Peu d'haspriens connaissent l'existance de la ferme de Rempsies à Ramousies, leggée il y a plus d'un siècle au bureau de bienfaisance (aujourd'hui le CCAS) par Charles Raoult. Pourtant cet héritage mérite que l'on s'y attarde un instant.
Ramousies est un petit village de l'Avesnois située sur l'Helpe Majeure à quelques kilomètres du Val Joly. Rempsies est une dépendance de Ramousises, située au nord-ouest à 800 mètres du centre du bourg, constitué de quelques maisons dont la plus importante est connue sous le nom de ferme de Rempsies ou ferme de la Tour.
Cette ferme fortifiée, aux allures moyenâgeuses, ne laissait pas insensible le promeneur ou l'amateur d'histoire.
Description de la ferme de Rempsies au temps de sa splendeur :
Un article de la voix du nord paru en 1953 nous donne une très bonne description de la ferme :
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Une charpente peu ordinaire : | ||
Rempsies comprend donc une vaste grange aux murs épais, qu'il est fort intéressant de visiter pour y admirer une charpente aux dimensions peu ordinaires. Les sommiers sur lesquels elle repose sont des troncs de chène assez grossièrement équarris, parfaitement conservés et dont l'épaisseur, à la base, est de plus de cinquante centimètres pour une portée d'une douzaine de mètres. Il existe assurèment dans nos forêts d'aujourd'hui fort peu d'arbres susceptibles de fournir des poutres aussi énormes. Leur âge est extrêmenent ancien, car l'existence de mortaises sans utilité démontre que ces troncs ont été employés auparavant dans une autre construction. La grange est pourvue, extérieurement à la ferme, d'une petite tourelle qui, accrochée aux vieilles murailles d'angle, devait faciliter la défense de cette partie du manoir. La cour que l'on atteint en passant sous une arche de pierre, à une forme rectangulaire. Elle est limitée par la grange, l'entrée, la maison d'habitation, les dépendances qui lui font face, et enfin par une grosse tour carrée. La maison proprement dite est construite en pierres du pays, assemblées sans ciment, par simple entassement et bloquage au moyen de coins en shiste argileux. Les armoiries qui surmontent les linteaux des portes portent des dates : l'une est 1771, l'autre serait antérieure : 1720 semble t'il. Quoi qu'il en soit, les murs, vieux à peu près de deux siècles, demeurent solides. Ils étaient percés de fenêtres étroites et peu nombreuses. Les occupants des dernières générations ont augmenté leur nombre. Les bâtiments d'exploitation, en vis à vis, sont moins anciens et paraissent avoir été reconstruits. | ||
Des murs d'un mètre | ||
Nous arrivons enfin à la partie la plus intéressante de la ferme : la tour. Il s'agit d'un donjon carré aux murs épais de plus d'un mètre, assemblés, comme ceux de l'habitation, sans aucun liant. Les pierres utilisées ayant une forme assez régulière et de dimensions peu importantes, ressemblant assez aux anciens pavés de nos routes. Elles sont remarquables pour leurs couleurs, allant du rose au jaune et au blanc. Elles sont, parait il, d'origine locale, ce qui étonne un peu, car la pierre propre à la région est la pierre dite "bleue", dure mais sombre de coloris et d'un aspect triste. Du pied de ce donjon, à l'intérieur de l'exploitation, part un escalier qui plonge à plusieurs mètres dans la terre. Sous une voûte de pierre on descend jusqu'à une sorte de cellule de petites dimensions, de chaque côté de laquelle se trouvent deux caveaux voûtés. Fait curieux, l'un de ces réduits abrite une fontaine où une eu claire et froide coule sans fin. La cave ainsi formée est précieuse aux herbagers, car elle est très saine et l'été le beurre n'y devient jamais mou. L'entrée du "rez de chaussée" de la tour est placée à un mètre cinquante de hauteur environ. On entre par là dans une salle voûtée également, mais cette fois avec la brique comme matériau. Quelques niches, une cheminée primitive. Un escalier de chêne torturé par le temps donne accès à l'étage. Cette partie de l'édifice est protégée par un toit pointu à quatre pans, vétuste. Il est certain que la tour est très ancienne puisqu'elle figure sur les aquarelles que le Prince de Croy fit de ses plus belles propriétés en 1600. Sa partie supérieure parait avoir été restaurée avec des briques en 1771, date lisible sur ce revètement. | ||
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Les conditions testamentaires de Charles Raoult :
Charles Raoult décède en 1878 sans descendance. Dans son testament, il a exprimé ses dernières volontés en désignant comme légataire universel le bureau de bienfaisance au grand dam de sa soeur et de ses trois nièces. Au terme d'un long procès, un premier lot des biens de Raoult est partagé entre les quatres héritières, tandis qu'un second lot, contenant la ferme de Rempsies et ses terres, est attribué au bureau de bienfaisance (ancêtre du CCAS).
Un héritage lourd a supporter :
Déjà en 1894, le conseil municipal fait état des travaux de grosses réparations à engagés d'urgence "à une ferme appartenant au bureau de bienfaisance située à Ramousies". Le coût s'élevant à 7.110 francs de l'époque.
Le temps à fait son oeuvre et les bâtiments n'attirent guère plus l'attention du promeneur. Il y a une quinzaine d'année des devis avaient été proposés pour la remise en état de la maçonnerie et des toitures, le total s'élevait à plus de 200.000 euros !
Quelques travaux d'urgences ont été réalisés, malheureusement l'échauguette à disparue, les charpentes et toitures en ardoises ont été remplacées par une toiture en fibro ciment, les murs s'effondrent et le portail d'entrée est endommagé.
Quel avenir pour la ferme de Rempsies :
De nos jours, le Centre Communal d'Action Sociale (CCAS) bénificie toujours des revenus du fermage. Toutefois avec le temps cet héritage est devenu une lourde charge à supporter. Dans cet état, la valeur de la ferme ne cesse de diminuer.
N'est il pas venu le temps de vendre la ferme au profit d'un projet qui pourrait générer des revenus plus importants et utiles au CCAS ?
Avant l'inscription de la ferme à l'inventaire des monuments historiques, ce qui impliquerait des dépenses supplémentaires, des solutions existent à n'en pas douter.
En mémoire de cet héritage, chaque année, le 14 septembre, les élus font dire une messe à la mémoire de Charles Raoult.
Sources utilisées :
- Archives Municipales
- Voix du Nord, 1953
- Carte Via Michelin
- Photos de Rempsies en 2003 Mlle TAVIAUX.