Isabeau Meresse
 
Bienfaisance
 

Une rue du village porte son patronyme. Son nom est gravé sur la liste des membres bienfaiteurs (plaque de marbre à l'intérieur de la mairie), mais nous ignorons qui était Isabeau Meresse. Et bien maintenant, plus tout à fait grâce à cet article.

Commencons par indiquer que la rue nommée aujourd'hui Isabeau Meresse, s'appelait jadis la rue de la canterainne, probablement à cause du chant des grenouilles que l'on entendait à proximité de la rivière.

Bienfaitrice des pauvres

L'origine des insititutions charitables remonte à bien longtemps, la création des bureaux de bienfaisance après la révolution ne faisant qu'officialiser les biens ou terres leguer aux pauvres. En reconnaissance de ces aumones, chaque années les pauvres, reconnaissants, célébraient un obit en mémoire de leur fondateur.

Les sources

Article 48/49 du terrier de 1750 : Les harans d'Haspres fondés par Dame Isabeau Meresse, a donner aux manans bourgeois de la ville de Haspres annuellement le jour des cendres contenant quatre mesures, faisant septante deux verges à la mesure et cordage dudit lieu quelles font trois boitelets et quatre verges et demie de terre jardin et héritage audit Haspres tenant audit chemin allant à Saulzoir et Villers en Cauchie 1749, en 1750 à la communauté dudit Haspres de temps immémoriable.

A partir de cette source nous savons donc qu'Isabeau Meresse est une femme. Des recherches dans les registres paroissiaux n'ont rien donné quant à sa généalogie et ses origines.

Article 104 du terrier de 1759 : Donnation des arrans tenant au susdit au fossé de la ville et au chemin de Villers en Cauchie. Charges de terres droit de mie Disme.

La rue Isabeau Meresse

Terre des pauvres

Peu à peu les biens accordés (charité) aux pauvres augmentent. A partir d'un document de 1780, nous pouvons nous faire une brève idée des revenus des biens de l'aumône. Ces terres sont réparties sur tout le térritoire d'Haspres. L'affermage de ces terres est réalisé à la criée.

Les adjudicataires doivent se conformer aux règles du royage et n'y doivent rien changer : le cycle d'assolement comporte trois ans de rotation (assolement triennal). Les exploitations sont divisées en trois royages. Les baux de location interdisent formellement au locataire de "déroyer". Il existe, il est vrai, des surfaces en herbe et certaines terres demeurent hors royage. (src : Nos ancêtres les paysans - aspects du monde rural dans le Nord - Pas de Calais des origines à nos jours)

Du premier royage des terres de l'église, et du premier royage des terres des pauvres, entreront en jouissance le 1 d'octobre 1784, et finiront de jouir le 30 septembre 1793. La première année de rendage échera au jour de Saint André 1785.

Le bail des adjudicataires des terres du deuxième royage des harengs, du deuxième royage des terres de l'église et du deuxième royage des terres des pauvres commencera au jour de Saint Rémy 1785, et finira le 30 septembre 1794. La première année de rendage échéra au jour de Saint André 1786.

Les adjudicataires des terres du troisième royage des harengs, du troisième royage des biens de l'église et du troisième royage des biens des pauvres, commenceront à jouir au jour de Saint Rémy 1786 et leur bail expirera le 30 septembre 1795. La première année de rendage echera au jour de Saint André 1787.

Aux royages, il faut ajouter d'autres charges d'entretien : les digues de quatre pieds de largeur à hauteur convenable pour contenir les eaux de la rivière et en empêcher le débordement. Le tout sans préjudicier au droit qu'à la prévôté de planter un rang de saules des deux côtés de la ditte rivière.

Les saules de la Selle
 
 
Les moines plantaient des saules sur les berges de la Selle, afin d'en assurer la solidité et la stabilité.
 
 

Avant la fin de son bail, le locataire devait mettre de l'engrais afin de préparer la terre pour le bail suivant : Les adjudicataires des terres des harengs des terres de l'église et des terres des pauvres seront tenus à mettre une voiture de bon fumier sur chacune pinte de leur portion, avant le commencement de la huitième année de leur bail. Ceux qui ne pourront prouver aux bailleurs par le certificat de la personne qui aura conduit le dit fumier, qu'ils ont rempli cette condition, seront obligés à payer aux Sieurs Mayeurs et échevins trois livres quatre sols pour défaut de chacune voiture, laquelle somme sera employée à bonifier la terre dans laquelle on aura négligé de mettre les engrais ici prescrits.

Au rendage s'ajoute le pot de vin : Les adjudicataires des portions prises dans les marecaux, les marais, les cingles et les terres des harengs outre leur rendage annuel, seront tenus de payer au moment de l'adjudication par forme de pot de vin le dixième d'une année de rendage à leurs portions. Le bled, pour cela seulement, sera estimé huit livres le mencaud.

