Le curieux qui flâne dans les rues d'Haspres, s'apercevra rapidement qu'il subsiste encore dans notre village d'anciennes maisons qui évoquent l'histoire de notre région. Ainsi l'observation des murs, témoins des temps passés nous en apprend encore un peu plus sur la vie d'autrefois de notre bon village.
L'arbre de vie
On trouve cette construction en forme de triangle, dont la forme rappelle celle d'un sapin, sur le pignon de certaine maison. Preuve de savoir faire des maçons et petit chef d'oeuvre d'architecture, il représentait pour les anciens un signe de protection contre les mauvais coups du sort. L'arbre de vie figure également sur de nombreux fers d'ancrage (voir photographie plus bas).
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La ligne brisée
Au début du XVIII° siècle les façades de maisons recevaient une sorte de frise composée de 3 à 4 rangées de briques posées de trois quarts "en dent de scie" dont l'angle déborde du mur : la ligne brisée.
La brique rouge
Dans le Nord de la France la brique est l'un des matériaux de construction par excellence. Fait à base d'argile que l'on extrait directement du sous sol, c'est un matériaux peu onéreux. Le lieu dits la briqueterie sur la route d'Avesnes le Sec, témoigne l'exploitation d'un ancien gisement.
Le grès
Généralement utilisé dans le soubassement des murs (car il est cher), il fut également utilisé pour faire des pavés. On peut encore voir à Haspres quelques routes pavés, dont certaines (le chemin de Thiant par exemple) sont utilisées par les coureurs cyclistes du Paris Roubaix.
La pierre blanche d'Avesnes le Sec
Il y avait autrefois à Haspres des carrières de pierres qui furent exploitées. Malheureusement la pierre d'Haspres moins résistante que celle d'Avesnes le Sec ne fut pas employée à la construction. Par contre la pierre d'Avesnes le Sec plus dure pouvait se tailler. On l'utilisa notamment à la construction de l'Eglise, de la prévôté, de l'école des filles (pierres issues de la destruction de l'ancien donjon de la prévôté), de corps de fermes, de granges et de maisons.
Les murs
Si il est un témoin de notre sous sol, c'est bien la construction des murs. On trouvera à Haspres de nombreux murs mêlant briques, pierres blanches et même du silex (Une magnifique vielle grange dans la rue Voltaire en témoigne).
Les porches
On remarquera également à l'entrée de certains corps d'anciennes fermes, de magnifiques et imposants porches cintrés en pierre blanche. Le dessus de ces porches était parfois aménagé en logement ou pigeonnier.
La toiture
Les toits sont généralement composées de tuiles rouge. A Haspres on fabriquait au siècle dernier au lieu dit "la pannerie" (chemin de Saulzoir) : la panne, qui est une tuile à base d'argile en forme de S aplati.
En 1846, il existait une autre pannerie, sise au chemin de Villers en Cauchies comme l'atteste une annonce de vente parue dans la presse locale. Pannerie à vendre, érigés sur un hectare, 48 ares, 50 centiares, tenant audit chemin, à Monsieur Auguste Châtelain, à Monsieur Xavier Morelle, occupeur. Cette pannerie bien connue dans le pays par la bonté de ses produits, est fort achalandée. La terre qui alimente cette pannerie et qui comprend un hectare 40 ares, convient aux carreaux, aux pannes, et à toutes espèces de poteries.
Les marques de propriété
Quelques murs ont conservés les dates de construction ou de rénovation du bâtiment. Sur d'autres on peu encore lire des initiales au centre d'un pignon ou d'un linteau de porte. Ces marques qui s'effacent petit à petit avec le temps, manifestent la volonté de leur propriétaire de laisser une trace à la postérité.
Les oculus ou bahottes
Les pignons des vielles granges et même des anciennes maisons sont souvent percées sur leur partie supérieure, d'un oculus ou oeil de boeuf. Cette ouverture de forme circulaire permettait le passage de l'air et de la lumière dans les greniers. Ces ouvertures permettaient également aux pigeons de trouver un abris.
Les ancres
Les ancres ou fer d'ouvrages, sont des barres de fer qui ont pour fonction de neutraliser les poussées divergentes et de solidariser les pièces de charpente et de plancher à la maçonnerie.
La partie extérieure prend diverses formes et est parfois très ouvragée. C'est un moyen pour le forgeron de montrer également son talent.
On trouve ces fers d'ancrages un peu partout à Haspres. On remarquera quelques ancres à connotations symboliques comme le fer à cheval "objet porte bonheur", ou encore les ancres en forme de X que l'on appelle "noeud de sorcière", destinée à protéger les maisons du mauvais sort.
Les caves
Les caves voutées, disposaient parfois de profondes excavations creusées à même le sol : les boves. Ces excavations plus ou moins secrètes prennent parfois l'allure d'un début de souterrain. Les boves pouvaient facilement servir de cachette aux périodes troubles.
La blocure ou maison de mulquinier
Pendant de nombreux siècles, nos ancêtres Haspriens ont exercés le métier de mulquinier. La trace de cette activité figure encore au bas des pignons de certaines maisons : la blocure (de plus en plus rare toutefois).
Ce sont de larges ouvertures en arc de cercle, permettant de capter la lumière du jour et d'éclairer ainsi le métier à tisser du mulquinier qui travaillait dans sa cave.
Bordure de trottoir
En flanant dans la rue Paul Bert, je suis tombé sur cette magnifique pierre datée de 1872.
Chasses roues
Peut être avez vous déjà remarqué ces grosses pierres situées à l'entrée des portes de fermes, à l'angle des murs d'intersection ou encore dans certains virages ? Certaines ont été détournées de leur fonction initiale pour enjoliver l'entrée d'une maison.
D'autres sont restées en place et rappellent des temps plus anciens. Ces pierres appelées "chasses roues" ou "chasses moyeux" servaient à faciliter le passage des chariots et charrettes à l'entrée des portes cochères. Placées ainsi de chaque côté de la porte, elles contribuaient à la protection des mûrs. Nous en trouvons encore beaucoup dans notre beau village.
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