En ce début de siècle Louis XIV fort de ses précédentes victoires domine l'Europe. Cependant les batailles répétitives ont affaibli le monarque, laissant la France ruinée et son peuple dans une terrible misère.
Au sommaire :
» Bouchain encore assiégé
» Les prémices de la bataille de Denain
» La fin d'une époque
» Les calamités
» La tourmente révolutionnaire
» La guillotine
» La création de l'état civil
» La patrie en danger et l'occupation autrichienne
Dés 1701, une nouvelle coalition se forme au sujet de la succession d'Espagne. Le roi d'Espagne, beau frère de Louis XIV, mort sans enfant a légué tous ses états à Philippe d'Anjou, petit fils du roi de France. L'Angleterre voyant d'un très mauvais oeil l'installation d'un prince français sur le trône d'Espagne, décide la reprise des hostilités contre la France. Marlborough et le prince Eugène de Savoie à la tête des armées coalisés, battent nos troupes bien mal organisées et s'installent dans le nord du pays.
Cette situation amène de nouvelles contributions, comme celle faite à Haspres le 15 mai 1707 : Une contribution de guerre de 800 florins est levée sur Haspres et payée immédiatement entre les mains du Sieur Peters. Moyennant ce versement, il est délivré une sauvegarde pour la ville d'Haspres.
Le 15 septembre 1709, à lieu la terrible bataille de Malplaquet, opposant les troupes du Maréchal Villars à celles emmenées par Marlborough et le prince Eugène. Les pertes sont énormes dans les deux camps. Villars blessé au genou est battu. De nombreux blessés envoyés par le maréchal Boufflers se réfugient à Haspres.
Pour comble de malheur, l'hiver de 1709 particulièrement rigoureux va faire périr de froid et de faim beaucoup de monde.
La misère et les privations vont toucher aussi bien le paysan que l'homme de troupe. C'est ainsi qu'une certaine lassitude s'installe chez les alliés.
Récit de Maître Jean André Mabille avocat à Arras, sur la situation des troupes armées et des paysans avant le siège de Bouchain :
"...Le 6 (aout), nous partîmes par le carrosse de Paris à Valenciennes. A peine fûmes nous dans le faubourg, que nous vîmes les paysans se sauver en troupe, avec leurs effets, bestiaux, enfants, et tout ce qu'ils pouvaient porter ou emmener. C'était une désolation triste et lamentable. Nous avions pensé que les alliés, fatigués d'une si longue marche, n'eussent pas passé l'Escaut le dit jour six aout, mais, traversant le village de Naves, nous y vîmes plus de cent maraudeurs ennemis pleins de butin qu'ils avaient fait dans l'église et chez les paysans....Le carrosse alla au grand trot. Etant arrivé à Haspres pour rafraichir, un courrier nous dit que les hollandais avaient jeté des ponts sur l'Escaut, qu'il y avait trois ou quatre mille chevaux de passés, avec bon nombre de hussards qui n'étaient qu'à trois quarts de lieux de nous.
...Nous gagnâmes Valenciennes en toute diligence...Proche de la ville, nous rencontrâmes Mgr l'électeur de Cologne. Je lui dis la terreur où l'on était et que, selon les apparences, les alliés semblaient en vouloir à Bouchain. Le carrosse de Valenciennes à Cambrai, étant arrivé à Haspres, retourna avec nous à Valenciennes. A peine avais je sommeillé, que j'entendis un bruit épouvantable : c'était le corps d'armée de M. de Cogny, composé de dragons et de cavalerie, qui s'était jeté dans Valenciennes...."
Avesnes le Sec est d'abord occupé par les troupes de Villars, ou celui ci établit son quartier général. Puis c'est au tours de Marlborough de venir y établir son quartier général. Le comte de Tilly et son infanterie sont installés à Haspres. Afin de se protéger, les fantassins ont creusé des tranchées en dehors de notre village sur la route de Valenciennes. Sur la route d'Avesnes le Sec s'est installé la cavalerie et les dragons. L'artillerie à pris position entre Avesnes le Sec et le bois de lieu St Amand.
D'après Monseigneur Dehaisnes, les troupes étaient protégées par des retranchements venant en ligne droite des hauteurs de Villers jusqu'à la Selle et Haspres par le moulin Bulté".
Après une longue période d'observation, le 12 septembre 1711 les alliés assiègent Bouchain, où les français se sont retranchés. Le lendemain après plusieurs assauts, la place de Bouchain capitule. Villars est une nouvelle fois battu laissant ainsi les villages de l'Ostrevant dans une période d'extrême rigueur.
Les troupes alliées ont établi leur campement à Haspres. Les registres paroissiaux des baptêmes pour l'année 1711, nous fournissent quelques renseignements sur les différents régiments stationnés à Haspres. Les troupes alliées réunissent entre autre : l'armée de Hollande, le régiment des garde à pieds de Hollande, le régiment d'Albermarl, Régiment de la Leck, Régiment du Prince Royal de Prusse, Régiment du Prince Maximilien de Stesse, Régiment de Lauyder, Régiment de Hessel du colonel Rading.
L'hiver 1711 terminé, des mouvements de troupes reprennent un peu partout dans la région. Au mois de mai, les alliés passent l'Escaut pour venir s'installer du côté de Neuville et de Lourches. Eugène installe son quartier général à Haspres, qu'il quittera le 16 juillet.
récit de la bataille de Denain
Après leur défaite à Denain, les alliès se retranchent dans la place de Bouchain. L'infanterie française quant à elle s'installe dans les villages libérés. Deux bataillons du Limousin viennent établir leurs campement à Haspres. Villars vient également s'installer à Haspres. La direction du siège de Bouchain est confié au marquis d'Allègre. Après une attaque ciblée, la ville de Bouchain capitule le 18 octobre. La France était sauvée.
