Scéllée dans le mur de notre église, une dalle de marbre noir porte les inscriptions suivantes : "Ci devant repose le corps de Guillaume de Lestoille vivant maistre de la poste de ce lieu décédé le 17 de mars 1692 agé de 70 ans. Priez Dieu pour son ame.
Il existait autrefois à Haspres une route (ne devrait on pas plutôt dire un chemin) reliant Cambrai à Valenciennes, qui passait par Naves, Villers en Cauchies pour arriver à Haspres par le vieux chemin de Cambrai.
Cette route se poursuivait ensuite vers Monchaux, Maing, Famars, Marly et Valenciennes. Elle portait également le nom de "Chemin des diligences" ou "chemin du pire", vraissemblablement dûe à son état.
Sa date de création remontrait au début du XIII° Siècle, sous la magistrature de Béatrix de Caullery (mariée au chevalier Gaubert) première mairesse connue de Villers en Cauchies.
En 1625, ce chemin porte le nom de "Chemin de Wallenchienne à Cambrai", puis en 1731 "Chemin d'Happe".
Les habitants de Villers en Cauchies le désignait comme le "chemin des sorciers" ou "de la nonnain". On y accédait de Villers par la route d'Avesnes le Sec et par le "Rio Thiery".
A l'époque il fallait trois jours pour se rendre de Paris à Haspres. Les relais de poste étaient distant entre eux de 4 ou 5 lieux. Le relais de poste aux chevaux d'Haspres se trouvait sur la grand place (actuel superette huit à huit), juste à coté de l'Auberge du canard. L'arrivée des voyageurs procurait toujours aux villageois une certaine curiosité et animation, ainsi que l'occasion de commercer avec eux.
Le site de la bibliothèque historique des postes et des télécommunications http://www.bhpt.org/cartes/carte10118/TemplateWebPage.htm fournit un relevé des chemins de postes établi par Nicolas Sanson en 1632, dont voici un extrait.
A voir également sur l'excellent site de Monsieur Georges Biron (Fanum Martis), l'article consacré aux chemins de poste : http://hanwide.unblog.fr
Le relais de poste d'Haspres se trouve sur la grand place, il est repertorié A315 sur le terrier d'Haspres de 1759 comme appartenant à la veuve Guillaume Lestoille.
Dans cours de la ferme ce trouve une pierre enchâssée datée de 1648. A quoi correspond cette date, pour le moment nous ne le savons pas.
En 1687, le maître des postes Royales est Guillaume de Lestoille (notre photo ci dessus), puis son fils François reprend l'affaire à la suite de la démission de son père.
Charles Laurent donne dans son tome 2 de la Franche Ville d'Haspres la copie de la lettre (9 mars 1687) accordée par de François Michel le Tellier(*), Marquis de Louvois, Grand Maistre des courriers et surintendant général des Postes, relais et chevaux de louage de France.
(*) François Michel le Tellier : appelé Louvois, descendant de Michel le Tellier III, seigneur de Chaville, secrétaire d'état à la guerre, nommé en 1677 chancelier, garde des sceaux de France par Louis XIV.
Lettre du marquis de Louvois accordant à François de Lestoille la fonction de maitre royale des postes - source Charles Laurent : François Michel le Tellier, marquis de Louvois et de Contenvaux, Conseiller du Roy en ses conseils, Commandeur et chancelier de ses ordres, Secrétaire d'Estat et des commandements de sa Majesté, Grand Maistre des Courriers et surintendant général des Postes, relais et chevaux et louage de France.
Savoir faisons, qu'estant bien et deüment informé des sens, suffisance, loyauté, prudhomie, expérience au faict des Postes, fidélité et affection au service de Sa Majesté de la personne de François de Lestoille, fils à iceluy, pour ces causes, avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes la poste d'Appe, vacante par la démission de Guillaume de Lestoille, son père, dernier pourvu de la dicte poste, pour jouir et user par ledit de Lestoille fils et d'oresnavant exercer la dite Poste d'Appe, aux honneurs, aventages, authoritez, prérogatives, prééminences, franchise, libertez, gages de neuf vingtz livres par chacun an et autres droits, fruits, profits revenus et émoluments audit office appartenans, tels et semblables qu'en jouyssent et doivent joüyr les autres Maistres des Postes du Royaume; et l'exemption entière de toutes tailles, Crües y jointes, Taillon, soldes des Prévost, des Maréchaux, Crües extraordinnaires des Garnisons et autres ordinaires et extraordinaires : ensemble de toutes charges publiques, Contribution et Logements de gens de guerre, et de tous autres et mesmes privilèges, franchises et exemptions dont jouyssent les Officiers Commençaux de la Maison du Roy, avec pouvoir et faculté de tenir à ferme et jouyr par ses mains de cent arpens de terre de labour, prez au vignes, non en ce compris les héritages à lui appartenans, suivant les Edits et Déclarations des mois de Novembre 1635, Décembre 1652, 19 janvier 1669 et 30 juin 1681, registrez ou besoin a esté : A condition que ledit De Lestoille fils fera bien fidellement et diligemment son devoir et le service de sa Majesté; que, pour l'exercice de ladite Poste, il sera monté de nombre suffisant de bons chevaux pour monter les Courriers, conformément à nos Réglements et Ordonnances : Et qu'il en fournira jour et nuit pour porter les courriers ordinaires avec leurs Malles et Despesches sans aucun retardement n'y exiger aucune chose d'eux conformément à l'Edit du mois de May 1630 ; a faute de quoy faire, Nous déclarons, dès â présent comme pours lors, ces présentes nulles sans qu'il soit besoin d'autres formalitez de Justice, que du simple refus que fera ledit De Lestoille de satisfaire audit Edit, auquel cas il sera par nous incessamment pourvu d'un autre en sa place.
Mandons et Ordonnons aux Maistres des Postes voisines de faire mener et conduire à l'avenir tous Courriers, tant ordinaires qu'extra-ordinaires, audit de Lestoille à la dite Poste de Appe pour y descendre et changer de chevaux, et de vivre ensemble comme frères, compagnons et bons amis, gardans bien d'y faire faute, sur peine aux contrevenans d'être dépossédez de leurs charges. En témoin de quoy, Nous avons signé ces présentes de Nostre main, fait contresigner par l'un des trois commis à Nostre Surintendance, et contrôleur général des disctes Postes et à icelles apposer le cachet de nos Armes.
A Versailles, le 9° jour mars 1687.
signé : LOUVOIS.
En 1725, une nouvelle route reliant Cambrai à Valenciennes est construite, elle provoque le transfert du relais de la poste d'Haspres vers Bouchain. Cette "déviation" allait causer petit à petit le déclin de notre village......
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Cette enseigne datée de 1726 a été retrouvée non loin de l'ancienne poste chevaux. Elle atteste le fonctionnement du relais quelques temps encore après la déviation sur la nouvelle route. | |
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Lors d'une délibération du conseil municipal de Valenciennes, en 1874, le maire expose l'avantage qu'il y aurait pour sa ville et pour les autres communes à faire revivre l'ancien chemin de Valenciennes à Cambrai, en le classant comme chemin vicinal d'intérêt commun. Cette voie se souderait dans le faubourg de Paris au chemin des planches, traverserait la rivière Sainte Catherine pour gagner directement le faubourg de Cambrai, et de là se dirigerait directement sur Iwuy en passant par Maing, Monchaux, Haspres et Avesnes le Sec. La dépense à effectuer pour remettre cette voie en bon état n'est pas trop importante, car elle est déjà en partie pavée.