Les derniers Mérovingiens (ceux qui succédèrent à Dagobert), s'occupèrent si peu des affaires de leur royaume qu'on les surnomma les Rois Fainéants. Ils laissèrent le chef de leurs domestiques, le maire du palais, gouverner à leur place. Le plus célèbre maire du palais fut Charles Martel, qui agissait comme Roi sans en avoir le titre.
Citons une fois encore l'analyste Jacques de Guise : Vers 670, le Cambrésis est ravagé par les troupes Neustriennes et les troupes Austrasiennes. Sous l'implusion d'Ebroïn, maire du palais de Neustrie, Thierri III, roi des Francs de Neustrie, se met en devoir de conquérir le hainaut, sous pretexte que, depuis Dagobert, il appartenait aux Rois Francs. Il s'empare de Cambrai, de Solesmes, de Famars, et de Valenciennes. Comme il se disposait à traverser les marais de la Hayne, le Comte Waltéric, suivi du baron du Hainaut et de plusieurs Francs, alla se réfugier auprès de Pépin de Héristal, petit fils du Hollandais Pépion de Landen, et sut le determiner à marcher au secours du Hainaut avec des forces imposantes. Ensemble, ils firent une rude guerre à Thierri III, roi de Francs, et le chassèrent du pays avec toute son armée. Pour prix de la victoire de Tertry (Somme), qu'il avait obtenu en 687, Pépin de Héristal s'attribua toute le partie du Hainaut dont Thierri III s'était rendu maitre. De plus il rendit gloire au seigneur en fondant un monastère à Haspres vers 692, il y placa des religieux qu'il soumit dans la suite à la juridiction de l'abbé de Jumièges en Normandie, à quelques lieu de Rouen. Il batit encore une église dans son chateau de St Jean à Valenciennes et hors des murs une abbaye dédiéa à St Géry. Les historiens Louise et Auger ajoutent que Pépin fit venir à Haspres "des religieux de l'ordre de Saint Benoit". La création du monastère que les Haspriens appelent aujourd'hui l'abbaye, contribua a fixer les habitants et a développer cette localité de manière prospère.
Un peu partout avec la Christianisation de la Région, des abbayes vont apparaître, celles ci vont transformer les villages et les alentours. Au VII° siècle, les nombreux marais qui couvrent les terres de l'Ostrevant sont asséchés par les moines. Mais les moines sont également de remarquables défricheurs de forêts, ainsi apparait autours d'eux des tailleurs de pierres, des charpentiers, des bucherons, etc.... Leur travail va contribuer à fixer les populations, à les civiliser et apprendre aux hommes à vivre en société.
En 714, à Vincy près de Crevecoeur dans le Cambrésis, Charles Martel, fils de Pépin de Héristal, vainc les troupes de Chilpéric III. Pépin le Bref, duc de Brabant (surnom qu'il recevra à cause de sa petite taille), fils de Charles Martel, s'empare de la couronne. C'est à lui que l'on attribue la fondation du prieuré de Haspres, ou il y installe les moines de Jumièges. Pépin le Bref est sacré Roi en en 751. En 754 il est consacré par le Pape à Saint Denis, c'est là le véritable début de cette cérémonie adoptée par les Rois Francs. Il décède en 768, son fils Charles I° qu'on appelera bientôt Charlemagne (Charles Le Grand), récoit l'Austrasie et la Neustrie, son autre fils Carloman est mis en posséssion du reste de la monarchie.
Charlemagne mourut en 814, les Carolingiens ses successeurs ne furent pas longtemps capables de garder intact son immense empire. En 843, ses trois petis fils se le partagent à Verdun. La rive gauche de l'Escaut revient à Charles le Chauve, la rive droite revient à Louis, l'entre deux (Escaut et Rhin) revient à Lothaire. A partir de ce moment les villes de notre région qui appartenaient à la France sont soumises tour à tour à la puissance des trois frères.
Au commencement du IX° siècle, les Normands envahissent nos côtes. Ces farouches envahisseurs, venus des pays qui forment aujourd'hui le Danemark, la Suède et la Norvège s'abattent à l'embouchure des fleuves dont ils remontent le cours à l'aide de leurs bateaux à fond plat : les Drakkars. Leurs règles sont simple, ils pillent, brulent les villes et villages et massacrent les habitants. Dès leur apparition de nouvelles croyances naissent, comme le confirme les versets de certaines litanies : "De la fureur des Normands délivrez nous, Seigneur !". On croit même à la fin du monde. Au moment ou les féroces vikings s'abattent sur la Neustrie, les moines de Jumièges décident de fuir dans leur dépendance à Haspres, emenant avec eux les reliques de Saint Hugues et Saint Achaire.
En 882, les barbares reviennent et s'avancent dans l'intérieur des terres, ils parviennent jusqu'à Haspres. Les habitants fuient à la vue des longues barques à fond plats. A leurs approchent on ira cacher les précieuses reliques à Saint Omer. Les moines de Saint Amand sont égorgés sur les ruines de leur monastère. Les barbares brulent ce qu'ils ne peuvent emporter. Les
religieux du monastère d'Haspres prennent de nouveau le fuite. Les barbares arrivent près de Valenciennes. Les bourgeois qui ont pris la défense de la ville ne se laissent pas émouvoir devant la férocité de leurs adversaires, qu'ils finissent par repousser.
A la fin du IX° siècle, les religieux de Jumièges désireux de ramener le corps de Saint Hugues et Saint Achaire dans leur abbaye, envoient à Haspres deux émissaires Balduinius et Gounus reclamer les précieuses reliques. Toutefois les Haspriens devant cet acte, rappela que Dieu, par ses miracles faisait connaître qu'il avait donné ces deux saints pour patrons à la ville d'Haspres. Malgré l'autorité exercer par les religieux de Jumièges sur le monastère d'Haspres, ceux ci cédèrent et les saintes reliques restèrent définitivement à Haspres.
Ainsi le passage des Normands à suscité le sens de la défense des provinces envahies. Les populations laissées à la merci des tueries barbares, allaient se rassembler pour résister aux trop nombreuses invasions. La féodalité contribua à l'érection de solides murailles et larges fossés autours des villes et villages de l'ostrevant.
Jurénil parle de Hongre, de tel manière que le mot devait rester dans le language populaire sous le nom d'Ogre devenant ainsi synonyme de monstre.
En 953, l'immigration des Hongrois, descendant des guerriers d'Attila, couronne l'oeuvre de carnage des Normands. Après avoir dévastés plusieurs villes d'Allemagne et d'Austrasie, ils passent le Rhin et devastent, tout ce que la fureur des barbares Normands avaient épargné. A Haumont, le couvent de Saint Pierre à peine renaissant de ses cendres, fut une nouvelle fois saccagé. Les Hongrois assiegant ensuite Valenciennes qui leur résiste se rabattent sur Cambrai, où là il ne fait aucun doute, trouvant Haspres sur leur passage, mettent notre village à feu et à sang.
Sources utilisées :
- André JURENIL - Denain et l'ostrevant
- Charles Laurent - Histoire de la Franche Ville d'Haspres
- Th.Louise et E.Auger - La franche Ville d'Haspres