La paix entre la France d'une part, l'Angletere, la Hollande, la Prusse, le Portugal et la Savoie d'autre part, est signée le 11 avril 1713 à Utrecht.
Louis XIV meurt le 17 septembre 1715, il abandonne une France ruinée par les guerres.
"Depuis environ trente ans, vos principaux ministres ont renversé les anciennes maximes de l'état, pour faire monter jusqu'au comble votre autorité. On n'a plus parlé de l'Etat; on n'a parlé que du Roi et de son bon plaisir. On a poussé vos revenus et vos dépenses à l'infini. On vous a élevé jusqu'au ciel pour avoir effacé, disait-on, la grandeur de vos prédécesseurs, c'est à dire pour avoir appauvri la France entière, afin d'introduire à la cour un luxe monstrueux.
Cependant vos peuples, que vous devriez aimer comme vos enfants, meurent de faim. La culture des terres est presque abandonnée, les villes et la campagne se dépeuplent; tous les métiers languissent et ne nourrissent plus les ouvriers. Tout commerce est anéanti. Au lieu de tirer de l'argent de ce pauvre peuple, il faudrait lui faire l'aumône et le secourir. La France entière n'est plus qu'un grand hôpital désolé et sans provisions."
Fénélon, lettre à Louis XIV.
Le réseau des routes de poste va connaitre une vague d'expansion dans les années 1720 - 1740. Celui ci acquiert une physionnomie en étoile, symbole de la centralisation du pouvoir à Paris et à Versailles. C'est ainsi que l'année 1724, marque un tournant dans l'histoire de notre village. Une nouvelle route reliant Cambrai et Valenciennes doit être tracée et livrée à la circulation en 1725. C'est ainsi que l'ancienne chaussée romaine reliant les deux villes, traversant Rieux, Naves, Haspres, Monchaux et Famars devait être abandonnée. André Jurénil indique que pour payer les frais de construction de la route de Bouchain à Valenciennes, il fut perçu dès 1732 un droit de quinze patars à la tonne de bière dans la Châtellenie de Bouchain.
Le site de la bibliothèque historique des postes et des télécommunications http://www.bhpt.org/cartes/carte10118/TemplateWebPage.htm fournit un relevé des chemins de postes établi par Nicolas Sanson en 1632, dont voici un extrait.
Le 17 mai 1726 se produit à Haspres un térrible incendie, dans lequel habitants, bestiaux, 42 maisons avec plusieurs grands batiments sont détruits. A cette occasion une ordonnance de Monseigneur l'Archevêque de Cambrai fut publié recommandant la charité des fidèles.
Le 19 mai 1739, le droit d'octroi à percevoir sur les chariots, charrettes et chevaux qui passent sur les ponts et chaussées d'Haspres est prolongé de 20 années. (Voir chap : impôts avant la révolution)
Suite à un hiver rigoureux, le 22 janvier 1757, la crue des rivières de l'Escaut, la Sensée, la Scarpe et la Selle occasionne dans toute la châtellenie de Bouchain d'important dégâts. Haspres est la commune la plus touchée par ce sinistre. (Voir chap sur la Selle)
Le 9 août 1759, nouvelle prolongation de 20 années du droit d'octroi à percevoir sur les chariots, charrettes et chevaux qui passent sur les ponts et chaussées de la commune.
Au mois de juin 1768, 17 communes de la châtellenie de Bouchain sont ravagées par un orage de grêle d'une violence inouïe. Pour palier aux nombreuses pertes occasionnées, un arrêt du conseil du Roi accorde une somme de 9.654 livres de remise sur l'imposition a prendre dans celle des 56.737 livres accordées aux états de Cambrai.
Répartition des pertes par commune
Etat récapitulatif des pertes, réalisé par Louis Gabriel Taboureau, conseiller du Roi :
Paroisse | Evaluation des pertes | Montant de la remise | Nb terre endommagées |
Neuville | 22.882 l | 438 l 11 s | 562 menc |
Lieu St Amand | 14.470 l | 277 l 7 s | 421 menc |
Hordain | 14.540 l | 278 l 13 s | 430 menc |
Iwuy | 62.350 l | 1195 l | 1700 menc |
Noyelles | 28.149 l | 539 l 10 s | 623 menc |
Haspres | 58.800 l | 1127 l | 1438 menc |
Avesnes le Sec | 52.260 l | 1001 l 13 s | 1284 menc |
Villers en Cauchie | 45.073 l | 863 l 18 s | 1196 menc |
Rieux | 25.960 l | 497 l 11 s | 690 menc |
Escaudoeuvre | 20.565 l | 394 l 3 s | 550 menc |
Moncicourt | 20.029 l | 383 l 17 s | 304 rap |
Villers au Tertre | 9.663 l | 185 l 4 s | 185 rap |
Fressain | 16.008 l | 306 l 18 s | 315 rap |
Denain | 25.360 l | 486 l 11 s | 767 menc |
Thiant | 27.648 l | 529 l 18 s | 708 menc |
Douchy | 27.920 l | 535 l 3 s | 698 menc |
Escaudain | 32.000 l | 613 l 6 s | 800 menc |
En 1775, suite à l'augmentation des prix du pain des émeutes éclatent dans le Nord et l'Ouest de la France, cet épisode est appelé la guerre des farines.
Le 9 mai 1777, un ouragan dévaste plusieurs paroisses de la châtellenie de Bouchain. Les pertes et dégâts pour Haspres sont estimées à 1.917 livres.
Les inondations de 1784 causent 3397 livres de dégâts à Haspres.
Sous l'ancien régime, la société française est divisée en trois classes : le clergé, la noblesse et le tiers état (le reste de la nation). La noblesse et le clergé sont les deux classes les plus riches. La dîme et la taille écrasent le peuple. Les actifs sont ceux qui ont le droits de vote et donc peuvent infléchir la politique. L'aisance assure ce droit, la pauvreté l'interdit. Pour être citoyen actif, il faut acquitter une contribution directe au moins égale à la valeur de trois jours de travail.
