La défaite de 1870 et la perte de l'Alsace Lorraine ont laissé des traces profondes dans les esprits. La rancoeur est entretenue partout en France par : le père, le grand père, l'instituteur, le curé, le maire.
La fin du XIX° siècle a vue se créer de nouvelles alliances entre les nations. L'Allemagne soutient l'Autriche depuis 1879, formant ainsi la double alliance ou dupplice, contre leur ennemie la Russie. L'Italie les rejoints en 1882 pour former la triple alliance ou la triplice. La France, la Russie et l'Angleterre forment la triple entente. Le 28 juin 1914, l'archiduc François Ferdinand (futur héritier du trône d'Autriche) est assassiné à Sarajevo par un jeune Serbe nommé Princip. Au 1° aout 1914, les bélligérants donnent encore l'illusion de vouloir maintenir la paix. Toutefois la guerre semble inévitable.
Au sommaire :
» Un service militaire de trois ans
» Acte d'espionnage
» Vers la guerre
» La mobilisation
» La percée allemande
» La journée du 25 août
» L'occupation
» L'agriculture
» Les restrictions
» L'union sacrée
» Les taxis de la Marne
» La bataille de l'Aisne
» Nach Calais
» La guerre des tranchées
» Autres Fronts
» Joyeux Noël
La loi du 21 mars 1832 fixe la durée du service militaire à 7 ans. La conscription s'effectue toujours par tirage au sort. Ceux qui possédent de l'argent peuvent se faire remplacer par les moins chanceux. En juillet 1872, la durée du service militaire est ramené à 5 ans. Le système de remplacement est supprimé. En 1889 est instauré le service militaire obligatoire pour tous.
En 1913, le principe du service militaire obligatoire s'impose à tous les français. La loi du 19 juillet 1913, ditte loi des trois ans à pour objectif de préparer l'armée française à une guerre avec l'allemagne. Après trois ans de service actif, les conscrits sont versés pour 11 ans dans la réserve, puis dans la territoriale pendant les 14 années suivantes.
Réformés et exemptés :
Le décret du 9 septembre 1914, rappelle devant le conseil de révision tous les hommes réformés ou exemptés des anciennes classes. Il sera alors décidé si l'homme reste réformé, exempté ou au contraire s'il est bon pour le service armé ou auxiliaire.
Les ajournés :
Ces hommes repassent devant le conseil de révision à chaque appel d'une nouvelle classe. Le motif d'ajournement est réexaminé afin de confimer sa validité.
Citons le cas de Georges Flahaut, né à Haspres le 21/11/1891, fils de Domitien et Albertine Hautement, ajourné en 1912 et classé dans le service auxiliaire pour faiblesse musculaire. Le 02/11/1914, il est classé dans le service armé suite à la commission de réforme. Incorporé au 155° RI, il est nommé caporal le 28/03/1915. Il est ensuite affecté au 143° RI le 11/09/1916 puis au 161° COA le 31/12/1918. Il est nommé à l'ordre de son régiment. Il reçoit la croix de guerre avec étoile de bronze.
Les services auxiliaires :
Les hommes affectés au service auxiliaire peuvent repasser devant le conseil de réforme et demander de basculer dans le service actif.
Citons le cas de Eleuthère Cattiaux, né le 21/11/1882 à Haspres. Fils de Adrien et de Césarine Delfosse. Exerce la profession de couvreur. Soldat de 2° classe, service auxiliaire. Dispensé en raison de l'article 21 frère de militaire sous les drapeaux. A obtenu le 07/11/1903 de Monsieur le Général commandant la 2° subdivision, un sursis d'appel valable jusqu'à l'expiration du service de son frère de la classe 1900. Incorporé au 160° RI à compter du 01/11/1904.
Jean Tordoit nous livre dans son histoire de Ligny, qu'un peu avant la guerre, des familles étrangères parcouraient la région à bord de roulotte. Celles ci s'installaient un mois ou deux dans un village et revenaient régulièrement chaque année. Ces gens étaient en fait des Allemands enrôlés par l'état major afin d'établir des cartes précises des lieux. Ces lieux étaient balisés par de fines plaques en tôles à usages publicitaires (cirage Zebra, Berliner, etc...).
