La France est sous la III° république et Armand Fallières est président de la république. L'évenement : l'aviateur Louis Blériot (*) traverse la Manche de Calais à Douvre le 25 juillet 1909 à bord de son "Blériot XI" en 38 minutes et à une vitesse de 75 km/h. De vives tensions Franco Allemande apparaissent au Maroc.
(*) Nelly Blériot (°25/06/1906) fille de Louis Blériot épouse d'Albert SIROT (directeur de la boulonnerie de Thiant), venait acheter ses chaussures à Haspres.
Ernest Lestoille est fraichement réelu maire de la commune.
Le concours musical d'Enghien :
La fanfare remporte le concours international d'Enghien les bains. Cette première grande épreuve dépasse toutes les espérances en placant notre fanfare première de sa catégorie avec le maximum de point. Ce qui lui vaut de recevoir le plus beau des deux vases de Sèvres offert par le Président de la république. Le chef de musique Monsieur Gaubert recoit une gratification de 50 francs pour le magnifique succés obtenu.
El tiot train d'Hap :
1909 c'est également la mise en service de la ligne de chemin de fer d'intérêt local d'Haspres à Solesmes "El tiot train d'Happes". Pour ce faire, certains haspriens sont expropriés à l'amiable de leur maison.
L'état de la voirie :
En ce début de XX° siècle, l'état des rues laisse t'il à désirer ? Il faut préciser que les rues non pavées sont empierrées en silex concassé.
Henri Cacheux, habitant de la rue de la petite chasse, excédé (peut être pour dénigrer certain membre du conseil), n'hesite pas à solliciter "vivement" le Prefet du Nord :
"Je suis fatigué depuis quatre années d'envoyer des réclamations et pétitions à Monsieur le maire, aux adjoints et conseillers municipaux, dont presque la moitié sont de bons radicaux et socialistes et le reste des anciens royalistes qui étrangleraient volontiers la république s'ils le pouvaient puisque quelques un d'entre eux mettent leurs enfants en classe chez les frères et en Belgique. Ce sont donc des révolutionnaires puisqu'ils cherchent à renverser le gouvernement et anti patriotes. Dans ma rue les riverains font des barrières pour empêcher que l'eau s'écoule dans leur propriété cultivée, ils ont des silos aux pulpes ce qui est contraire à l'hygiène puisque la loi le défend et pour empêcher que l'eau s'écoule dans leurs silos ils élèvent des barrières et alors l'eau séjourne aux mêmes endroits et les chemins et rues se défoncent." Il termine sa lettre en indiquant au Préfet que s'il ne peu l'aider, celui ci s'adressera directement à Monsieur Briand, ministre de l'intérieur et président du conseil.
Après examen, cette réclamation est classée sans suite le 30 avril 1910.
Travaux :
Des travaux d'alignement et d'élargissement de la rue Taquet sont réalisés. En effet, cette rue étroite et mal entretenue était l'une des plus fréquentée par les ouvriers du tissage Béra. Le projet prévoie en outre un élargissement qui porte la largeur de la rue entre 6m50 et 7m dans la première partie comprise entre le chemin de grande communication et la rue des pilliers.
Résultats des écoles ambulantes de laiterie :
Les examens de clôture des 12° et 13° sessions des écoles ambulantes de laiterie ont eu lieu, à Haspres le 17 avril. Les jurys de ces examens ont proposé à Monsieur le prefet le classement des jeunes filles qui ont reçu le diplôme de l'enseignement ménager agricole.
Mention très bien : Mlle Mercier Léonie
Mention bien : Mlle Cacheux Marie, Morelle Eugénie, Lamand Lucienne, Fournet Marguerite
Mention assez bien : Mlle Boucly Augustine, Breucq Joséphine, Colin Marie, Blary Marguerite, Mériaux Marguerite, Debève Julia
Mention satisfait : Mlle Meriaux Angèle, Morelle Fernande, Boucly Léonie
Au début du XX° siècle, les ouvriers du textile travaillent 60 heures par semaine, 6 jours par semaine, sans aucun congé. De plus, les conditions de travail sont différentes d'une entreprises à une autres, d'un métier à l'autre. Monsieur Renard, secrétaire général de la Fédération National, souligne qu'il n'existe aucune règle commune de rétribution ni d'évaluation des salaires.
Depuis le début du siècle, le secteur du textile connait des crises liées aux prix des matières premières et aux difficultés d'exporter. Il faut ajouter à cela la pénurie de main d'oeuvre qui entraine les patrons a recruter des ouvriers d'outre Quiévrain.
