L'abbé Pontois
 
 

En septembre 1794 après avoir chassée les Autrichiens, l'armée Française entre dans Valenciennes. Elle compte dans ses bagages trois représentants du peuple nommés par la convention : JB.LACOSTE, BRIEZ et Roger DUCOS.

"Les villes qui momentanément avaient échappé à la terreur par l'occupation étrangère devaient, après leur libération en retrouver avec usure toutes les rigueurs."

Aussitot LACOSTE ordonne de procéder dans les communes du Valenciennois, aux arrestations de tous ceux qui auraient rempli des fonctions civiles, judiciaires, militaires pendant l'occupation Autrichienne. Parmi eux le curé d'Haspres est arrêté, il est guillotiné le 19 octobre 1794 sur la grand place de Valenciennes.

Pierre Joseph Pontois est né à Valenciennes le 17 novembre 1746. Séminariste à Cambrai, il est ordonné prête avec dispense d'âge en 1770. Il est aussitôt nommé vicaire d'Estain, et l'année suivante vicaire de Saint Nicolas à Valenciennes. En 1782, il arrive à Haspres ou il est nommé en remplacement de l'abbé Nonclercq.

L'abbé Pontois s'installe donc à Haspres à côté de la communauté religieuse de la prévôté (L'abbé Pontois fait partie du clergé séculier, c'est à dire qu'il vit au milieu de ses concitoyens et non comme les moines qui eux font partie du clergé régulier). En 1789 la révolution éclate, toutefois Haspres reste calme. Le 12 juillet 1790, l'assemblée nationale vote la constitution civile du clergé, les prêtres qui refusent de prêter serment sont alors appelés "prêtres refractaires ou insermentés". L'abbé Pontois, ainsi que de nombreux prêtes des villages environnants refusent de prêter serment.

En 1791, la prévôté est mise sous séquestres, devant les évenements de plus en plus menacant, les moines de la prévôté craignant les represailles révolutionnaires se rendent Vicoigne.

Le 15 juin 1791, une lettre du procureur général du district de Valenciennes est adressée en ces termes au curé Pontois et à son vicaire Limelette : "ils cherchaient à troubler et soulever le peuple, qu'on agirait contre eux, s'ils ne se comportaient pas avec toute la prudence qu'on doit attendre de bons citoyens."

Le 26 aout 1792, suite à un nouveau décret, l'abbé Pontois qui a refusé de prêter serment doit quitter la France dans les quinzes jours sous peine d'être arrêté et emprisonné. Celui ci quitte Haspres pour la Belgique et est remplacé par un curé assermenté nommé Jacques BAILLEUL.

La lutte anti cléricale bat son plein : le calendrier révolutionnaire devient obligatoire, remplacement du dimanche par le décadi (*); on rebaptiste le nom des rues et de certains villages, afin d'éffacer toute trace de l'ancien régime. La terreur atteind son apogée avec l'arrivée de Joseph LEBON à Cambrai.

(*) Décadi : Les semaines de 7 jours sont supprimées et remplacées par des décades (3 décades par mois) composées chacunes de 10 jours nommés : primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, octidi, nonidi, et decadi. Arrivé au douzième mois (Fructidor) on ajoute 5 jours (sans culottides) afin de totaliser 365 jours. Cependant avec le remplacement du dimanche par le décadi, il est de toute évidence que les citoyens refuseront de travailler 9 jours au lieu de 6.

Le 10 aout 1793, Jacques BAILLEUL doit fuir devant l'invasion Autrichienne. L'abbé Pontois revient à Haspres et reprend son ancien Poste. Il va ainsi exercer le culte et signer les actes de baptêmes jusqu'au 17 avril 1794. Devant l'arrivée de l'armée Française, les Autrichiens quittent le village. Les Républicains entrent alors dans Haspres et se livrent au pillage et arrêtent l'abbé Pontois accusé d'avoir exercé le culte sous la protection de l'ennemi.

L'oeuvre de LACOSTE va alors commencer dans la région de Valenciennes. Le procès a lieu le 18 octobre 1794, sans aucune surprise l'abbé Pontois est accusé comme emmigré rentré. Le lendemain : Dom François DUBOIS - chartreux de Valenciennes, MABILLE de Taisnières sur Hon - curé d'Onnaing, GOSSEAU de Valenciennes - chanoine et curé de Saint Géry, Le père AUCHIN - curé de Curgies, MALAQUIN de Bermerain, curé d'Escarmain et Pierre Joseph PONTOIS montent sur l'échafaud pour être éxécutés.

L'hécatombe devait prendre fin au début de l'année 1795.



Haspres - Genealegrand
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