A la veille de la guerre, la lecture des journaux montre un climat d'indifférence aux affaires internationales. Alors que l'affaire Caillaux fait la une, l'assassinat de Sarajevo ne soulève guère l'émotion en France. Les socialistes tentent de défendre la paix et multiplient les réunions pacifiques. L'assassinat de Jean Jaures le 31 juillet 1914, marque le changement de ton de l'opinion publique française.
Malgré les tentatives de médiation des uns et des autres, cette guerre latente semble inéluctable. Le 29 juillet l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie, à cet instant l'Allemagne prétexte vouloir négocier la paix. Le 30 juillet, les Autrichiens bombardent Belgrade.
Le 1 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie. A Haspres, les cloches et le tambour municipal annoncent l'ordre de mobilisation générale. Des affiches aux couleurs bleu, blanc, rouge sont placardées partout sur les murs du village.
Lors de son incorporation, le soldat recoit un livret militaire. On y trouve le numéro matricule, les détails de son service militaire, la mention de son régiment, ses punitions et/ou décorations. Y est également inséré un fascicule indiquant précisément quoi faire et ou se rendre en cas de mobilisation.
Les départs s'effectuent en fonction des dates précisées sur les livrets militaires. Ainsi le rappel porte sur les classes 1890 à 1912. Exempt à ce rappel, les pères d'au moins trois enfants.
Ainsi chaque mobilisé rejoint la gare, persuadé que la guerre sera courte. Nombreux sont mariés et père de famille.
Afin d'illustrer cette page, je recherche des livrets militaires, ainsi que des fascicules de mobilisations. Merci de votre aide.
Le 2 août, les allemands violent la neutralité du Luxembourg et franchissent la frontière à Longwy et à Cirey. L'Italie clame sa neutralité dans le conflit.
Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Par le jeu des alliances les déclarations de guerre s'enchainent en cascade. L'Angleterre mobilise sa flotte et son armée et nous garantit la protection de nos côtes.
L'état major Français croit à une guerre de mouvement, rapide dans son dénouement. Les jeunes Haspriens (environ 200) se rendent à la gare pour rejoindre au plus vite leur régiment. Parmi eux le moral semble bon : "Nous serons à la maison avant noël !".
La mobilisation de nombreux ouvriers et techniciens se traduit par un important ralentissement de l'industrie locale. De fait, les familles se voient privées radicalement de leur source de revenu. Le 3 août, le conseil municipal vote un crédit de 1.600 francs pour porter secours aux femmes et aux enfants nécessiteux des soldats mobilisés. Le conseil décide également de procéder tous les trois jours à une distribution d'une livre de pain aux personnes secourues. La loi du 5 août 1914, autorise le versement d'une allocation journalière aux familles nécessiteuses dont le chef est mobilisé.
L'offensive allemande basée sur le plan Schlieffen, consiste en premier lieu à attaquer la France qu'il convient de battre rapidement (en 6 semaines). Puis en second lieu la Russie jugée plus longue à mobiliser ses troupes.
Du côté français, Joffre prévoit une percée allemande dans l'est. Il y amasse en conséquence ses armées et prévoit en représailles de déclencher un offensive en Lorraine.
Incroyable coup de théâtre le 4 août. L'Allemagne viole la neutralité de la Belgique et chamboule ainsi les plans de défense si longtemps préparés ! De nombreux civils belges sont abattus et les maisons incendiées, la panique s'installe et c'est le début de l'exode.
Malgré la resistance de l'armée Belge, Liège chute le 16 août. Les allemands entrent à Bruxelles le 20 août. Dinan tombe le 21 août, le samedi 22 août débute la bataille de Charleroi.
L'état major français se prépare à voir débouler l'armée Allemande d'un jour à l'autre. L'ordre est donnée à la 84° Division Territoriale d'Infanterie d'établir une ligne de défense allant de Bois l'Evêque, Solesmes, Villers en Cauchies, Estrun, Canal de la Sensée.
Namur cède le 23 août et le 24 août l'armée allemande franchit la frontière. L'offensive des Ardennes, fait ses premières victimes parmi nos jeunes : Charles Louis Lesavre, soldat au 127° RI, mort au combat de Mariembourg en Belgique à l'âge de 25 ans et Jean Baptiste Delmotte, soldat au 348° RI, porté disparu à Fumay le 26 août 1914.
Devant la rapidité des événements, peu d'Haspriens ont le temps d'évacuer. La gazette des Ardennes, mentionne 210 évacués au début de l'invasion.
