Bureau de bienfaisance
 
Charles Raoult Rempsies Isabeau Meresse
 

Le bureau de bienfaisance est l'ancêtre des Centres Communaux d'Action Sociale. Créé en l'an V, le bureau de bienfaisance a pour but d'apporter un secours aux habitants les plus pauvres. Toutefois l'origine de ses institutions charitables se perd dans la nuit des temps.

De tout temps, l'assistance aux plus démunis a toujours fait l'objet de toutes les attentions. La loi du 7 frimaire an V (27 novembre 1796) institue la création des bureaux de bienfaisance, chargés de recevoir, gérer et répartir le "droit des pauvres" (taxe sur les spectacles). Leur création était facultative et laissée à l'initiative des communes. Une seconde loi du 15 juillet 1893, instaure la création des "bureaux d'assistances" dont le rôle étaient d'apporter une aide médicale aux pauvres.

Le fonctionnement des deux bureaux portant à confusion, le décret du 29 novembre 1953, fusionne les bureaux de bienfaisance et assistance en une seule institution d'aide sociale : le bureau d'aide sociale. Enfin la loi du 6 janvier 1986 fixe un système de protection sociale au niveau nationale et les Centres Communaux d'Action Sociale sont crées.

La pauvreté

Jusqu'à la révolution, la prévôté possede la majeure partie des terrains cultivables, qu'elle loue (bail) à des censiers. (voir Cense de Fleury, Cense de Maugré, Cense de Bongré). Ces derniers sont des agriculteurs aisés qui exploitent les terres de la prévôté au moyen du rendage et du fermage. Cette méthode étant largement profitable pour les deux parties.

Le fermage est le loyer resultant du contrat passé entre la prévôté et le censier, dont le montant est fixé à l'avance et donc indépendant du résultat de l'exploitation

Du fait de la répartition inégale des biens agricoles, il est donc difficile à tous les habitants de vivre des produits de la terre. Ainsi on trouve de nombreux journaliers, valets de charrue, et surtout des mulquiniers.

Les moines ne sont pas en reste avec les plus pauvres, en leur offrant régulièrement de la nourriture et la bière qu'ils fabriquent.

La côte 15H7, nous livre un mémoire pour les pauvres d'Haspres pour le compte de Monsieur le prévôt :

- Le 13 février 1789, donne pour mandat à la veuve Moreau, pour la réalisation d'une chemise, 6 cart de toile à 24 patars.
- Le 13 février 1789, donne pour le garçon Marie Anne, une paire de bas
- Le 19 février 1789, donne pour la fille Gilleron 4 aulnes de molton rose pour une jupe à 18 patars, 5 aulnes de cordon
- Le 20 février 1789, donne à la veuve Valengant pour deux enfants, 5 aulnes de molton, toile, fil et cordon pour deux jupes
- Le 22 février 1789, donne pour une camisolle à l'enfant Nicolas Flahaut, 2 aulnes et demi de tricot, toile, fil et cordon.
- Le 26 février 1789, donne à Pierre Bera, une couverture de toupe
- Le 2 mars 1789, donne à Martine Meriaux, 3 aulnes de toile pour une chemise
- Le 7 mars 1789, donne à la veuve Veniat, une couverture de toupe
- Le 7 avril 1789, donne à Marie Claire Porte, trois chemise

En 1791, le directoire de Valenciennes reçoit la requête suivante de la municipalité d'Haspres "qui demande des secours en faveur des pauvres attaqués d'une maladie épidémique qui règne depuis la fin de septembre 1789."

Le 8 février 1793, le maire d'Haspres (Bailleul) s'adresse au district de Valenciennes dans des termes douloureux : "Les citoyens Maire et officiers municipaux de la commune d'Haspres profondément pénétrés des sentiments d'humanité et de bienfaisance qui vous animent, ont recours à vous pour qu'il puissent par votre secours, subvenir aux besoins de l'indigent et de l'humanité souffrante; ils vous feront d'abord observer que la commune d'Haspres dans sa nombreuse population, contient quatorze cent pauvre, dont au moins huit cent sont dans la plus grande misère privés faute de ressource des choses les plus nécessaire à la vie, la nation compatissante dont vous êtes les organes fermerait elle l'oreille à la voix plaintive de tant de malheureux qui ne cessent d'invoquer l'être suprême pour sa prosperité. Daignez citoyens accorder un secours à ces infortunés tel faible qui fut nous vous témoignons pour eux notre reconnaissance."

En réponse à cette requête les administrateurs du district de Valenciennes, accorde le 24 février 1793 une aide financière : Vu la requête de la municipalité d'Haspres tendante à obtenir des secours pour ses pauvres, considérant que cette commune dont la population est très nombreuses, contient dans son sein plus de 800 pauvres, réduit à la plus affreuse misère et manquant même des choses les plus élémentaires à la vie, considérant aussi que le peu de biens qu'elle possede suffit à peine pour secourir la moitié de ces infortunés que l'humanité nous oblige de regarder favorablement."

