A la fin de la seconde république Haspres est l'un des plus gros bourg de la région avec plus de 3000 habitants. Bien que notre commune ne soit pas directement concernée par l'exploitation minière, la démographie se maintient. Alors comment vie t'on à Haspres pendant cette période encore peu étudiée ?
Au sommaire :
» Denain, chef lieu de canton ?
» Louis Arthur HUSTIN
» Napoléon III
» L'empire est proclamé
» Le choléra
» La fête nationale
» Le petit prince
» Attentat raté
» Etablissement d'un marché à Haspres
» La campagne d'Italie
» Soldats du second Empire
» La guerre de 1870
» Pendant ce temps là à Haspres
La révolution de 1848 renverse définitivement la monarchie et proclame la République. Le prince Louis Napoléon Bonaparte est élu alors élu premier président de la république. Pour fêter la naissance de la nouvelle république, des "arbres de la liberté" sont plantés un peu partout en France. Ainsi le 16 avril 1848, une cérémonie est organisée pour l'occasion et l'arbre de la liberté est planté dans le carré situé à la pointe du pont de la place du moulin.
En 1850 le conseil municipal ne voit pas d'un très bon oeil l'érection d'un nouveau canton dont Denain serait le chef lieu. Ce sujet fait débat lors des réunions du conseil et l'on observe un vif intérêt à conserver Bouchain comme chef lieu de canton.
Le conseil municipal : "reconnait qu'il serait avantageux que la commune de Denain en raison de sa population, de ses différents genres d'industries et de sa communication par un embranchement sur Somain avec le chemin de fer du Nord, acquit une nouvelle importance en devenant chef lieu de canton; C'est pourquoi il a été favorable au projet de division sur lequel il a été autrefois appelé a donner son avis, mais considérant l'importance de Bouchain comme place de guerre, sa position géographique au centre du canton, contrairement à Denain qui est à l'extrémité. Le conseil verrait avec peine la ville de Bouchain privée de son titre de chef lieu de canton, en conséquence, vu le projet de division, il émet le voeu que le chef lieu de canton soit conservé en cette ville."
Rapport présenté par Monsieur Vallon, prefet au Conseil Général - 1864 :
Denain - Erection en chef lieu de canton
J'ai fait compléter l'instruction de la nouvelle demande présentée par la ville de Denain pour obtenir son érection en chef-lieu de canton , soit par la division du canton de Bouchain , soit par la translation du siège de la justice-de-paix et je mets sous vos yeux toutes les pièces de l'affaire.
En ce qui concerne la division du canton , les termes de l'avis de la section de législation du Conseil d'État, avis partagé par LL. EE. M. le Ministre de la Justice et M. le Ministre de l'Intérieur, ne laissent place à aucune démarche utile si l'on considère surtout que de nouveaux chemins de fer et notamment celui qui va relier la ville de Denain à la station de Lourches et la mettre ainsi à quelques minutes de Bouchain , ont rendu les communications avec le chef-lieu plus faciles qu'elles ne l'étaient déjà ; et ainsi que les affaires du canton au lieu d'augmenter diminuent sensiblement, comme les relevés de 1861 à 1863 le constatent.
Reste la question de la translation du chef-lieu à Denain. On en peut nier assurément l'importance de cette ville , mais vous apprécierez , Messieurs, si cette translation serait convenable au préjudice de Bouchain , en possession de sa justice-de-paix dès l'origine, siège d'une châtellenie pendant plusieurs siècles et dont les rapports d'affaires avec les autres communes sont tellement entrés dans les habitudes que , sauf la commune d'Escaudain et les communes placées au-delà de Denain, les communes qui semblent comme Lourches, Neuville-sur-l'Escaut, Roeulx, Haspres et Abscon avoir un intérêt direct à une réunion à Denain, ont cependaut demandé dans l'enquête à ce que, dans aucun cas , elles ne fussent séparées de l'ancien chef-lieu.
En somme, 7 communes seulement (y compris Denain) sur 21 dont se compose le canton , ont donné un avis favorable à la translation; et ces modifications de canton amenant toujours des perturbations d'habitude et d'intérêts graves , vous penserez sans doute avec les organes de la justice et le Conseil d'arrondissement de Valenciennes qui s'est prononcé à sept voix contre une, qu'il n'y a pas lieu de donner suite au projet de déplacement de la justice-de-paix de Bouchain.