La presse mentionne dans ses colonnes quelques familles à la recherche de leurs proches.
Le petit parisien, édition du 14/10/1914 : Mme Vallez Lestoille et enfants, villa bleuets, avenue du Parc à Royan, demande nouvelles de ses parents Lestoille-Canone à Haspres.
A partir du 24 août des groupes de cavalerie allemande : les Uhlans, sont aperçus dans les environs d'Haspres.
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La couverture de la frontière du Nord est confiée aux régiments de territoriaux (R.I.T). Ceux ci insuffisament formés, mal équipés, sans soutien d'artillerie ni mitrailleuse ne peuvent rivaliser avec leurs agresseurs remarquablement équipés et armés. Ces régiments sont composés de chefs de famille, aux tempes grisonnantes, préoccupés par le sort de leurs proches qu'ils ont laissés chez eux.
La défense du cambrésis est confiée à la 84° Division d'Infanterie territoriale, composée du 25° R.I.T de Laval, du 26° R.I.T de Mayenne, du 27° R.I.T de Mamers et du 28° R.I.T du Mans.
Le 26° R.I.T arrive le 18 août 1914 dans la région de Douai. Dans la nuit du 24 au 25 août les éléments du 26° R.I.T après avoir livrés combat aux environs de Condé sur Escaut, se sont repliès sur Valenciennes, puis Haspres. La 84° D.I.T qui a pour mission de protéger le flanc gauche des Britanniques, est attaquée dans le triangle Haspres - Vendegies - Solesmes.
La rapidité et la violence de l'attaque ennemie, occasionne de lourde perte dans les rangs des territoriaux.
Récit de la journée (Cyriaque Dreumont) :
Le Colonel d'Harcourt, commandant la 168° Brigade, aidé du lieutenant colonel Le Saulx, organise la résistance dans le village d'Haspres; des patrouilles rendent compte qu'il n'est pas occupé; mais que les uhlans viennent de le traverser et d'assassiner, dans leur auto, un officier, son chauffeur et une pauvre femme (*) tenant encore sa fillette dans ses bras; des maisons sont en flammes dans la partie sud.
Les routes d'Haspres - Douchy et Haspres - Monchaux sont occupées comme ligne de resistance.
Les bois qui bordent le plateau au nord laissent entrevoir à la jumelles des patrouilles de uhlans.
Le II/26 fait un bond de 500m et ouvre un feu nourri, sa ligne de tirailleurs est ensuite poussée en avant mais ne peut progresser au delà de 50m, prise de flanc par les mitrailleuses masquées dans le bois.
(*) Il s'agit de Madame Bailly.
Malgré une vaillante résistance des territoriaux, les 77 et les mitrailleuses allemandes ont raison de leur bravoure. Aussi l'ordre de repli vers Saulzoir et Avesnes le Sec est donné. Au soir du combat d'Haspres, on compte 35 victimes au sein du 26° R.I.T. La 84° D.I.T est complétement disloquée.
Quelques sources complémentaires (Gallica)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62260856.r=haspres+1914.langFR
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6336869c.r=haspres+1914.langFR
Le 25 aôut 1914, une section de cycliste suivie de Uhlans arrivent sur la Grand Place. Dans l'après midi, les allemands font 17 otages dans la cave de Numa Lestoille par crainte d'hostilité de la population envahie. Fort heureusement il ne se passera rien et les otages seront rendus à leurs familles dans la soirée.
Devant la rapidité de l'offensive allemande, peu d'Haspriens ont le temps d'évacuer.
Le 27 août, Douai est investi et la place forte de Maubeuge complétement encerclée. Maubeuge, important centre ferroviaire cède le 7 septembre 1914.
A partir de ce moment et ce pour plus de quatre longues années, Haspres comme beaucoup de communes voisines vont vivre à l'heure allemande (une heure d'avance par rapport à Paris).
Dans la zone occupée, l'autorité revient aux armées. Au sein de chaque armée, la gestion du territoire occupé revient aux étapes. Une inspection d'étape est commandée par un général situé le plus souvent au chef lieu de l'arrondissement. Pour administrer son territoire, l'inspection d'étape s'appuie sur les commandements d'étapes. La Kommendanturen d'étape est placée sous les ordres d'un officier Kommandant. Celui-ci est assisté de plusieurs personnes dont un chef de culture (Landwache), chargé du contrôle des exploitations agricoles et d'un sergent d'inspection, chargé des réquisitions et des fouilles. Au niveau inférieur, l'Orstkommandantur contrôle une ou plusieurs communes. Celle-ci remplace l'administration communale et assure le relais entre l'autorité allemande et la population. Une affiche de 1915, indique que la Kommandantur d'Haspres était situé à la maison de pharmacie.