La bourgeoisie, une nouvelle classe agitée par les penseurs des lumières, déterminée à prendre la place de l'aristocratie dans les arcanes du pouvoir va être le principal moteur de la Révolution Française.
Le peuple qui n'a pas lu Rousseau, Voltaire ni Montesquieu n'aspire pas a changer de régime politique. Il veut du pain pour nourrir sa famille, du lait pour nourrir ses enfants, des bougies pour s'éclairer et du savon pour se laver. Est ce si important pour le peuple de vivre sous la République plutôt que la Monarchie ? Pour le peuple, 1789 ne s'effectue pas pour les idées de liberté, égalité et de fraternité, mais par des revendications concrêtes portées par les enragès. A l'image de Jacques Roux Où peut être la liberté quand le besoin rend dépendant de tout, leurs fins est d'améliorer la vie quotidienne qui est faite de misère et de pauvreté, de faim et de froid, de chomage et de précarité.
Assemblées préliminaires aux états généraux :
En ce début d'année 1789, Louis XVI se prépare à convoquer les états généraux, afin de réformer la France : création d'une constitution, abolitions ds privilèges, liberté et égalité. Il demande à la nation (Sieyes la définie comme un corps associés vivant sous une loi commune et représentée par la même législation) d'exprimer ses voeux et doléances.
A Haspres la convocation qui suit ci-après est lue lors de la messe du 22 mars 1789 célébrée par l'abbé Pontois. A l'issue de la messe, l'affiche est placardée au portail de l'église.
Convocation de la commune
De la part, de Messieurs les Bailly, Mayeur et échevins de la Franche ville et prévôté le comte, tous les habitants composant le tiers état de cette paroisse, nés français ou naturalisés, âgés de vingt cinq ans, domiciliés et compris au rôle des impositions, sont avertis que pour obeïr aux ordres de sa majesté, portés par les lettres du 19 février 1789 et règlements y annexés, pour la convocation des états généraux de ce royaume, l'assemblée de cette communauté se tiendra en l'église paroissiale le mardi 24 de ce moi, neuf heures du matin, où tous les dits habitants seront tenus de se trouver pour assiter aux cahiers de doléances, remontrances, nommer des députés et opérer ainsi qu'il est prescrit par les dits ordres de sa Majesté.
Affiché aujourd'huy, 22 mars 1789, Signé LAGRUE
src : Fond Charles Laurent
Le nombre des délégués de chaque paroisse pour la rédaction des cahiers de doléances est proportionnelle à sa population.
Haspres la commune alors la plus importe de la Châtellenie (462 feux) élit cinq délégués : Pierre Joseph Hayoit de Termicourt, avocat au parlement et bailli d'Haspres, C.Raoult, A.Joly, PG.Lagrue et PF.Mercier.
Louis Pierre Joseph Hayoit de Termicourt, avocat au parlement, bailly de la Franche Ville et prévostée de Haspres. Conseiller du Roi, lieutenant général, civil et criminel du siège Royal des Villes et châtellenie de Bouchain.
Avesnes le sec (234 feux) élut trois délégués : A.Place, PH.Leroy et PH.Guilbert.
Iwuy (400 feux) élut cinq délégués : Charles Joseph Fievet, Pierre Philippe Larivière, Jean Baptiste Nielles, Jacques Tranois et Jean Baptiste Tranoy.
Bouchain (295 feux) élut quatre délégués : PA.Poncin, avocat au parlement, G.H.Dupuis, avocat au parlement, J.L.Béthune, conseiller, procureur du roi et P.Ch De Hault de Lassus, maire héréditaire de Bouchain.
Hordain (200 feux) : Ch.Desvignes et M.Desvignes, originaires d'Haspres.
Lieu Saint Amand (78 feux) : J.Peronne et J.Lempereur.
Neuville (80 feux) : P.J.Cantineau et J.J.Lavechin.
Denain (150 feux) : Quarré, mayeur et J.B.Faveau ou Foveau
Douchy (220 feux) : A.Gelain, CH.Bouchart et L.Taverne
Noyelle sur Selle (125 feux) : J.L.Horion et A.Chatelain
A propos des états généraux et du cahier de doléances - Lettres de Lenglet et Lebeau
"...Dans sa lettre du 18 avril celui ci raconte que l'on procéda la veille à Cambrai, à l'élection d'un député ecclésiastique pour les états généraux; le choix tomba su Martin Joseph BRACQ député du clergé du cambrésis, curé de Ribécourt; qui eut 97 voix sur 190, l'archevêque eut 86 voix."
"Comme les curés étaient beaucoup plus nombreux que les chapitres et les réguliers réunis, ils ont fait ce qu'ils ont voulu. On a fait mention de l'affaire du prieuré d'Haspres dans les cahiers de doléances; l'article 21 porte que les arrêts rendus du propre mouvement du Roi et concernant les propriétés ne puissent avoir lieu à l'avenir. Dans aucun cas et que celui surpris récemment à lareligion de sa majesté contre la prévôté d'Haspres soit incontinent révoqué. Le marquis d'Estournel a été élu par la noblesse, le tiers à choisi Monsieur Lambre, fermier à Boiry Notre Dame et fermier au cateau, il faudra leur faire la cour."
Une autre lettre de Lebeau (22 avril 1789), indique que l'on se plaint de la grande disproportion entre le nombre de curés et celui des députés des chapitres et communautés, les curés imposent ainsi leurs volonté.
src : Inventaire PDC - Prévôté d'Haspres
Les délégués de la châtellenie de Bouchain, de Condé, de Saint Amand et Mortagne, et ceux de la prévôté de Valenciennes se réunissent d'abord à Bouchain pour réduire les 63 cahiers de doléances en un seul, puis se retrouvent au Quesnoy.
