Haspres retrouve sous l'empire une paix toute relative. En effet depuis que la route Cambrai - Valenciennes a été detournée par Bouchain, le bourg d'Haspres jouit d'une certaine tranquilité.
Bien entendu notre village va fournir à la Grande Armée son lot de conscrit, mais Haspres reste éloigné des champs de batailles. Il faut attendre la chute de Napoléon en 1815, et la défaite de Waterloo pour voir le retour de l'occupant à Haspres.
Au sommaire :
» Le Premier Empire
» La seconde restauration
Soldats de la révolution et du Premier Empire
La France sort térriblement meurtri du chaos révolutionnaire, et les coalitions se succédent pour tenter d'enrayer le courant révolutionnaire Français. Le directoire se montre incapable de surmonter les difficultés auxquelles il se heurte et mécontente les Français. Pendant ce temps le Général Bonaparte à la tête de l'armée d'Italie remporte de brillantes victoires à Lodi, Arcole, Rivoli et oblige l'Autriche à signer le traité de Campo Formio en 1797.
Bonaparte menace le pouvoir coloniale de l'Angletterre en organisant la campagne d'Egypte en 1798. Malheureusement cette campagne ne se déroule pas comme prévue et la France est de nouveau menacée sur ses frontières par l'Angleterre, l'Autriche et la Russie. Bonaparte quitte l'armée d'Egytpe et regagne la France en hâte. De retour à Paris et fort de sa popularité acquise, il s'empare du pouvoir le 18 brumaire (9 novembre 1799) et met fin à la révolution. Le consulat est proclamé.
Pendant la période consulaire la France va subir de profondes réformes encore en vigueur aujourd'hui : l'administration est centralisée, le concordat est signé en 1801, le code civil est promulgé, les maires sont nommés (le premier maire d'Haspres sera Monsieur Raoult), la banque de France est créée, etc....
Le culte ainsi réabilité en France, les églises sont reconstruitent peu à peu.
Au maire d'Haspres d'écrire le 27 floréal an X (1802) au Prefet : "J'ai fait publication de la proclamation des consuls, relative aux cultes et du concordat conclu entre le gouvernement français et le souverain Pontife de l'église catholique. Le tout fut reçu aux acclamations de tous les habitants de cette commune."
L'abbé Leleu est nommé à Haspres le 9 Pluviôse 1804.
Profitant de sa popularité et des succès remportés par ses généraux lors de la seconde campagne d'Italie, Bonaparte se fait proclamer Empereur le 18 mai 1804.
Napoléon passe à Bouchain pour la première fois le 31 aout 1804, venant d'Arras et se rendant à Aix la Chapelle. Il traverse la ville décorée en son honneur et reçoit les compliments des autorités de la ville.
La vie économique tente de se développer malgré le blocus continental, l'agriculture est encouragée (notamment la culture de la bettrave utilisée pour produire du sucre) et l'industrie se modernise avec l'arrivée des machines. Hélas les coalitions se reforment et la guerre va reprendre dans toute l'Europe. La Grande Armée remporte d'éclantes victoires : 1805 à Austerlitz, 1806 à Iena, 1807 à Eylau et Friedland, 1809 à Wagram.
Malgré la guérilla Espagnole, Napoléon est en 1810 le maître incontestable de l'europe.
L'Empereur en mal d'héritier cherche comme il le dit lui même un ventre. Après avoir renvoyé l'Impératrice Joséphine (qu'il aimait encore), conjugant amour et politique, il épouse en 1810 l'Archiduchesse Marie Louise, fille de l'Empereur d'Autriche. De leur union nait Napoléon II plus connu sous le nom de Roi de Rome.
Pour la seconde fois le 29 avril 1810, Napoléon accompagné de Marie Louise passe à Bouchain, venant de Paris pour se rendre à Bruxelles. Pour l'occasion toutes les sociétés des environs sont convoquées. Les canonniers d'Haspres sont là en grande pompe. Napoléon est radieux. La population est massée le long de la route et pousse des "Vive l'Empereur" au passage du cortège.
En 1812, Napoléon déclare la guerre à la Russie qui refuse d'appliquer le blocus continental. La Grande Armée s'enfonce dans la plaine Russe, et après la bataille de la Moskowa arrive à Moscou. Les Russes refusent le combat et incendient leur capitale. L'armée Française doit battre en retraite en plein hiver. Nos soldats périssent par milliers, c'est une véritable hécatombe.