Fin août, le lieutenant colonel Kintzel (VII° armée) prend le commandement de la place de Valenciennes. Il est remplacé le 12 octobre, par le lieutenant colonel Priess (VI° armée, qui reste en place jusqu'en avril 1917).
La Kommandantur n'hésite pas à faire de la propagande, comme cette affiche du 26 septembre, indiquant les faits d'armes du sous marin allemand n°9 au nord-ouest de Hoch (Hollande). Celui-ci a coulé, trois croiseurs cuirassées Anglais : Abouker, Ilgue et Cressyr. Dans les combats autour de Reims, nous (les Allemande) avons conquis les hauteurs fortifiées de Craonne. Nous avons attaqué victorieusement les forts d'arrêt au sud de Verdun, et nous avons franchi le versant Est du côte de la Lorraine.
Le 3 novembre, notre commune est au centre d'une confusion, elle reçoit des ordres et donc des réquisitions de la Kommandantur de Valenciennes, mais également de la Kommandantur de Cambrai !
Très rapidement, les Allemands réquisitionnent tous ce dont ils ont besoins : tabac à fumer, tabac à chiquer, cigares, cigarette et bougies, papier à lettre, enveloppes et cartes à jouer, cuillères, fourchettes, couteaux et canifs, mouchoirs de poche, essuie-mains, pièces de drap, bas, chaussettes et chaussons, gilets de flanelle et de coton, caleçons, manchettes, bretelles et brosses en tous genre, savons, cigares, suifs, cuirs et peaux, etc,....
Pour vérifier les listes fournies par les mairies, les Allemands effectuent des perquisitions directement chez l'habitant. En cas de vivres cachés, les habitants sont punis et la commune frappée d'une contribution de guerre.
A Haspres, François Mercier remplit les fonctions de maire en l'abscence de Jean Baptiste Marouzé parti rejoindre son régiment. Le conseil municipal est composé de Jean Baptiste Gallois (adjoint), Verin - Pottier, Carlier Numa, Dagniaux Amand, Roland Lucien, Cacheux François, Lestoille Charles, Mercier Legrand, Morelle Domitien, Lestoille-Canonne.
Le 4 septembre 1914, François Mercier s'adresse au commandant de la place de Valenciennes, lui indiquant la situation précaire de notre village. Les combats ont causés d'importants dégâts matériels dont le coût est estimé à plus de 100.000 francs, les maisons ont été pillées et incendiées, les chevaux ont été enlevés. Le maire par intérim demande à l'autorité Allemande, que la commune soit désormais exemptée de toute réquisition. Dans une second courrier, il demande l'autorisation d'enlever les voitures qui ont été laissées le long des voies de communication, ainsi que les débris de l'armée qui entravent la circulation.
Conformément aux directives reçues par le ministère du commerce, les banquiers et les receveurs des finances ont l'ordre d'évacuer vers l'arrière. Les régions envahies, manquent d'argent frais. Les fonctionnaires ne sont plus payés, les allocations aux familles des soldats, ainsi que les secours ne sont plus versés. Dès leurs arrivés, les Allemands rafflent tout l'argent disponible par diverses contributions de guerre, impôts, amendes, etc... Rapidement la monnaie, ainsi que les billets viennent a manquer et les communes ont recours à un système de bon pour favoriser les échanges.
A partir du mois décembre, toutes les communes doivent établir un suivi des comptes identiques. Charles Tauchon adresse ainsi à chaque mairie un modèle d'extrait de délibération, qu'elles devront renvoyer en trois exemplaires au début de chaque mois.
A la fin de la guerre, les bons communaux seront repris et échangés contre de la monnaie officielle.