Proces Verbal
L'an 1789, le 15 du mois d'avril à 8 heures du matin, par devant nous Marie Alexandre Bonaventure de Nédonchel, baron de Nédonchel, seigneur de Jolimetz, maréchal de camp, grand bailli d'honneur au bailliage du Quesnoy, à la requête du procureur du Roi, sont comparus en la grande salle de l'hôtel de ville du Quesnoy, les membres du clergé et ceux de la noblesse, et les députés du tiers etat, chacun dans les baillages .... lesquels se sont rendus à l'église paroissiale de cette ville pour y entendre la messe du Saint Esprit, solennisé par l'abbé d'Hasnon, président du clergé. De retour à l'hôtel de ville, les trois ordres ont pris place : celui du clergé à droite, celui de la noblesse à gauche, et le tiers état en face.
Les membres du clergé sont restés dans la salle, les nobles se sont retirés dans la salle de la gouvernance, et le tiers état dans la salle des Récollets où ils ont réduit leurs cahiers en un seul, et nommé députés aux états généraux.
La prévôté d'Haspres est mise sous séquestre
Les états généraux se réunissent le 4 mai 1789 à Versailles. Malheureusement les caisses de l'Etat sont vides et l'assemblée ne vas par changer grand chose, bien au contraire....
Des troubles éclatent partout en France. Le 14 juillet 1789, les parisiens s'emparent de la Bastille. Le 17 juillet la cocarde tricolore est adoptée par les révolutionnaires. Pendant cette période agitée Haspres reste calme.
Dans la nuit du 4 aout 1789, dite de la "grande peur", l'assemblée vote la suppression des droits féodaux.
La déclaration des droits de l'homme et du citoyen est adoptée le 26 aout 1789.
Le 2 novembre 1789, pour tenter de renflouer les caisses de l'état, l'assemblée nationale adopte la confisquations des biens de l'église et les transforment en biens nationaux. Sous l'effet de cette mesure, ce sont les bourgeois et une partie de la noblesse qui s'accaparent la majeure partie des biens nationaux.
Le 12 juillet 1790, la constitution civile du clergé est adoptée par un décret de l'Assemblée Constituante (suppression des voeux monastiques). Les curés et les évêques sont à présent nommés par l'état. Ils reçoivent un traitement et deviennent des fonctionnaires, et doivent prêter serment "à la liberté et à l'égalité". Les prêtes non assermentés sont qualifiés de réfractaires ou d'insermentés. A ce moment de l'histoire, l'assemblée constituante ne témoigne aucune hostilité envers la religion, cependant elle ouvre pourtant avec maladresse une crise grave.
Beaucoup de religieux s'opposent à ce decret, parmi eux l'abbé CARREZ, prête Cambrésien, natif d'Haspres et l'abbé Pontois curé d'Haspres. De nouvelles dispositions sont prises par le decret, notamment la transformation des biens ecclésiastiques en biens nationaux destinés a rembourser la dette publique.
Guillaume François CARREZ, fils de Arnould CARREZ et Catherine GAMBIER, né à Haspres le 26/02/1687, prêtre et chapellain de l'église métropolitaine de Cambrai (src AGFH).
Les déclarations des biens et des revenus sont exigés. Des inventaires vérifient les dires et préparent la vente au profit de l'état : l'expulsion des prêtes suivra bientôt. A Haspres les inventaires de la prévôté et de l'église ont lieu au mois de juillet 1791.
L'administration de la France est également réorganisé, le pays est divisé en 83 départements, eux mêmes subdivisés en districts ou arrondissements. Départements et districts sont administrés par un conseil élu et un directoire. Les districts sont divisés en Canton, et les cantons en communes administrées par des officiers municipaux et un maire élus. Le premier maire d'Haspres sera C.Raoût.
Les châtellenies en 1790 ont encore leur dénomination, cependant Bouchain a perdu toute sa puissance, et n'est plus châtellenie que le nom.
La population qui avait jusqu'alors peu réagi contre la nationalisation des biens du clergé et la suppression des ordres monastiques, prend cette fois fait et cause pour son curé. L'installation des "intrus", élus pour remplacer les réfractaires, donne lieu à des incidents un peu partout. A Haspres, la garde nationale fait du zèle, mais du zèle à rebours. Le procureur de la commune d'Haspres ne pouvant se faire obéir des gardes nationaux, qui molestent les religieux de la prévôté, est obligé de réclamer l'envoi incessant de quelques cavaliers de maréchaussée.
Devant cette situation qui prend mauvaise tournure, les habitants d'Haspres n'hésitent pas a reconnaitre les bienfaits matériels et moraux qu'apportent les moines de la prévôté.
Déclaration de l'abbé P.Pontois, curé d'Haspres et P.P.J.Limelette, vicaire d'Haspres :
Les indigents trouvent de grands secours chez les religieux de la prévôté; Les religieux distribuent toutes les semaines du pain, de la bière et de l'argent à un grand nombre de Pauvres; ils ont un soin particulier des malades, leurs fournissant les choses nécessaires pendant leurs maladies et leurs convalescences; ils sont les soutiens des veuves et des orphelins; ils concourent à la réfection des maisons défectueuses, et en bâtissent tous les ans pour les plus indigents; ils ont l'attention de faire distribuer du charbon pendant les hivers; ils fournissent chemises, draps et habillements à ceux qui en ont besoins; en un mot, leurs aumônes sont si considérables, que nos pauvres aujourd'hui sont dans la dernière consternations, craignant de se voir privés des charités ordinaires, connaissant qu'ils ont peu de bien à Haspres, et que le nombre de pauvres étant considérable.
src : BNF - 4 FM - 15104
Le 28 mai 1791, Delbauwe et Depingalle apposent les scellés sur les livres et l'argenterie de l'abbaye d'Haspres.