Le sujet revient en délibération du 12 juin 1882. Les conseillers municipaux de denain proposent un nouveau découpage. Le canton de Denain serait composé des communes de Denain, Escaudain, Haveluy, Helesmes, Wavrechain sous Denain, Abscon, Lourches et Douchy. Ce qui porte le nombre d'habitant pour ce canton à 34087, alors que le canton de Bouchain n'en contiendrait que 17339 habtitants.
La réaction du conseil municipal d'Haspres est sans appel "Ainsi d'un trait de plume, les conseillers municipaux de Denain décapitent non seulement Bouchain, mais ils en font un des plus petits canton de l'arondissement de Valenciennes."
Denain deviendra chef lieu de canton en 1886.
Le 25 août 1850, né à Haspres Arthur Louis HUSTIN. Ce personnage méconnu des haspriens deviendra secrétaire de Jules Ferry et recevra de nombreuses distinctions pour ses qualités d'homme de lettres.
En pleine apogée de l'Empire, sa Majesté la Reine de Hollande (Hortense de Beauharnais) met au monde le 20 avril 1808, un prince que l'on appelle Charles Louis Napoléon Bonaparte : Charles comme son grand père, Louis comme son père et Napoléon comme son oncle le fondateur.
Louis Napoléon prend rapidement partie pour la cause révolutionnaire et élabore plusieurs conspirations aux dénouements malheureux. Exilé en Angleterre, il décide de passer à l'action en août 1840 en pleine année commémorative du retour des cendres de son oncle.
Marx dira de Napoléon III : Tous les grands événements et personnages historiques se répétent pour ainsi dire deux fois : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme une farce.
Il débarque à Boulogne pour tenter d'en soulever la garnison. Mais à l'image de ses précédentes tentatives : il échoue ! Louis Napoléon est arrêté et condamné à perpétitué. Emprisonné au fort de Ham, il réussit à s'évader après six années de purgatoire.
Le 23 février 1848, le peuple Parisien s'insurge : Louis Philippe est détroné. Un gouvernement provisoire s'installe et le 10 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte est élu avec près de trois quarts des voix premier président de la République Française.
Très vite Louis Napoléon engage des réformes économiques et sociales, mettant ainsi la France sur la voix de l'industrialisation.
Devant la division des partis politiques et craignant un retour des monarchistes, Louis Napoléon Bonaparte renverse la république par un coup d'état le 2 décembre 1851.
Une nouvelle constitution est alors élaborée et le 9 mai 1852, le conseil municipal d'Haspres réuni sous la présidence de Pierre Joseph Morelle maire par intérim prononce la formule du serment : "Je jure obeissance à la constitution et fidélité au président."
Le 9 octobre 1852, sous la présidence du maire Domitien Morelle, le conseil municipal d'Haspres : "a émis le voeu que le Prince président, sauveur de notre chère France, par son acte courageux du 2 décembre 1851 soit proclamé Empereur des Français, et lui adresse les félicitations les plus sincères de ce que la providence l'a sauvé de l'attentat tramé contre ces jours, lors de son passage à Marseille le 26 septembre dernier, par quelques debris de ces hommes barbares que la générosité du Prince à fait mettre en liberté lorsqu'il pouvait les exclures pour toujours de notre territoire."
Le 7 novembre 1852, par un sénatus consulte Louis Napoléon rétablit la dignité Impériale et devient NAPOLEON III. "L'Empire c'est la paix" disait il alors... Malheureusement le Second Empire sera une suite de guerre, coûteuse en vie humaine.
Désireux de donner la stabilité et une succession à son Empire, Napoléon III épouse en janvier 1853 Eugénie de Montijo fille du comte de Téba. A Haspres le conseil municipal se manifeste ainsi : "Sire, Vous avez écouté les voeux de la France, l'union que vous contractez assure désormais son repos. La France reconnaissante, accorde déjà ses sympathies a celle que vous avez choisie et dont la seule ambition est de partager avec vous Sire, l'amour et l'estime du peuple français. Le conseil municipal d'Haspres, ne veut pas rester étranger à la manifestation nationale qui se prépare, il s'empresse d'adresser à votre majesté impériale l'expression de sa reconnaissance pour l'acte important qu'elle vient d'accomplir et auquel elle a donnée un caractère de patriotique grandeur. Le conseil saisi avec bonheur, Sire, cette occasion de renouveller à votre majesté impériale, la respectueuse assurance de son profond dévouement."