En 1813, Prussiens et Autrichiens reprennent les armes, et battent Napoléon à Leipzig. Les armées ennemies arrivent sur le bord du Rhin. En 1814, la France est envahie ! Napoléon remporte tout de même de brillants succès pendant cette campagne. Hélas il doit abdiquer une première fois à Fontainebleau et est exilé sur l'ile d'Elbe.
Louis XVIII effectue un bref retour en France (première restauration), car en mars 1815 Napoléon et une poignée d'homme s'echappe de l'ile d'Elbe pour débarquer à Golf Juan. Il regagne Paris aux cris de "Vive L'Empereur". L'Angleterre vigilente ne laisse pas le temps à Napoléon de reorganiser son armée, et regroupe ses troupes en Belgique. Napoléon décide de les attaquer. Après de violents combats et malgré les prodiges des vieux grognards, Napoléon est définitivement battu à Waterloo. Il abdique pour la seconde fois.
Waterloo n'a rien fait, et est resté à 1/2 lieue de l'action. Mont Saint Jean a été canonné, Hougoumont a été brûlé, Papelotte a été brûlé, Plancenoit a été brûlé, la Haie Sainte a été prise d'assaut, la Belle Alliance a vue l'embrasement des deux vainqueurs; on sait à peine ces noms, et Waterloo qui n'a point travaillé dans la bataille en à tout l'honneur. (Victor Hugo, les misérables)
Waterloo, si l'on se place au point de vue culminant de la question, est intentionnellement une victoire contre révolutionnaire. C'est l'Europe contre la France [.....] c'est le 14 juillet 1789 attaqué à travers le 20 mars 1815, c'est le branle bas des monarchies contre l'indomptable émerite française. Etendre enfin ce vaste peuple en éruption depuis 26 ans, tel était le rève. Waterloo porte en croupe le droit divin. (Victor Hugo, les misérables)
Au lendemain de la défaite, Haspres et sa région est traversé par des lambeaux de troupes épuisées et meurtries. L'empire est terminé, Louis XVIII fait une nouvelle fois son retour sur le trône de France.
Le 26 juin 1815, Louis XVIII arrive à Cambrai où il reçoit les députations des communes du Cambrésies venues lui présenter leur soutien.
Le 20 novembre 1815, l'Angleterre, l'Autriche, la Russie signent avec la France un traité de paix. Pendant les négociations il fut en autre question de démanteler le Nord et d'annexer au Royaume des Pays Bas quatres places fortes : Lille, Maubeuge, Valenciennes et Condé.
Afin de s'assurer de la bonne exécution des termes du traité, les alliés prennent position dans plusieurs villes de la région. Haspres d'abord occuper par les Prussiens, voit arriver ensuite un détachement Russe du Général Worozoff. L'occupant loge directement chez l'habitant, mais très vite Les Haspriens las de cette situation, prennent la résolution de construire une caserne pour les y loger.
C'est ainsi que le batiment que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de l'école des filles ou encore salle du temps libre fut construit. Les matériaux utilisés furent ceux de la grosse tour que l'on peut observer sur les aquarelles de Croy.
Les soldats Russes allaient abreuver leur chevaux près de la fontaine, et selon leur coutume ils profitaient de la Selle pour s'y baigner, même en plein hiver. Cet endroit du village fut baptisé quartier des houzards (cadastre de 1851) en témognage de l'occupant Russe.
L'occupation alliée s'achève en septembre 1818 par de grandioses cérémonies. Le 21 septembre arrivent à Valenciennes l'Empereur de Russie, le Roi de Prusse et le Prince Royal des Pays Bas. D'ailleurs à cette occasion le Duc de Wellington passant par Haspres, se serait arrêté à l'auberge du Canard pour s'y désaltérer. (src Charles Laurent)
Les manifestations s'achèvent par des revues militaires et une grande manoeuvre dirigée par Wellington. Les opérations se déroulent dans la plaine entre les villages de Saulzoir, Haspres, Montrécourt, Verchain, Monchaux, Bermerain, Capelle, Querenaing, Maing et Famars.
Ainsi s'achève en 1818, une page d'histoire à Haspres. Il faudra attendre le premier conflit mondial un siècle plus tard pour voir une fois de plus notre village sous le joug de l'occupation ennemie.