Le 21 juin 1791, Louis XVI et sa famille prennent la fuite. Reconnu au relais de postes de Sainte Menehould par Jean Baptiste Drouet, ils sont arrêtés à Varennes. Par cette attitude Louis XVI perd la confiance du peuple. Pendant un temps, l'assemblée sous l'impulsion des triumvirs fait croire a un enlévement.
Lors de la première scéance du corps législatif le 1 octobre 1791, les députés élus sont les représentants de la classe aisée. Ce corps n'est rien d'autre que l'émanation de la France possédante, soucieuse de se procurer l'obéissance des humbles.
Le 14 décembre 1791, Louis Marie de Narbonne prononce une bien étrange déclaration : La guerre est indispensable à nos finances, le sort des créanciers de l'Etat en dépend.
La guillotine allait être pendant toute cette période, le symbole le plus répandue de la propagande révolutionnaire. Elle fut inventé par le Docteur Joseph Guillotin, député de Paris à l'assemblée constituante, qui demandait la même mort pour tous les condamnés, ainsi que l'exécution en "un clin d'oeil", afin d'éviter les souffrances inutiles.
Des consignes d'utilisation sont écrites à la main
"Pour éviter que le tranchoir ne s'ébrêche, il faut avoir le soin de ne laisser tomber le mouton (*) de toute sa hauteur que pour l'exécution. Il faut aussi avoir l'attention, avant l'exécution, de décrocher la corde du mouton pour qu'il soit entièrement libre dans sa chute."
(*) Le terme "mouton" désigne la masse métallique du couperet.
L'échafaud allait faire de nombreuses victimes pendant toute la durée de cette période sanguinaire. D'ailleurs le symbole est poussé à l'extrême, même les statues sont décapitées, comme le montre la photographie ci dessus (église d'Haspres).
En 1792 les registres de l'état civil sont confiés aux mairies. Auparavant les curés tenaient les registres paroissiaux. Les prêtres avaient alors l'habitude d'y introduire des détails caractéristiques sur la vie et les personnes de l'époque. La lecture de ces registres paroissiaux est souvent pour les généalogistes amateurs source d'information abondante et instructive. Les actes étaient généralement rédigés en latin jusque la fin du XVII° siècle.
L'analyse de ces actes nous en apprend également beaucoup sur les différents métiers pratiqués par nos aieux.
La menace de guerre a pour but de ramener à la raison les patriotes qui s'égareraient dans des désirs d'émancipation trop éloignés de la pensée bourgeoise. La guerre n'est elle pas un moyen, par son besoin en hommes dans l'armée, de détourner le peuple de ses principales préoccupations. Ainsi, cette guerre va durer jusqu'au désastre de Waterloo en juin 1815.
Le 20 avril 1792, la France déclare la guerre à l'Autriche. Les frontières du Nord sont menacées. La guerre est déclarée sans que nous y soyons préparé. Robespierre déclare que tous les généraux sont suspects, ils regrettent tous l'ancien régime.
Le 30 avril 1792, les troupes françaises s'emparent de Quiévrain occupé par quelques chasseurs et ulhans autrichiens. Au mois de mai 1792, le maréchal Luckner établit son campement sur les hauteurs de Famars. Le 17 mai 1792, Bavai est attaqué par les autrichiens; mais les maréchaux Luckner et Rochambeau les repoussent.
Le 11 juillet 1792 l'assemblée législative déclare la Patrie en Danger.
La journée du 10 août 1792 marque la chute de la monarchie. Le 14 août 1792 des suites de l'agitation parisienne, le tribunal révolutionnaire est instauré. Les journaux d'opposition sont interdits. Le 20 août 1792, La Fayette passe à l'ennemi.
Le 2 septembre 1792 Danton déclare De l'audace ! Encore de l'audace ! Toujours de l'audace, et la France est sauvée.
Au lendemain de la bataille de Valmy, le 22 septembre 1792, la République est proclamée. Cette date marque l'an I de la première république Française. Le calendrier révolutionnaire efface le Christ au profit de l'origine des temps modernes. Avec la décade, le dimanche est supprimé et le jour de repos arrive maintenant tous les dix jours. Le suffrage universel est établi, cependant l'empressement de se rendre aux urnes est faible. La plus pard des élus sont des possédants.
Louis XVI accusé de trahison sera guillotiné le 21 janvier 1793. La convention est là pour donner à la France une nouvelle constitution, débarassée du roi.
Le 6 novembre 1792, l'ennemi est battu à Jemmapes.
L'ennemie est attendu à Valenciennes. Les grandes villes du Nord sont assiégées, de terribles combats ont lieu dans toute la région du Hainaut. Les Généraux Français pour tenter de dégager la place de Condé et de Valenciennes, regroupe leur cavalerie aux bords de la Selle dans les villages de Douchy, Haspres, Saulzoir, Villers en Cauchiers et Solesmes.
La France déclare la guerre à l'Angleterre le 1 février 1793.
Les riches détestent la révolution, et les pauvres manquent de pain. Le 8 février 1793, le maire d'Haspres, Jean Baptiste Bailleul, adresse au district de Valenciennes une demande de secours pour subvenir aux besoins de la commune qui compte 1400 pauvres, dont au moins 800 sont dans la plus grande misère.
Le 18 mars 1793, defaite de Neerwinden.
Au mois d'aout 1793, Haspres passe sous contrôle autrichiens.
De jeunes soldats sortent du rang et accédent en brûlant les étapes à de grands commandements : Jourdan, Pichegru, Hoche,.... Le 8 septembre 1793, victoire de Hondschoote.
Bataille d'Avesnes le sec
Le 12 septembre 1793, l'ennemie conduit par le général Clerfay quitte Bouchain pour rallier le Quesnoy. Français et Autrichiens vont s'affronter sur l'ancien chemin des postes près d'Avesnes le Sec. Les pertes Françaises s'élevèrent à 2000 morts, 1000 blessés, 1000 prisonniers, 18 pièces de canon, 2 obusiers et 9 drapeaux.
