Au lendemain de la libération, les évacués rejoignent le village dévasté par les bombardements et les combats d'octobre 1918. Très vite, ils se rendent compte de l'ampleur de la tâche et se mettent aussitôt à l'ouvrage.
Après quatre années d'occupation, la vie municipale reprend. Jean Baptiste MAROUZE est réélu dans sa fonction de maire.
Peu à peu la joie revient avec le retour des premiers poilus et des prisonniers de guerre. Les pertes côté Français sont estimées à 1.383.000 morts sur 8.410.000 mobilisés.
Au sommaire :
» Les dégâts
» Le retour des poilus
» La question du logement
» Service de reconstitution
» Le problème des transport
» Le ravitaillement
» Le devoir de mémoire
» La vie continue
Haspres est sévérement touché. Notre village fait parti des 57 communes dont 40% au moins des immeubles sont détruits. Il faut réparer la mairie, la toiture de l'église, reconstruire l'école des garçons (anciennement situé à l'emplacement du monument au mort), réparer l'école des filles, reloger les sinistrés, déblayer les ruines, et débarrasser le village et les champs des engins de guerre. Le travail se fait le plus souvent à la main et la terre est transportée à la brouette. D'ailleurs le déblaiement a été effectué trop hâtivement, ceci explique que plusieurs dizaines d'années après la guerre de nombreux obus soient encore déterrés.
Dans l'urgence, la mairie distribue des matériaux de première nécessité tel que de la toile huilée pour remplacer les vitres et du carton bitumé pour colmater les trous des toitures. En mars la municipalité est dotée de 616 rouleaux de carton bitumé et 6 rouleaux de papier huilé.
Les artisans, ouvriers, démobilisés sont affectés aux T.P.U (Travaux de Première Urgence).
D'importants travaux de fouille à la bèche doivent être organisés sur tous le territoire afin d'enlever les nombreux obus et mines enterrés.
Le pont de Fleury est détruit, il faut reconstruire un pont provisoire permettant à Monsieur Caullet propriétaire de la sucrerie de reprendre ses activités industrielles.
Le pont de chemin de fer de la rue de Valenciennes est détruit, à l'occasion de sa démolition le conseil municipal envisage son élargissement. Toutefois il n'en est pas du même avis de la compagnie des chemins de fer du Nord qui prévoit sa reconstruction à l'identique. Le conseil demande alors l'application de la loi du 14 mars 1919 sur l'embellissement des cités. Un bureau chargé de l'étude et de la confection des plans est alors constitué.
Le pont de l'abreuvoir dynamité par les allemands, la municipalité envisage sa reconstruction un peu plus en aval de la rivière afin de lui donner un plus bel aspect est envisagé.
Le coin du canard (station essence), sévèrement touché doit être rasé.
Des rails de chemin de fer sont utilisés pour la reconstruction de la passerelle du pont Boulanger. César Béra propose à la commune une subvention de 650 francs pour la reconstruction de la passerelle en face de la rue Tacquet.
Par ailleurs, suite à une réclamation de Monsieur DUVERGER, concessionnaire de l'éclairage communal, le conseil municipal refuse de payer la facture d'électricité pendant l'occupation ennemie. En effet durant la période de guerre, l'usine électrique fut exploitée par son personnel du 26 août 1914 au 28 février 1916, et qu'à partir du 26 août 1914 l'administration municipale ne fonctionnait plus librement et que l'éclairage des rues et places ne profitait plus qu'à l'ennemi, la population ne pouvant plus sortir dès la chute du jour.
Peu à peu les survivants rentrent au village. Parmi eux il y a les soldats indemnes, les prisonniers de guerres, les grands blessés, les soldats qui ont été gazés et qui lutteront après la guerre pour tenter de survivre.
Des indemnités prélevées sur le crédit "Frais de Guerre" sont versées sous forme d'allocation journalière de 1f 25 par la municipalité aux permissionnaires et Prisonniers de Guerre de retour du front. Des colis leurs sont distribués, ainsi qu'aux veuves qui ont perdus leur maris en captivité.
Dans les communes de l'arrondissement, les maires découvrent des sommes de valeurs ainsi que des objets précieux dont les propriétaires ne peuvent être retrouvés. La prefecture informe en conséquence les différentes communes, conformément à une décision de 1915 entre la chancellerie et le ministère de l'intèrieur que les fonctionnaires auxquels des titres, sommes ou objets précieux seraient confiés par l'autorité militaire à la suite de leur découverte, devraient les remettre aux parquets aux fins de nomination d'un séquestre ou dépositaire chargé de conserver et de restituer plus tard aux ayants droit dont ceux-ci établiront qu'ils étaient propriétaires.
Un article de presse daté du 24 octobre 1919, mentionne l'emploi des prisonniers de guerre aux travaux de déminage : Deux Prisonniers de Guerres tués par une explosion Attenant à la route d'Haspres à Thiant, près du bois, se trouve un vaste dépôt de munitions que des artificiers français, aidés par des prisonniers boches font éclater. La mâche communiquant le feu s'étant consumée plus rapidement, deux P.G, surpris par l'explosion, furent tués sur le coup. Leurs corps déchiquetés, ont été enterrés au cimetière.
Le logement est le problème crucial de l'après guerre. Ainsi l'industriel Loucheur, ministre de l'armement, est chargé de la reconstruction des régions libérées.