Le bureau de bienfaisance

A Haspres le bureau de bienfaisance est crée en l'an X. Son rôle est de subvenir aux besoins des plus nécessiteux (les indigents), en recueillant de la nourriture et des vêtements, mais aussi en prodiguant des soins.

Délibération du 14 octobre 1879, présidée par Auguste CAULLET, maire. Election de deux délégués, en vertu de la loi du 5 aout 1879 :

Voix du Nord 1947
VDN 1947

Art 1° : Les commissions administratives des hospices et hôpitaux et celles des bureaux de bienfaisance sont composées du maire et de six membres renouvelables. Deux des membres de chaque commission sont élus par le conseil municipal. Les quatre autres membres sont nommés par le Préfet

Art 4° : Les délégués du conseil municipal suivent le sort de cette assemblée quant à la durée de leur mandat; mais en cas de suspension ou de dissolution du conseil municipal, ce mandat est continué jusqu'au jour de la nomination des délégués par le nouveau conseil municipal. L'élection des délégués du conseil municipal a lieu au scrutin secret, à la majorité absolue des voix. Après deux tours de scrutin, la majorité relative suffit et en cas de partage, le plus âgé des candidats est élu.

Art 5° : Les commissions pourront être dissoutes et leurs membres révoqués par le ministre de l'intérieur. En cas de dissolution ou de révocation, la commission sera remplacée ou complétée dans le délai d'un mois. Les délégués des conseils municipaux ne pourront s'ils sont révoqués être réélus pendant une année.

Nombre de bulletins dans l'urne : 11

Henri Cossiaux - 6 voix, élus
Pierre Ambroise Mercier - 6 voix, élus
Marc Bricout - 2 voix
Le curé - 2 voix
César Mériaux - 1 voix
Camille Caullet - 1 voix
Hugues Bricout - 1 voix
Charles Laurent - 1 voix

Marche allégorique

La presse locale relate parfois quelques faits singuliers permettant d'éclairer les coutumes de nos aieux. On y apprend par exemple l'organisation par la jeunesse d'Haspres en avril 1860, d'une grande marche allégorique au profit des indigents. L'organisation du cortège est la suivante :

Hérauts d'armes portant au haut d'une hallebarde les armoiries de l'ancien comte d'Haspres, tambours, groupe de cavaliers aux costumes divers, musique en costume de cérémonie.

Premier char : Char des dieux de l'Olympe entourés de Nymphes, filles de l'océan et de Téthys, peloton d'infanterie.
Second char : Char sur lequel se trouvent groupés des Cafres et des Hottentots. Au sommet, sur un trône étincelant de pierreries, la reine de Malabar. Groupe de cavaliers africains. La bannière de la bienfaisance avec cette inscription Qui donne aux pauvres prête à Dieu.
Troisième char : Le descendant de Haascar, souverain du Pérou, entouré des principaux caciques mexicains, empruntant à l'or et au plumage des oiseaux les principaux ornements de leurs parure. Grande bannière en l'honneur du travail avec cette inscription Labor omnia vincit.
Quatrième char : Char de l'industrie du pays. Groupe et députation des principales industries du pays. Un groupe de cavalier en costumes divers pour fermer la marche.

Pendant la durée de la marche, des quêteurs iront à domicile pour recueillir le denier des pauvres. Les commissaires : Bricout, Derome, Flahaut, Morelle, Méniel et Cacheux.

 
Marche allégorique, ascension 1922Marche allégorique, ascension 1922
 

La loi de juillet 1905

La loi du 14 juillet 1905 établit l'assistance obligatoire aux vieillards, infirmes et incurables. Régulièrement des subventions sont votées pour leur apporter une petite pension. Néanmoins l'aide est également valable pour les plus jeunes, ainsi la mairie paye le médecin du village pour visiter régulièrement les nourrissons.

Les membres bienfaiteurs de la commune

Hector COSSART (1863 - 1933): Fabricant de tissus, conseiller, adjoint d'Ernest Lestoille. Il cède gratuitement une partie de ces terres aux ouvriers haspriens pour y planter des pommes de terres.

Clément GODART, membre bienfaiteur des pauvres, une rue du village porte son nom. Nous possedons peut d'information sur cette personne. Toutefois, un inventaire des fardes de la prévôté réalisé en 1785 indique : un beau cartulaire authentique en velin de toutes les rentes, tant en argent qu'en blé et de toutes les terres appartenantes aux pauvres d'Haspres. La plupart provenant de la fondation de Monsieur Godar. On y trouve aussi un détail des obligations du clerc en conséquence des 24 mencaudées de blé qui lui sont accordés par la dite fondation.

Isabeau Meresse, membre bienfaitrice des pauvres, une rue du village porte son nom.

Charles Raoult, membre bienfaiteur des pauvres au XIX° siècle



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