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Le récit de la bataille, dont l'auteur reste malheureusement inconnu. | ||
Le 12 septembre 1793, la garnison de Cambrai qui avait fait la veille une heureuse sortie, reçut ordre d'attaquer les autrichiens, campés à Avesnes le sec, à Villers en Cauchie, à Haspres, etc... afin de concourir avec les garnisons de Maubeuge et de Landrecies, à faire lever le siège du Quesnoy. On ignorait à Cambrai que la capitulation de cette ville était alors unfait accompli, elle avait eu lieu le 10 septembre. | ||
Les garnisons de Maubeuge et de Landrecies mieux informées ne firent aucun mouvement. C'est pourquoi la garnison et la garde nationale de Cambrai, renforcées par la garnison de Bouchain eurent affaire à des forces supérieures (10 escadrons de hussards autrichiens, les chevaux légers de Hinski et 2 escadrons de Nassau et Royal Allemand). | ||
Tandis que l'artillerie autrichienne, du haut du camp de César, écrasait l'aile gauche des Français, entre Iwuy et Lieu Saint Amand, le général Desclaye qui commandait la sortie, avait commis la faute d'engager ses pièces de canon dans la partie orientale la vallée de Calvigny. La cavalerie ennemie se précipita sur nos artilleurs qui se firent hâcher près de leurs pièces. | ||
En vain, là et ailleurs, nos troupes luttèrent avec courage, avec fureur, il leur fallut battre en retraite du côté de Bouchain, seule voie qui leur restat ouverte. | ||
Un certain nombre de curieux, de Lieu Saint Amand s'étaient avancés vers le chemin du cul tout nud ou de Rieux, pour voir de plus près ce qui se passait, mais un détachement de uhlans les enveloppa tout à coup et les força à conduire et a trainer des caissons, à rattacher des chaînes, à transporter des blessés etc.. | ||
L'un deux, Ambroise Lempereur, connu sous le sobriquet de Brouzé eut la jambe cassée au lieu dit les quatre à 3 saules. Il fut relevé vers le soir et resta boiteux toute sa vie. Cependant les villageois sauvaient leurs vaches de coté et d'autre. Notre aieul, pour se rendre compte de la direction qu'il devait faire prendre aux siennes invita son fils Henri, à monter dans le clocher, d'après ce qu'il découvrit elles furent conduites à Noyelles. Des abat-vent (du clocher) Henri vit les débris de nos troupes s'efforcer de gagner Bouchain. Deux colonnes de cavalerie ennemie, l'une vers Iwuy, l'autre vers Lieu Saint Amand, côtoyaient la multitude de fuyards. Tout à coup les têtes de colonnes, marchant l'une vers l'autre, se joignirent et se mirent à sabrer tous les Français qu'elles enveloppaient. Ce massacre achevé, elles reprirent vers Bouchain leur course vertigineuse, elles enveloppèrent un nouveau groupe de fuyards, qu'elles sabrèrent, comme les premiers; mais ils ne purent répéter une troisième fois cette sanglante manoeuvre, car l'artillerie de Bouchain se disposait à les mitrailler. | ||
De sept à huit mille hommes sortis le matin de Cambrai, il n'en restait guère plus de mille. La garnison de Bouchain avait perdu quatre pièces de canon et une forte partie de son effectif. Les jours suivants, les débris de la garnison de Cambrai y retournèrent furtivement en se glissant par la vallée de la Sensée, et à la faveur des ténèbres pour échapper aux ennemis. | ||
Outre cinq à six mille hommes, cette sortie nous avait valu la perte de cinq drapeaux et de quatorze pièces de canon. | ||
Desclaye, cité à la barre de la convention nationale, trois jours après, fut condamné comme traître et comme lâche, et guillotiné. | ||
A Iwuy, un grand nombre de morts furent mis en terre dans un champ nommé les treize. Vers Haspres, au chemin de Cambrai, une fosse commune reçoit la dépouille mortelle d'un certain nombre de morts. L'emplacement de ce charnier porte encore le nom de saloir. | ||
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Adélaïde d'Aubigné
Charles Laurent nous lègue ici une anecdote (non vérifiée) au sujet d'Adélaïde d'Aubignies ou plutôt d'Aubigné, fille du marquis de Maintenon, victime de la tourmente révolutionnaire. Cette grande dame vient échouer à Haspres, où elle met au monde une petite fille dont le parrain et la marraine seront des paysans restés fidèles à l'église et à la royauté.
Voici l'acte de naissance rédigé par le curé Pontois, reproduit depuis le second tome de l'oeuvre de Charles Laurent : "L'an 1793, le 26 novembre, fut baptisée Adélaïde Désirée Joseph, fille de dame Adélaïde d'Aubignies, fille du marquis de Maintenon, native de Senlis, qui s'est déclarée épouse légitime de Monsieur Nicolas de Montesson, né à Carentin en pays de Caux, Lieutenant Colonel au Régiment d'Orléans Cavalerie; fut parrain Jacques Antoine Désiré Diselers, fils de fermier de cette paroisse; marraine Agnès Joseph Massart, fille de fermier de cette paroisse, lesquels ont signé....."
Le 5 avril 1794, Danton est guillotiné. Désormais seul Saint Just et Robespierre sont à la barre de la République.
Haspres est libéré
En avril 1794, de nouveaux combats ont lieux dans le secteur d'Haspres, Avesnes le Sec et Villers en Cauchies. "Les Français, ayant chassé les autrichiens des positions qu'ils occupaient à Haspres, entrent dans la commune et la livrent au pillage; ils s'introduisent dans la maison de ville, y brisent toutes les ferrures et serrures dans le dessein de trouver de l'argent, et jettent tous les papiers dans les rues. Ils pillent également l'eglise, enlèvent les vases sacrés et jettent les hosties. Le même jour, le curé Pontois abandonne Haspres pour ne plus y rentrer".
