 L'Abbé Sinsoilliez, ancien professeur au collège de Roubaix, précédemment curé de Verchain Maugré (src Echo de la Frontière).
1896 à 1902 l'Abbé Agasse.
1902 à 1919 l'Abbé Baert.
1919 à 1928 l'Abbé Jean Bonnet, né à Annoeullin le 1/06/1875, ordonné en 1899, professeur à Douai (Saint Jean), vicaire à Flines lez Raches en 1909, curé de Robersart en 1911, d'Haspres en 1919, de Valenciennes (Sacré Coeur) en 1926, décédé le 14/02/1939.
1928 à 1931 l'Abbé Emile Leclercq, nommé en 1931, curé doyen de Marcoing.
1931 à 1939 l'Abbé Léon Dassonville, chapelain à Cambrai (Saint Joseph), installé solennellement à Haspres le dimanche 27 septembre 1931, sous la présidence de l'abbé Marouzé, doyen de Bouchain.
1939 à 1942 l'Abbé Abel Pruvot, curé de Frasnoy et de Praux au Sart, est transféré à Haspres, en remplacement de M.Dassonville, démissionnaire pour raison de santé.
1942 à 1948 l'Abbé Merville.
1948 à 1952 l'Abbé Landrieu.
1952 à 1953 l'Abbé Lefebvre.
1953 à 1970 l'Abbé Flament (à ne pas confondre avec le chanoine Emile Flament d'Englefontaine, né en 1864, décédé le 20 décembre 1943 et enterré dans le cimetière d'Englefontaine). Notons l'installation de l'abbé Joseph Bézy en juillet 1964, qui quitta la commune un an plus tard.
1970 à .... l'Abbé Iréné Bourgeois.
2006 à 2019 l'Abbé Henri Claude Jouvenaux.