Les Allemands réglementent sous le contrôle des Landwache (Chef de culture) la vie agricole des territoires occupés. Dès le mois de septembre 1914, ils réclament sous forme d'ordre (BEFEHL) de réquisition à la commune d'Haspres d'amener à Valenciennes 200 hectolitres de blé par semaine. Les livraisons auront lieu les lundi, mercredi et vendredi pour 2/3 au moulin Gilliard et 1/3 au moulin Coquelet. Ces blés seront payés comptant, au prix de 18,25 francs l'hectolitre de bonne qualité. Les autorités allemandes prendront les mesures de rigueur contre toutes les communes qui ne livreraient pas les quantités réquisitionnées. Bien entendu, les prix sont fixés par les Allemands et représentent 1/5 de la valeur réelle.
Les communes devront garantir contre les risques de guerre les stocks constituée dans les divers moulins de l'arrondissement au prorata du montant de leurs contributions.
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Dés le début du conflit, les femmes jouent un rôle important. Les hommes partis, il faut assurer les moissons et les travaux aux champs. | |
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La sucrerie de Monsieur Caullet, fonctionne normalement avec son effectif habituel, mais les allemands retiennent un pourcentage de la production.
Rapidement l'approvisionnement en pain de la population commence à poser problème. Le 5 novembre, Charles Tauchon, sous préfet de Valenciennes, par un arrêté demande que les minitiers blutent (opération de séparation de la farine du son) les farines de blé au taux minimum de 80%. Ils doivent incorporer à cette farine un minimum de 20% d'orge et/ou de seigle. Cette proportion pourra par la suite être augmentée selon les besoins. Les boulangers ne pourront à l'avenir utiliser d'autres farine que celles provenant de ce mélange. Ils doivent établir une liste nominative de leurs clients indiquant le nom et prénom, domicile de tous les membres de la famille, ou des personnes à leurs charge. La ration de chaque habitant est désormais fixée à 400 grammes par jour.
Le 5 novembre, le maire est rappelé à l'ordre, car deux boulangers d'Haspres, Messieurs Bailleul et Marouzé-Boucly ont refusé de se conformer aux instructions de la sous prefecture concernant la fabrication de leur pain, faisant ainsi une concurrence deloyale aux autres boulangers. En représaille, ces deux boulangeries seront fermées jusqu'à nouvel ordre.
Le 8 novembre, la mairie est tenue de fournir un état détaillé des orges et escourgeons battus et non battus exitant, avec le nom de chaque propriétaire. Ces orges seront utilisées pour l'alimentation et elles seront payées aux environs de 13 francs les 60 kilos.
A partir du 8 décembre, la commune est approvisionnée en farine par le meunier de Verchain.
Si les maires ne respectent pas les ordres de la Kommandantur, les représsailles ne tardent pas et les maires en sont aussitôt avisés. Ainsi le 21 novembre, l'avis suivant est adressé aux maires de l'arrondissement de Valenciennes : Monsieur Pillion, maire de Verchain Maugré, vient d'être condamné par la Kommandantur de Valenciennes à 300 francs d'amende parce que dans sa commune, des gamins ont déchiré des affiches posées par l'autorité Allemande. Il y a donc lieu, pour éviter de semblables ennuis de placer les affiches dans des cadres munis de grillage.
Ou encore : Un boulanger de la ville de Valenciennes a eu sa boulangerie fermée pendant 48 heures et ses pains saisis, pour avoir vendu du pain fabriqué avec de la farine autre que celle prescrite.
L'ensemble du cheptel est saisi par l'armée Allemande. Les chevaux, ânes et mulets sont réquisitionnés pour le transport du matériel, le bétail (boeufs, taureaux, vaches,veaux, moutons, porcs) est quand à lui destiné à l'alimentation des troupes. Chaque tête de bétail est recensée par les Allemands. Une note du 28 novembre, précise l'état des bestiaux réquisitionnés dans la commune : 14 boeufs, 2 taureaux et 216 moutons.
Pour se déplacer à Fleury, il faut un laissez passer (Passierschein).
Le 16 octobre, le maire doit adresser immédiatement à la Kommandantur de Valenciennes un certificat, stipulant qu'il ne se trouve plus dans la commune ni armes, ni munitions, ni explosifs. Seules les compagnies minières pourront conserver les explosifs nécessaire à leur industrie, mais elles devront en préciser le nombre et l'endroit.
Le 19 octobre, la Kommandantur demande au maire de lui remettre une liste de tous les soldats blessés : Allemands, Français ou Anglais. Cette liste doit contenir : nom, régiment, maladie et menitionner si le blessé est transportable.