Le départ des Autrichiens offre un sujet de discorde au sein de la population. Jacques Diselers est accusé d'avoir collaboré pendant l'occupation du village.
Une commission aux indemnités est constituée afin de dédommagé les citoyens des pertes occasionné par les autrichiens. Nous retrouvons la pétition présentée au directoire de Valenciennes d'un membre de la famille Massart
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Aux administrateurs du district de Valenciennes, 26 floréal an III (15 mai 1795) | ||
Le citoyen Arnould Massart (le frère de Jean Baptiste !), cultivateur de la commune d'Haspres vous expose que ayant beaucoup souffert de l'invasion de l'ennemie, il est réduit à la plus grande misère qu'il supporteroit encore avec patience s'il avoit les moyens de cultiver ses terres; mais les autrichiens lui ayant volè lors de leur retraite un superbe cheval, il est réduit a faire ses labours avec deux chevaux seulement. | ||
Pour comble de malheur il a été omis dans le tableau des pertes occasionnées par la guerre et il contoit sur la ressource des indemnités qui lui sont dues pour faire l'achat d'un cheval qui pourra l'aider à continuer la culture de ses terres. | ||
Il demande, Citoyens, que vous veuillez bien le faire insérer dans le tableau des pertes et lui faire toucher ses indemnités provisoires. | ||
Salut et fraternité, signé Arnould Massart | ||
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Maximilien Robespierre, tente d'imposer son idéal démocratique en remplaçant les croyances anciennes par un culte civique (culte de la raison) et des rites patriotiques. Le 8 juin 1794, se déroule la fête solennelle en l'honneur de l'Etre Suprême.
Robespierre est guillotiné le 28 juillet 1794.
A partir du 16 juin 1794, les victoires militaires s'enchainent, la paix devient concevable.
En septembre 1794, une commission militaire provisoire est constituée afin de juger les émigrés. Ces personnes sont accusés d'avoir tenu une conduite contre révolutionnaire et d'avoir accepté des fonctions sous l'occupation Autrichienne. Jean Baptiste LACOSTE chef de la répression ordonne ainsi de nombreuses arrestations. On compte parmi elles quelques Haspriens dont l'abbé PONTOIS.
L'émigration
Nous connaissons peu de chose sur les conditions de vie de nos concitoyens durant l'occupation autrichienne. Au mois d'octobre 1794, l'approche des troupes française entraine la fuite d'une partie de la population par peur de la guillotine.
Diselers et sa femme Augustine Lagrue accompagnés de leur famille quittent le térritoire d'Haspres.
Charles Vastra (*), son épouse et leurs trois enfants vont se réfugier à Saint Quentin. Jean Baptiste Massart émigre à Valenciennes. Toujours dans la série L3396, nous trouvons Hugues Joseph Taisnes, 26 ans, mulquinier à Haspres, réfugié à Gouzeaucourt.
(*) L3396 - Subsistance des réfugiés. Charles Vastra et sa famille recevrons un secours de subsistance de 2.060 livres.
Voici un autre document daté du 12 nivôse an II, intitulé "Etat des personnes réfugiés dans la commune d'Haynecourt, en rapport à l'invasion des féroces ennemie". Ce document indique la liste de trois familles d'Haspres, réfugiées à Haynecourt et à Gouzeaucourt. Un arrêté du 24 septembre an II, fixe un secours journalier pour subsistance des patriotes réfugiés dans le besoin.
Nom des hommes et enfants réfugiés de la commune d'Haspres | Age | Profession | Secours revenant à chacun chaque jour | Total des distribution pendant | Observations | |
Jean Hugue Brouta | 63 | Journalier | 1l 2s 6d | 270l | Tous les individus | |
Marie Joseph Moreau, sa femme | 46 | Journaliere | ci contre repris | |||
Marie Joseph Brouta | 26 | idem | 5s | 60l | sont arrivés dans | |
Marie Françoise Louvion | 17 | idem | 5s | 60l | notre commune | |
Sophie Joseph Louvion | 14 | idem | 5s | 60l | depuis le vingt cinq | |
Nicolas Denis Brouta | 5 | Enfant | 10s | 120l | de mai dernier | |
Hugues Brouta | 2 | Enfant | 10s | 120l | ||
François Moreau | 74 | Infirme | 110s | 360l | ||
Marguerite Collet, sa femme | 78 | idem | ||||
Théodore Mayeur | 32 | Gressier | 1l 2s 6d | 270l | ||
Aimé Joseph Dupont, sa femme | 25 | Journalière | ||||
Amélie Mayeur | 2 | Enfant | 10s | 120l | ||
Thomas Mayeur | 2 mois | Enfant | 10s | 120l |
Soit une somme totale de 1560 livres.