Le 23 septembre 1853, l'Empereur et l'Impératrice se rendent à Valenciennes, pour l'occasion des festivités sont organisées un peu partout dans la région.
Nous savons qu'une pandémie de choléra a durement touchée la France en 1854. Haspres a t'il été touché ? Il semblerait que non. Cette question est très intéressante, car aujourd'hui nous ne savons pas expliquer la hausse démographique que notre village a connu sous le Second Empire.
Napoléon III est un homme proche du peuple et généreux envers lui. Ainsi à l'occasion du 15 août, dans chaque ville et village de France a lieu une double célébration : celle de l'Assomption bien sûr, mais également la Saint Napoléon (en mémoire de la naissance de Napoléon I) véritable fête nationale sous le Second Empire.
Napoléon III attache une attention très particulière aux gestes de charité effectués le jour de la fête nationale. Ainsi le 12 août 1855, on relève dans le registre de délibération : "Domitien Morelle, maire donne connaissance de la circulaire de Monsieur le prefet, en date du 4 août 1855 par laquelle sa majesté l'Empereur des Français, a voulu que les sommes employées par l'état à célébrer la solemnité du 15 août puissent consacrer, cette année a secourir les familles des militaires morts devant l'ennemi. Le conseil s'associe à cette pieuse pensée, a décidé qu'il serait prélevé dans ce but, la somme de 50 francs sur le crédit affecté aux fêtes publiques."
Le 16 mars 1856, à l'age de 29 ans Eugénie donne la vie à Eugène Louis Jean Joseph Napoléon que la population appelera le petit prince. Quelques jours plus tard le conseil municipal adresse ceci à sa Majesté l'Empereur des Français : "Sire, le conseil municipal d'Haspres s'associe aux sentiments de joie, d'éspérance et de bonheur que la nouvelle de l'heureuse délivrance de l'impératrice et de la naissance d'un prince a fait naitre dans tous les coeurs français, il vous prie, sire d'agréer ainsi que votre illustre compagne, ses félicitations empréssées et unanimes pour un événement qui met le comble à vos voeux en même temps qu'il assure le bonheur de la France, et de lui permettre de déposer a vos pieds, aux pieds de l'impératrice et du prince impérial, l'hommage de son amour, de son dévouement sans bornes et son inviolable fidélité."
Le 14 juin 1856, le baptême est célébré. A l'occasion de grandes fêtes publiques sont organisées. A Haspres un vote de 400 francs est voté, dont 300 francs seront consacrés à des oeuvres de bienfaisances.
Le 14 janvier 1858, Napoléon III et son épouse échappent de peu à un attentat : "Sire, le péril imminent qu'a couru votre majesté et celle de votre auguste épouse, nous fournissent une nouvelle occasion de déposer au pied du trone, notre part de sentiment d'amour et d'admiration qui profuse pour vous, la France entière. Nous remercions de la protection visible dont il vous entoure, nous le prions de nous conserver avec vous l'ordre et la paix qu'il nous a donné en vous. Sire, le conseil municipal de la commune d'Haspres, organe de toute la population, s'associe à tous les coeurs nobles et généreux pour flétrir les passions lâches et honteuses qui animent dans l'ombre le bras des assassins, et en rendant grâce à Dieu qui protège la France, il vient déposer à vos pieds et aux pieds de l'Impératrice l'expression de son amour et de son dévouement."
En 1858, la population Hasprienne atteind 3216 habitants. Nombre d'entre eux se sont exprimés pour l'établissement d'un marché hebdommadaire pour les légumes, volailles et autres produits de basse cour. On apprend à l'occasion de la délibération : "Le conseil considérant l'augmentation progressive de la population, et l'excessive agglomération de la commune qui prive de jardin, la plupart des ouvriers et les pauvres. Considérant que ces derniers surtout ne peuvent se procurer qu très difficilement et à grand frais, les légumes, beurre, etc... Adopte à l'unanimité la proposition de Monsieur le Maire et délibère que la demande en autorisation de l'établissement d'un marché hebdommadaire fixé au vendre de chaque semaine, soit adressé à Monsieur le Prefet.