Le 25 octobre, la Kommandantur exige la pose immédiate de grandes affiches indiquant en grandes lettres la direction des routes vers les sorties des villages (exemple NACH VALENCIENNES). Ces panneaux doivent être placés même s'il y avait déjà d'autres poteaux indicateurs. Les communes seront frappées d'une contribution considérable, si des poteaux indicateurs ou enseignes étaient arrachés ou détruits avec violence.
La population a ordre de saluer les officiers allemands, qu'ils soient à pied, à cheval ou en voiture. Le couvre feu et l'heure allemande (en avance d'une heure sur Paris) sont instauré. Des réquisitions en tout genre se multiplient : chevaux, bétail, lait, pommes de terres, etc...
Les ordres (BEFEHL) se multiplient, des affiches d'interdiction tapissent les murs du village. Le 25 octobre, la Kommandantur d'étape ordonne "Sous peine d'amende sévère, tous les appareils téléphoniques et toutes les bicyclettes, doivent être transportés à la Kommandantur de l'étape 24 heures après la publication de cette ordre".
Depuis le début de l'occupation le service postal est interrompu. Le 7 septembre, la chambre de commerce de Valenciennes, entend rétablir provisoirement, dans une certaine mesure, et au moins entre les communes de la circonscription, les relations postales pour ce qui concerne les affaires commerciales ou de famille. Du reste, l'autorisation n'est assurée qu'à certaines conditions : 1° Que les lettres restent ouvertes, 2° Elles ne doivent contenir aucune mention relative aux armées belligérantes. Ces lettres sont affranchies, nons pas au moyen des timbres postes habituels, mais au moyen d'un timbre spécial de 10 centimes. Le 30 octobre, la Kommandantur adresse à Monsieur le maire d'Haspres, l'ordre de faire disparaitre immédiatement les affiches apposées dans la commune, concernant ce service postale provisoire.
Les Habitants doivent loger les soldats allemands et subvenir aux besoins de leurs chevaux. Ils perçoivent en retour de la Kommandantur de maigres indemnités. Les officiers s'installent dans les plus belles maisons. Les maisons inhabitées sont réquisitionnées pour le cantonnement des troupes. Pour loger dans les maisons habitées, les soldats allemands doivent présenter un billet de logement, qu'il est bien évidemment impossible de refuser.
Les allemands installent un dépôt de munition à l'Obette. D'après une photo récupérée dans un vieux tiroir, un Kasino (Mess) est installé rue de Villers.
Pour maintenir le moral des troupes et montrer la puissance allemande, des parades en l'honneur de l'Empereur Guillaume sont organisées.
Les Allemands ont besoin de fonte et d'acier pour entretenir leurs usines de guerre. Le cuivre, le bronze et même les cloches de l'église traverseront le Rhin un jour de 1917.
Le 5 novembre, chaque commune, doit dénombrer le nombre de terrassiers, de menuisiers, de charpentiers et de forgerons dont elle dispose. Le résultat doit être communiqué par écrit à la Kommandantur de Valenciennes le 7 novembre à midi au plus tard. Le maire devra donner des indications exactes et sera rendu personnellement responsable.
Les jeunes gens de la classe 1914 ne peuvent pas rejoindre leur régiment (resté en pays envahi). Il sont régulièrement convoqué par les allemands afin de vérifier leur présence physique.
La production de charbon est également détournée au profit des Allemands. Pour se chauffer, certains maraudent dans les usines abandonnées. Le 21 novembre, la lettre suivante est adressée aux maires des communes de l'arrondissement de Valenciennes : J'ai l'honneur de porter à votre connaissance les conditions faites par la Compagnie d'Anzin pour la fourniture du charbon aux communes. Les factures de la compagnie donnent lieu à l'établissement de mandats administratifs dans les formes habituelles. Ces mandats seront à l'échéance de 30 jours de fin du mois d'expédition, étant entendu qu'à partir de ce terme jusqu'au jour du paiement effectif la commune tiendra compte à la Compagnie des intérêts de retard calculés aux taux des avances de la Banque de France et cela nonobstabt tout moratorium. Les paiement définitif des mandats et intérêts sera exigé quatre mois après la fin des hostilités en numéraire français ou en billets de banque. Je vous faits remarquer que pour éviter le paiement des intérêts, vous pourrez régler cette dépense à l'échéance de 30 jours avec des bons d'emprunt d'arrondissement.