La séance publique du directoire du district de Valenciennes du 13 vendémaire an III (4 octobre 1794) relate les désagréments de Marie Agnes Béra veuve de Jacques Joseph Massart pendant cette période :
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Aux président et membres composant le directoire du district de Valenciennes. | ||
Marie Agnes Béra, veuve de Jacques Joseph Massart demeurant à Haspres, vous expose que sous le prétexte que Jean Baptiste Massart son fils est réfugié à Valenciennes, la municipalité d’Haspres a mis scellé sur les effets, et gardiens, de manière que l’usage de la maison et des meubles est interdit à la remontrante et qu’elle est obligée de demeurer chez un autre de ses enfants au dit Haspres. | ||
Il conste (il est évident) cependant de la pièce jointe et cela d’ailleurs est notoire que la remontrante a droit d’habitation dans la dite maison et quelle est propriétaire de ses meubles, par conséquent on ne peut ni ne doit l’en priver sous tel prétexte que ce soit, et ce qu’elle éprouve est une injustice que votre sagesse et votre équité fera cesser. | ||
D’un autre coté cette même municipalité d’Haspres a fait vendre les dépouilles de l’exploitation du dit Jean Baptiste Massart, il conste (il est évident) aussi de la même pièce jointe que la remontrante a sur lui un droit annuel de cent mencauds de bled pour raison des terres dont elle lui a cédé la jouissance, or si la municipalité prend l’avantageux elle doit faire face à l’onéreux et par conséquent payer le rendage de la remontrante, a ses causes elle s’adresse à vous. | ||
Citoyens : | ||
1° consideré il vous plaise ordonner à la municipalité d’Haspres de lever ses scellés et gardiens et reintégrer la remontrante dans sa jouissance de son habitation et dans sa propriété et jouissance de ses meubles. | ||
2° ordonner que la dite remontrante soit payée en nature des cent mencauds de bled qui lui sont dus pour la récolte dernière. | ||
Salut et fraternité, signé Marie Agnes BERA | ||
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En marge du document ci dessus, les commentaires du maire Jean Baptiste Bailleul (ce dernier se réfugira également à Bouchain) : "Il est a observer que la municipalité d’Haspres qu’au moment de l’arrivé du commissaire pour apposer les scellés dans les maisons des émigrés de notre commune nous n’avions aucune connaissance des affaires de Jean Baptiste Massart émigré, entre lui et de Marie Agnes Béra sa mère, nos avons été fort surpris d’y trouver la dite Marie Agnes Béra, dans la maison, attendu qu’il y avoit, environ quatre décadre qu’elle étoit emigré a nos yeux et quelle étoit aller rester à Valenciennes et que son fils Arnould Massart la envoyé rechercher par vu expret. Sitôt après l’évacuation des féroces autrichiens de notre commune, il est a prescrire que le toit a dessein de vouloir conserver son bien et ses meubles, et nous sommes fort surpris que des pareils sujets ont assez d’audace de se présenter par devant une administration républicaine, "
Dégâts de l'occupation Autrichienne
Le 24 octobre 1794, après 14 mois d'occupation, il règne à Haspres un climat de désolation, comme en témoigne cette lettre adressée par la municipalité d'Haspres aux citoyens représentants du peuple à Valenciennes. Celle ci mentionne les vols, pillages et autres rapines subis par les haspriens pendant l'occupation autrichienne. Les commerces sont anéantis, les habitants exténués manquent de tout, nombreux sont malades, les plus jeunes sont engagés au service de la république et les valides sont employés à labourer la terre à la main faute de chevaux.
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Haspres le 9 brumaire an III de la république française une et indivisible et triomphante : | ||
Nous maire et officers municipaux de la commune d'Haspres certifions et attestons à tous ceux qu'il appartiendra que les feroces autrichiens ont pris et enlevé une vache au citoyen Louis Béra natif de notre commune, par lequel il désiroit de pouvoir avoir une vache, pour remplacer celle que les tyrans lui ont enlevé. | ||
En foy de quoy lui avons délivré le présent pour lui servir et valoir au besoin. | ||
Signé Bailleul, maire | ||
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Liberté, Egalité, fraternité ou la mort, Haspres le 21 thermidor an II (8/08/1794) de la République Française, une et indivisible. | ||
Aux citoyens administrateurs composant le directoire du district de Valenciennes, séante à Bouchain. | ||
Le citoyen Jacques Louis D'haussy vous representent que le 10 messidor dernier sa voiture attelée de quatre chevaux, fut emmenée et enlevée par l'ennemi a son évacuation du térritoire de la République, étant à Denain. Mais ayant perdu l'espouir de pouvoir retrouver sa voiture et ses quatre chevaux, son domestique fut obligé de tout abandonner au bout d'un mois, attendu qu'on lui prenoit. Ses chevaux pour mettre a leur artillerie, | ||
En conséquence de ce il a recours a vous pour pouvoir avoir un dédommagement de sa voiture et de ses quatre chevaux, comme ayant été enlevé par la fureur de l'ennemi, et se trouvant sans chevaux et chariot pour pouvoir renfermer sa récolte. | ||
Signé Bailleul, maire | ||
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Insultes au conseil municipal
Le 19 janvier 1795 (19 nivôse an III), en séance publique du directoire du district de Valenciennes est jugée une affaire d'insulte entre les citoyens : Lecerf, Lestoile, Lussier et Lagrue. Cette affaire atteste le climat de tension et de suspicion qui règne au lendemain de l'occupation autrichienne.
Le nommé Lecerf qui remplit la fonction d'Agent National (l'agent national est nommé par le gouvernement pour surveiller les élus) a été interpellé afin de s'expliquer au sujet des insultes proférées à l'égard de la municipalité. Celui ci explique qu'il a été insulté et que pour toute réponse il a traité de coquin l'un des officiers municipaux, le motif : "Ceux ci l'ont accusé de s'y être rendu pour écouter ce qu'ils auroient dit sur la demande que leur feroient les autres compareurs, de la levée des scéllés chez eux.". Lecerf ajoute : "qu'il a observé que non seulement des individus de cette commune nouvellement mis en liberté levoient la tête pour narguer les patriotes."
La conduite de Lecerf est jugée indigne d'un fonctionnaire public par les administrateurs du directoire. Après avoir été arrêté, Lecerf a été provisoirement suspendu de sa fonction. La municipalité d'Haspres est chargée de prendre tous les renseignements possibles sur sa conduite politique et morale pendant l'invasion de l'ennemi et depuis que les républicains en ont purgé le térritoire et qu'il sera constitué un rapport général pour être déposé au secrétariat du district.
En mai 1795, la ferme de maugré et son marché de terre sont vendus aux enchères comme bien nationaux. En mars 1799, l'église est vendue également.
Pendant ce temps en Italie, un jeune Général au nom de Bonaparte va s'illustrer successivement à Montenotte, Lodi, Castiglione, Arcole, Rivoli,.... et remplir de nouveau les caisses vides de la France. Bonaparte se révèle alors un chef hors pair, il est tellement populaire qu'il devient pratiquement intouchable.