Autre point qu'il faut souligner, l'industrie du tissage a conservé de vieux moyens de mensurations, tel l'aune, le pouce, le quart de pouce. Le numérotage des fils s'effectue lui selon des modes différents : anglais (n'utilise pas le système métrique), allemand, français (qui se divise en mesure de Tourcoing-Roubaix-Amiens, Fourmies-Reims, Elboeuf, Sedan), hollandais, saxon, etc... Il y a donc urgence de mettre de l'ordre dans tout cela. (src : Egalité de Tourcoing 02/10/1909)
L'unification des tarifs dans l'industrie du textile devient donc une question majeure. Elle consiste dans le paiement d'un même prix de façon pour un même genre de travail. Cette unification des tarifs est déjà en pratique à Armentières et Houplines depuis les grèves de 1903.
Ainsi le 18 octobre 1909, après les refus réitérés des patrons de négocier, les tisseurs de la région Cambrai-Valenciennes se sont mis en grève. L'arrêt de travail est complet à Avesnes les Aubert, Haspres et Saulzoir. A Haspres, on compte environ 400 ouvriers tisseurs grévistes. Aucun incident n'est a déplorer. Les négociations ont lieu avec Monsieur Béra. La section syndicale fait demander l'arbitrage des négociations au Sous Préfet.
Malgré la période des betteraves qui occupe une partie des tisseurs aux tâches agricoles, la grève s'étend peu à peu à d'autres communes : Bévillers, Saint Hilaire, Carnières, Avesnes le Sec, St Waast.
Le 19 octobre, une seconde réunion au tissage mécanique Béra, où les tisseurs se sont rendus en cortège au cri de "Vive la grève". La commission syndicales, réclamant une entrevue avec les patrons, s'est rendue aux tissages de Jules Cacheux, Louis César Vérin, Lefevbre, Cacheux Sellier et Cossart. Le mouvement continue dans le calme. L'opinion publique juge sévèrement l'aptitude des patrons qui refusent toute concession à leurs ouvriers.
Le 20 octobre, les manifestants se rendent au tissage Lefebvre. Dans la soirée, la déclaration patronale suivante est communiquée : Les fabricants de tissus soussignés, agissant dans un but de conciliation, consentent à assister à une réunion de conciliation faite dans les termes de la loi du 27 décembre 1892 pour y discuter contradictoirement avec les ouvriers : 1 - Sur une augmentation des salaires aux articles du tarif minimum de 1906. 2 - Sur les désidérata formulés par l'union des syndicats ouvriers tisseurs. Ont signé : Cacheux, Louis Vérin, Béra, Sélliez, Cacheux Soeurs, Cossart, Lefebvre frères.
Le 21 octobre, en attendant la conciliation, les grévistes d'Haspres rejoignent leurs collègues d'Avesnes les Auberts pour tenter d'amplifier le mouvement. Toutefois, ils constatent que pendant qu'ils font grèves, d'autres travaillent aux betteraves. Pour subvenir aux grévistes, une distribution de pain a lieu avec les fonds de la caisse du syndicat des tisseurs.
Le 22 octobre, peu à peu la distribution de pain s'organise pour les grévistes. Un crédit de 500 francs est voté au conseil municipal pour leur venir en aide. Alors que la réunion de conciliation se fait attendre, le chômage est complet à Avesnes les Aubert, Bévillers et Haspres. Le syndicat des patrons, dont Monsieur Herbin est le président, ne semble pas disposé à donner une orientation favorable aux revendications des grévistes.
Dans la matinée du 23 octobre, a lieu une réunion avec le concours de Monsieur Renard, secrétaire général de la fédération des syndicats textiles. César Béra, annonce qu'il accorde 25 centimes d'augmentation. Le bruit circule que les tisseurs d'Haspres seraient disposés à reprendre le travail dès lundi matin. Les fabricants de cette commune, rompant avec le bloc patronal, présidé par Monsieur Herbin d'Avesnes les Aubert, auraient accordés à leurs ouvriers de notables satisfactions. Ce même jour, le conseil municipal, vote l'allocation d'une somme de 500 francs pour venir en secours aux ouvriers tisseurs en grève.
Le 25 octobre, les ouvriers du tissage mécanique Béra reprennent leur poste de travail, alors qu'ailleurs la grève se poursuit.
Le 27 octobre, Messieurs Vérin, Cacheux-Selliez et Lefebvre frères, consentent une augmentation immédiate de cinq pour cent à leurs ouvriers (soit 1/4 des revendications). A Saint Hilaire, les ouvriers décident la reprise du travail.
Le 29 octobre, l'ensemble des tissages haspriens ont repris le travail, les gendarmes détachés ont réintégré leurs casernements.
Le 1 novembre, la grève est terminée dans le Cambrésis, excepté les tisseurs d'Haspres, aucun n'ont obtenu satisfaction.