Enfin signalons l'apparition d'un nouveau personnage dans la fonction de gestion et de trésorerie des biens de l'aumône : Le dit pot de vin sera employé à payer les frais ordinaires de ce passement, et le restant sera mis entre les mains du mambourg pour servir de décharge de la communauté.

Les harans (hareng)

Nous retrouvons le mot harans dans plusieurs documents, orthographiés de différentes manières. Mais que signifiait exactement ce mot ?

Y a t'il une analogie avec le hareng saur (sauret), poisson très apprécié au Moyen Age qui alimentait les populations pauvres et ouvrières ?

Le mot harang signifiait autrefois blé attaqué de la carie, est ce donc des terres de moins bonne qualité léguées aux pauvres ?

Je pense qu'il y a un peu des deux. Le revenu des terres devaient servir à acheter des harengs pour les distribuer aux pauvres et marquer le début du carême.

Le rendage de toutes les terres harangs seront payés chaque année comme il est dit dans la criée.

Premier royage des terres des harangs, s'ensuit les terres des harangs appartenant à la communautés d'Haspres, commençant par celles quels payent annuellement pour entrer en jouissance après la dépouille de l'année 1780 et de la en avant pour l'espace de neuf an routier et en faisant l'un l'autre et par portion selon que sera déclaré ci après sans être fournis à le livrer par corde ni mesure sont et ainsi quels se contiennent entre leur borne et limite à charge de par les marchands preneur de payer tout présentement vingt cinq sols à chaque portion pour les frais du présent recours comme d'ordinaire et quatre livres seize sols à la mencaudée pour pot de vin à charge par les marchants preneurs de bien et dûment cultivés et d'assemenser les dittes terres de bonnes et leal semence et de les fumer d'une plaine ou de demie fumer pendant le dit bail et d'en faire apparoir à la fin de leur bail et de ne pouvoir rendre les dittes terres en autruy main sans l'expret consentement de mes dits sieurs administrateurs à peine de privation et d'être repassé à leurs frais et folle enchères.

Premier royage des terres des harangs qui payent de trois ans en trois ans (extrait des dismes et terrage).

1° - Portion tenante au chemin de Saulzoir et à la piésente du marécaux, occupé par Pierre Chevalier et demeuré ferme à Pierre Chevalier, caution Pierre Cacheux
2° - Portion tenante à la précédente, occupé par François Devignes et demeuré ferme au dit Devignes
3° - Portion tenante à la précédente, occupé par Antoine Laumonier et demeuré ferme à Joseph Charles Lamortoise, caution Hugues Lamand.
4° - Portion occupé par Adrien Moreau, demeuré ferme à la veuve d'Adrien Moreau
5° - Portion tenante au chemin de Saulzoir, occupé par Pierre Havet, demeuré ferme à Jean Lecerf
6° - Portion tenante au chemin de Villers en Cauchies, occupé par Jacques Philippe Cellier, demeuré ferme audit Cellier
7° - Portion tenante à la précedente, occupé par Marc Antoine Laumonier, demeuré ferme audit Laumonier
8° - Contenant un boitteau et une verge et demie, faisant la dernière portion des dittes terre des harangs quels paient annuellement, occupé par Guillaume Joly, demeuré ferme a Alexis Charlet
9° - Portion tenante à la cense de devinage, occupé par Charles Raout, demeuré ferme a Nicolas Jacquemart, caution Belverge
10° - Portion tenante a quatorze muids de la cense de Fleury, occupé par Arnould Massart, demeuré ferme à François Louis Canonne
11° - Portion située sur le territoire de Saulzoir, occupé par Guillaume Joly, demeuré ferme à la veuve Guillaume Joly, caution Jacques Mereau.

Deuxième royage des dittes terres des harangs pour entrer en jouissance après la dépouille de l'an 1780

1° - Portion tenante à la couture de Fleury, occupé par Joachim Debève, demeuré ferme à Nicolas Jacques
2° - Portion vers le chemin d'Avesnes le Sec, occupé par Aubert Verin, demeuré ferme à Charles Vérin, caution Adrien Joly
3° - Portion tenante au bois d'Haspres, occupé par Jean Baptiste Bailleul, demeuré ferme à Michel Mereau, caution Adrien Mereau
4° - Portion tenante aux dix huit muids de la prévoté, occupé par Charles Raout, demeuré ferme à Pierre Bailleul, caution Jacques Boucly.

Troisième royage des terres des harangs :

1° - Portion tenante au chemin de Thiant, occupé par Pierre Charles Charlet, demeuré ferme à Isidore Belverge, caution Jacqmart
2°- Portion sur le territoire de Saulzoir, occupé par Eloi Delsautière, demeuré ferme à Louis Hisbergue, caution François Dautel
3° - Portion tenante à la chasse de Fleury, occupé par Arnould Massart demeuré ferme à Arnould Massart, caution Jean Baptiste Massart.

Haspres - Genealegrand
© 2017 - Olivier LEGRAND