Les registres matricules disponibles au S.H.D, nous permettent ici de donner quelques combattants haspriens sous le second Empire.
Jacques Louis Goffart, né le 02/11/1836 à Haspres, fils de Jean Baptiste (tisseur) et de Martine Colin. Grenadier au 21° régiment de Ligne, 3° bataillon (Armée d'Italie). Entre à l'hôpital ambulant de la 1° division du premier corps. Décède le 25/06/1859 à Grole près de Solférino par suite de coup de feu à la cuisse droite (blessure reçue sur le champ de bataille).
Iréné Jules Gillot, né le 08/03/1834 à Haspres, fils de Pierre André (briquetier) et d'Isabelle Hyacinthe Dulompont (fileuse). Fusilier au 19° régiment de Ligne, 2° bataillon, 3° compagnie (Armée d'Orient - Crimée). Décède le 04/02/1856 à l'hôpital ambulant de la 1° division du 1° corps par suite de diarrhée.
Pierre Machut, né le 04/02/1830 à Haspres, fils de Gaspard (mulquinier) et de Mazélie Lavalois. Deuxième servant au 10° régiment d'artillerie (Armée d'Orient - Crimée). Entre à l'hôpital ambulant de Kamisk le 09/08/1855. Décède le 12/08/1855 par suite de fièvre typhoïde.
François Deliège, né le 15/01/1827 à Haspres, fils de Jean Baptiste (mulquinier) et de Henriette Lamand (fileuse). Fusilier au 1° bataillon, 2°compagnie du 32° régiment de ligne (Armée d'Orient - Crimée). Entre à l'hôpital ambulant de la 2° division de Ceserre le 11/10/1855. Décède le 12/11/1855 des suites du choléra.
Jean Baptiste Necq, né le 07/03/1833 à Haspres, fils de Charles François (mulquinier) et de Sophie Béra. Fusilier au 4° bataillon, 2° compagnie du 44° régiment de ligne (Armée d'Orient - Crimée). Décède le 07/04/1856 à l'ambulance des réserves du 1° corps par suite de typhus.
Le 24 juillet 1859 : "Sire, le conseil municipal d'Haspres ne peut contenir plus longtemps l'élan de son patriotisme, ni rester étranger à la joie que fait naître dans tous les coeurs, la glorieuse issue de la merveilleuse campagne d'Italie. Il unit ses félicitations à celle de toute la France et saisit avec autant d'empressement que de bonheur, cette occasion, pour offrir à nouveau à votre majesté l'hommage sincère et unanime de son dévouement sans bornes et son inviolable fidélité."
Alors qu'un courant révolutionnaire plane sur Paris, la guerre entre la Prusse et la France est déclarée le 19 juillet 1870. Très vite la désillusion l'emporte.
Pour les Haspriens, c'est une guerre de plus, qui fera six nouvelles victimes.
Le 31 août 1870, le conseil municipal "Jure obéissance et fidélité à l'Empereur".>
Délibération du conseil municipal d'Haspres du 31 aout 1870 :
L'an 1870, le trente et un aout, jour fixé par la séance d'installation du conseil municipal de cette commune, Nous Augustin Caullet, maire de la commune d'Haspres, nous sommes transportés dans le lieu ordinaire des séances du conseil municipal, à l'effet de procéder à l'installation des nouveaux membres du conseil municipal élu par l'assemblée electorale de cette commune les six et sept aout 1870, suivant procès verbal du même jour où étant, nous avons, en présence de Messieurs les membres nouvellement élus, donné lecture de la formule du serment ainsi conçu : "Je jure obéissance à la constitution et fidélité à l'Empereur". Nous avons appelé successivement chacun des nouveaux membres élus et les avons invités à préter le serment mentionné.
