Gustave Melon
 

Une rue de notre village porte le nom de Gustave Melon, mais peu de personne connaissent l'histoire de cet homme. Nous allons essayer au travers cet article de lui rendre hommage.

Très rapidement après l'installation (occupation) des Allemands dans notre région, la resistance s'organise. Des affiches et des tracts apparaissent sur les murs, les usines et les dépôts de munitions sont sabotées. En septembre 1941, la voie ferrée entre Bouchain et Lourches est dynamitée et le trafic férroviaire interrompu plus de 24 heures !!! La répression Allemande est féroce, des otages sont pris, certains sont fusillés, d'autres déportés en camps de concentration.

Depuis le débarquement allié le 6 juin 1944, la population des régions du Nord de la France attends avec anxiété, l'heure de la délivrance. Peu à Peu, ville après ville, les alliés avancent : Paris est libéré, la population est en liesse.

Dans le valenciennois, la retraite des Allemands commence. Dans divers villes et villages, des groupes de F.T.P.F (Francs Tireurs Patriotes Français) attaquent les groupes isolés, en vue de les faires prisonniers et de se procurer des armes et des munitions.

Gustave Melon

Prisonnier en Allemagne, puis libéré, il rentre dans la résistance. Chef de Groupe, il est envoyé en mission le 2 septembre 1944. Il n'en reviendra pas.

Le 2 septembre, l'étau se resserre, on entend tonner le canon dans la région de Cambrai. La section des FFI d'Haspres organise des patrouilles dans les champs et les bois environnants. Une patrouille attaque une charette montée par 5 soldats du Reich. Ceux ci sont fait prisonniers après une légère opposition. A la suite de cette ataque, un appréciable butin est récupéré : 300 paquets de cigarettes, 3 postes de radio, 30 bouteilles de liqueurs et 20 de champagne, 5 fusil moser, des munitions, un révolver et une somme de 395.000 francs.

Le Sous Lieutenant Albert DEVEMY et l'Aspirant Jean DHAUSSY établissent un PC à l'école maternelle. Vers 13 heures, une patrouille composée de trois hommes, commandée par le chef de groupe Gustave Melon est envoyé en reconnaissance dans la direction de la route Nationale n° 29 entre Douchy les Mines et Bouchain. La rumeur fait circuler que les Américains sont à Saulzoir ! En quelques minutes la joie explose, c'est l'enthousiasme général. Enfin la libération ?

Soudain, l'alerte retentit, un groupe motorisé de "SS" est annoncé. La joie retombe aussitot. Une demi heure plus tard, fin de l'alerte, les panzers Allemands filent vers Aniche, semant la ruine et la terreur sur leur passage.

Les blindés Américains sont à Bouchain !

Cette fois, ca y est, les voilà, débouchant de la route de Villers, les premiers blindés américains apparaissent dans un tonnerre de féraille et dans un nuage de poussière. L'instant est très émouvant, les cloches sonnent à toutes volée, les canonniers y mettent du leur et sortent "Gare si j'y vas" de sa cachette.

La foule est immense, c'est du délire, la joie est indescriptible. Les femmes jettent des fleurs, les hommes du vins et des liqueurs, en échange, les GI offrent des cigarettes et distribuent chocoloat, chewing gum et autres friandises made in USA aux enfants.

Après une journée inoubliable, les FTPF se sont réunis pour organiser la vie communale. Henri Forget, assumera les fonctions de maire. Des postes de gardes sont assurés, des patrouilles organisées. Le lendemain, dimanche, c'est jour de messe. Les cloches retentissent dans un atmosphère de joie. Haspres est libéré. De temps en temps une colonne Américaine traverse le village dans un fracas épouventable. A chaque coin de rue une sentinelle FFI veille.

Le 5 septembre, un agent de liaison du groupe de Douchy, vient avertir le PC, qu'un corps a été retrouvé assassiné par les Allemands entre Douchy et Bouchain. Gustave Melon, n'étant pas encore rentré, le Sous Lieutenant DEVEMY et le gardien de Paix DUBUS, se rende au lieu indiqué et reconnaisse le corps de Gustave Melon. Les formalités nécessaires sont accomplis et le corps de Gustave Melon, chef de groupe, tué au champ d'honneur, est ramené le lendemain à son domicile. Le 8 septembre, d'importante funérailles lui sont faites.

 
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Rapport détaillé sur les lieux et comment fut tué le chef de groupe Gustave Melon :
 
Le 2 septembre 1944 après une réunion du chef de section avec ses chefs de groupe, il fut décidé d'envoyer en reconnaissance des petits groupes le long des routes venant de Cambrai; Melon demanda à partir en mission (sans armes) avec deux de ses hommes, il fut envoyé le long de la route Nationale Cambrai - Valenciennes, entre Douchy et Bouchain, sa mission était de nous signaler l'importance des convois Allemands qui se replient sur Valenciennes, et surtout l'arrivée des Alliés de façon à attaquer les isolés.
 
Melon partit d'Haspres vers 11 heures avec deux hommes qu'il place en relai, et lui se met en observation dans un champ de bettrave à 300 mètres de la route et à 250 mètres d'une maison isolée, vers midi une voiture hippomobile survient avec quelques Allemands, mais ceux ci méfiants, aperçoivent un groupe de trois hommes, ils trouvent un revolver et une grenade, sans pitié ils tirent sur ces hommes, l'un d'eux est bléssé, les deux autres seront tués. Dans le jardin de la maison isolée, le propriétaire et là, il voit la scéne. Il se sauve en direction de Noyelles. Il sera poursuivi, mais Melon, lui aussi voit le drame et à son tour veut se sauver, mais il est malchanceux, car il tombe nez à nez avec des Allemands qui reviennent du bois de Lieu Saint Amand, car eux aussi ont entendu la fusillade, ils abattent Melon de deux balles, une dans le coeur, une dans la tête et lui prenne sa carte d'identité.
 
Melon ne sera retrouvé que le 4 septembre 1944 après maintes recherches dans les hopitaux et les morgues, son corsp étant masqué par un repli de terrain, il n'était pas visible de la route, sera découvert par un fermier le lundi matin.
 
Melon est un ancien prisonnier, pupille de guerre, rapatrié en décembre 1943, il fut bléssé à Loos les Lille et emmené en Allemagne, il rentre dans la résistance au début juin 1944, très bon chef de groupe, dévoué, a participé à toutes les opérations de la section. C'est un homme à citer en exemple
 

Acte de Décès :

Le deux septembre 1944 est décédé au lieu dit "la fabrique", Gustave Eugène Melon, né à Neuville Saint Rémy, canton et arrondissement de Cambrai, le premier février mil neuf cent treize, usinier, fils de Eugène Melon décédé et de Blanche Aline Crinon, sa veuve, tisseuse, domiciliée à Haspres, epoux de Suzanne Dépret, domiciliée à Haspres.

Son acte de décès comporte la mention "Mort pour la France", faite le 18 mars 1945.

Haspres - Genealegrand
© 2009 - Olivier LEGRAND

Sources utilisées :
- Archives Municipales d'Haspres
- Exposition sur la résistance, Mai 2009
- Récit indédit du soldat Georges Véniat, extrait de ses mémoires de soldat