Partout en France des commissions sont chargées de constater et d'évaluer les dégâts que l'Allemagne va devoir rembourser. A Haspres le 24 juin 1919, la commission de dommage de guerre est constituée du maire Jean Baptiste Marouze, Edouard Dupas, Charles Décornet, François Vérin et Evrard Mériaux.
Des appareils de douche ayant servi au front par l'armée française sont mis à disposition des communes qui le désirent. Ces appareils pourront être installés provisoirement dans les écoles ou dans les bains de fortunes que les allemands avaient installés.
Les baraquements : Pour pallier à la destruction des habitations et des édifices communaux, des baraquements sont installés dans le village. Cinq baraquements dits à "habitation" et un baraquement à école sont ainsi livrés en avril 1919. Après tractations avec Monsieur Bayart propriétaire d'une pâture située prés de la gare, les baraquements y sont installés. Ceux ci sont mis à la location pour un prix de 10 francs par mois.
L'école : Il faut rapidement chercher un local approprié dans les immeubles les moins endommagés de la commune. Des baraquements démontables et mobilier scolaire appropriés sont mis à la disposition de la commune.
Les réseaux de communications : routes, voies ferrées, services de transports doivent être remis en fonction rapidement pour permettre le redémarrage de la vie économique. Le syndicat des ouvriers tisseurs d'Haspres, sollicite la mise en place d'un service d'autos camions quotidien et régulier entre Haspres et la commune de Marcoing (là ou le travail est assuré).
Plusieurs services du même type sont ainsi demandés par les ouvriers, pour relier Haspres aux centres industriels de Trith et de Denain.
A partir du 19 juin 1919, un service automobile reliant Cambrai et Valenciennes assure le transport quotidien de voyageurs par camion.
L'approvisionnement en vivre pour la population est l'un des problèmes majeur à résoudre dans cette période d'après guerre. La viande, le sucre, tout manque ! Le pain lorsqu'il y en a est de mauvaise qualité.
Des chevaux sont mis à disposition de la commune pour le transport du ravitaillement. Ce service est confié à Albert et Gustave Delhaye pour un salaire de 7 francs par jour.
Dés le printemps 1919, la commission agricole de la commune met à la vente des particuliers des plants de pommes de terre. Le conseil intervient en même temps auprès de la sous préfecture pour l'obtention de 10 000 kilos de pommes de terre.
La livraison des commandes de denrées, n'est pas toujours respectée. En effet en octobre 1919 la totalité d'une commande effectuée au centre d'Aubervillers a été réservée au dernier moment au département de la Seine, et ce malgré le versement d'un acompte. Devant cette situation le conseil municipal adresse une protestation au ministère des régions libérées.
Le 2 juillet 1919, réunit en séance extraordinaire, le conseil municipal adresse à Monsieur le Général Pershing commandant en chef de l'armée Américaine, l'expression de sa haute considération et son admiration pour le génie militaire dont il a fait preuve au cours des opérations dirigées sur le sol de France.
Il adresse son témoignage ému aux braves officiers et hommes de troupes, tombés au champ d'honneur. Salue en personne de son chef éminent la vaillante armée américaine dont le concours sans limite a assuré la libération du territoire envahi, et donné la victoire aux armées françaises et alliées. Et forme des voeux pour que les relations entre les deux nations soeurs soient, dans la Paix comme sur les champs de batailles, des plus étroites.
En souvenir de l'armée Britannique libératrice d'Haspres, le 20 octobre 1919 le drapeau tricolore est arboré à toutes les fenêtres.
Le 2 novembre 1919 est instauré le jour de deuil National. Pour l'occasion une fête dite "de la Reconnaissance Nationale aux Morts pour la France" est organisée dans toutes les communes de France. Les familles ayant été éprouvées au cours de cette terrible guerre se verront remettre un diplôme.
Dés 1919 la question d'ériger un monument à la mémoire de nos Morts pour la France est soulevée. Ainsi lors de la séance du 28 février 1919, Jean Baptiste Marouzé, propose d'allouer les recettes effectuées par la vente du seigle, du bois et de la paille ainsi que les sommes encore à recouvrer par la vente des stocks invendus à l'érection du monument.
Rapidement, il faut prendre en charge le transfert des évacués en provenance de l'Aisne, du Pas de Calais et de la Somme pour le retour dans leur département d'origine.
Le 20 janvier 1919, la prefecture de Valenciennes adresse aux maires de l'arrondissement la directive suivante : Les murs sont encore déshonorés dans beaucoup de commune par des inscriptions "boches". Dés le mois de novembre, je vous avais demandé de faire disparaitre ces souvenirs insultants. Cette question est d'ordre public. Pour celles qui ne disparaient pas à la chaux, il faut procéder à des grattages. Vous avez des chômeurs, quelques heures de travail suffiront.
Par ailleurs, dans le même note, la prefecture demande aux maires de fournir les noms des officiers, sous officiers et soldats Allemands qui ont commis des exactions, violences, vols ou excès dans les communes de l'arrondissement.
Le 25 mars 1919, une caisse de mines a explosée à la gare, provoquant une violente détonation. Gustave Barbieux de Noyelles a été tué, Charles Hisbergues d'Haspres et Henri Lefebvre de Douchy ont été blessés (SRC : Grand Echo du Nord).
Au mois de novembre une lettre d'Auguste Bulté sollicite l'autorisation d'installer un cinéma dans la salle du café de la musique.