Ce que chacun a fait immédiatement, en disant : "Je le jure", dans l'ordre suivant : MM Caullet Augustin, Ledieu Edmond, Mercier Pierre Ambroise, Buisset Rémy, Meriaux César, Mercier Léopold, Cossiaux Henri, Laurent Augustin, Breucq Désiré, Jacqmart Charles, Bricout Hugues, Morelle Henri, Buisset Charles, Morelle Augustin, Bailleul Henri, Béra Henri, Bailleul Charles, Cacheux Laurent, Pontière Charles, Bricout Marc, Morelle François.
Malgré la bravoure de nos soldats, les prussiens plus nombreux, bien mieux entrainés et mieux équipés font rapidement la différence sur le champ de bataille.
Le 2 septembre 1870 à Sedan, après de durs combats, l'armée française capitule, c'est la déroute.
Napoléon III est fait prisonnier, puis envoyé en captivité en Allemagne. Le 4 septembre, Paris est en fièvre, la III° république est proclamée. Les parisiens ne veulent pas entendre parler de capitulation.
Ainsi la guerre continue. Strasbourg tombe le 27 septembre. Orléans est occupé le 8 octobre.
Le 31 décembre les prussiens arrivent à Iwuy, mais ne parviennent pas jusqu'à Haspres.
Dans la soirée du 2 janvier 1871 et pendant toute la journée du lendemain, le canon se fait entendre du côté de Bapaume.
Les 20 et 21 janvier, les restes de l'armée du Nord commandée par Faidherbe, battus à Saint Quentin traverse Haspres pour se rendre à Valenciennes et Bouchain. Les soldats sont brisés de fatigue. Devant un tel afflux de malheureux, le Docteur Lodieu de Saulzoir prodigue les premiers soins. Quelques mobilisés d'Haspres arrivent et sont assaillis par les parents restés sans nouvelles des leurs depuis la défaite de Saint Quentin.
L'armistice est signée le 27 janvier, la France céde l'Alsace et une partie de la Lorraine à Guillaume I, nouvel le nouvel Empereur d'Allemagne. Adolphe Thiers (surnommé Foutriquet) est nommé chef du pouvoir exécutif.
Vers cette période, Haspres perçoit de la farine (ainsi que plusieurs villages du cambrésis) provenant de 800 barils de farine donné généreusement par un riche New Yorkais, Alexandre Thomas Stewart afin de soulager la misère publique.
La veille de Pâques les prisonniers commencent a rentrer à Haspres.
Combattants et victimes de la guerre de 1870.
Bien que loin de notre village, mentionnons l'épisode insurrectionnel de la commune de Paris du 18 mars au 28 mai 1871.
Réglementation des boulangeries :
Suite à de mauvaise récolte, une crise alimentaire de longue durée et une dépréciation du prix des céréales, un décret impérial du 16 novembre 1858 fixe par des actes du gouvernement l'approvisionnement de la réserve des boulangers.
Domitien Morelle, maire de la commune, expose en séance du conseil municipal le 11 décembre 1858 qu'il est urgent et d'intérêt public 1° de réglementer la boulangerie, 2° d'obliger la boulangerie d'avoir toujours une réserve en blé ou en farine équivalent au moins à ce qu'ils utilisent à la fabrication journalière, 3° il propose d'établir des magasins ou les boulangers pourront en toute sécurité déposer leurs réserves.
Toute en reconnaissant les avantages incontestables de cette mesure : "Le maire exhorte le conseil à s'associer de tout coeur à cette haute pensée de bienfaisance du gouvernement et de faire tous les sacrifices que son devoir lui commande en pareille circonstances".
Après délibération, le conseil considère que les deux tiers des habitants de la commune sont des cultivateurs qui ont toujours chez eux une réserve assurée; qui parmi eux il s'en trouve trente qui tiennent pendant toute l'année du grain à la disposition de leurs ouvriers, lesquels ne s'approvisionnent jamais ailleurs. Que parmi le dernier tiers des habitants il s'en trouve encore une partie qui récolte son grain pour un certain temps de l'année et achète ensuite son grain chez les fermiers.
Pour conclure le conseil fait remarquer que le commerce de la boulangerie est pratiquement inexistant à Haspres, et que ceux qui suivent cette branche du commerce s'adonnent à d'autres occupations et ne cuisent même pas le pain une fois chaque jour !
Vu toutes ces considérations, il n'y a donc pas lieu d'établir de réserve, ni réglement concernant la boulangerie.