Le 26 août, le gouvernement Viviani est remanié pour former l'Union Sacrée. Deux socialistes (SFIO) Jules Guesde et Marcel Sembat entrent au gouvernenement. Millerand est nommé ministre de la guerre. Gallieni est nommé gouverneur de Paris.
Alors que le Nord est envahi, l'armée Française recule sur tous les fronts. Le 2 septembre les allemands sont à Senlis, à moins de cinquante kilomètre de la capitale. Joffre organise la retraite de ses troupes et lance une contre offensive sur la Marne du 5 au 12 septembre. Pour amener rapidement les troupes sur le front, Gallieni réquisitionne les taxis parisiens. La bataille de la Marne brise enfin l'offensive Allemande, mais à quel prix ! Les hommes sont épuisés et les munitions commencent à manquer.
Du 13 au 28 septembre, s'engage une nouvelle bataille. Les Allemands se sont retranchés sur les rives de l'Aisne. De violents combats s'engagent. A l'arrière des positions Allemandes, l'armée Belge compte encore au moins 55.000 hommes. Le 28 septembre Falkenhayn attaque Anvers. La ville cède le 9 octobre. Le contrôle de la région côtière devient un nouvel enjeu.
L'offfensive Allemande du mois d'août a pour but immédiat la posséssion des vastes régions industrielles de la Belgique et en même temps la destruction des armées Franco Britannique. Cette offensive foudroyante est stoppée sur les bords de la Marne. Les Allemands entreprennent alors une seconde offensive dans les Flandres, qui a pour objectif la maitrise de la mer et l'élimination de la Belgique et de l'Angleterre. Il faut briser la coalition Franco Britanique, afin d'établir à Dunkerque, Calais et Boulogne des bases de Uboot en préparation de l'invasion des îles Britannique. Du 15 septembre au 10 novembre, un nouveau front s'étend vers l'ouest.
Le 1 octobre de violents combats ont lieu dans la région d'Arras. L'armée française tente de déborder les allemands afin de leur barrer la route qui mène à la Manche. Début octobre 1914, c'est également le début des premiers combats aériens.
Le 16 octobre, commence la bataille de Dixmude (petite bourgade flamande située au nord de l'Yser). Les Belges et les fusilliers marins Bretons y sont retranchés. Le 24 octobre, après plusieurs assauts, les Allemands lancent une nouvelle offensive. Celle-ci est repoussée. Les Belges, pour assurer leur retraite ont inondé la rive gauche de l'Yser, transformant Dixmude en presqu'il et figeant ainsi le front de l'Yser. De violents combats ont lieu à Bixschoote, Nieuport, Gheluvelt, Armentières et la Bassée. Plusieurs offensives partielles sont également lancées autours de Verdun. La guerre s'enlise.
Après les bataille de l'été et de l'automne 1914, le front se fige, les Allemands s'enterrent, c'est la guerre des tranchées qui commence. Les tranchées sont de véritables forteresses. L'artillerie et l'infanterie ne peuvent atteindre efficacement les soldats retranchés. Abrités de la vue, des balles et des intempéries, l'eau s'écoule dans la fosse B. Les soldats peuvent ainsi se reposer dans la fosse A.
En cette fin d'année, les usines d'armement doivent dorénavant tourner à plein régime pour approvisionner le front.
La guerre fait rage également à l'est. Dès le 15 août, les Russses passent à l'offensive et entrent en Prusse orientale. Battus à Tannenberg, ils contraignent tout de même les Allemands à dégager des troupes de la bataille de la Marne. Les Autrichiens sont quand à eux battus en Galicie, contre les Russes.
Le 1 novembre 1914, la Turquie rejoint l'Allemagne dans le conflit. Les Turcs pénètrent dans le caucase, mais les Russes brisent leurs assauts.
Le 25 décembre à Frélinghien, les canons se taisent. Le capitaine des Scots Guards Sir Edward Hulse se dirige vers la tranchée allemande pour présenter ses voeux et demander une trêve. Le temps d'un instant, la guerre est oubliée, les soldats des deux camps échangent leurs souvenirs et fraternisent ! Cet épisode de la guerre a été retracé dans le film "Joyeux Noël" de Christian Carion en 2005.
Le 25 décembre 1914, à Douai, un imposant défilé est organisé pour la visite de Guillaume II.
Fin 1914, on compte 301.000 morts côté Français.