Au sommaire :
» L'invasion d'Haspres
» Journal de Marche du 26° R.I.T
» Mayennais fait prisonniers à Haspres
» Hommage aux hommes du 26° R.I.T
» Un témoignage poignant
» Ou ont ils été exhumés ?
» Articles de presse
» Enfin retrouvé !!!
L'historien local Charles Laurent nous a laissé un document relatant les journées des 24 et 25 août 1914, paru dans "La PRESSE et la chronique de Valenciennes réunies". Ci après la transcription de ce document.
C'est par Monsieur Auguste Cambier, Maire d'Auchy les Orchies, qui conduisait l'auto dans laquelle se trouvaient quelques officiers et soldats français, ainsi que Madame Noisette, née Bailly, pâtissière à Haspres, venant de Valenciennes accompagnée de sa fillette, que l'on peut donner le récit exact du dramatique incident embuscade survenu à l'entrée d'Haspres, entre le cimetière et le calvaire, vers Valenciennes, le mardi 25 août 1914, vers huit heures du matin, jour de l'invasion d'Haspres.
Mobilisé à Cambrai comme sergent au 3° Régiment d'Infanterie, M.Cambier fut affecté au service de la place de Cambrai comme automobiliste.
Lors de l'avance rapide des allemands à travers la Belgique, il fut, le 21 août 1914, mis à la disposition de l'Etat Major de la 168° Brigade d'Infanterie territoriale comprenant les 26° et 27°, commandée par le Colonel d'Harcourt, venue du centre pour gêner la marche de l'ennemi.
Le 25 août, après une nuit de veille à l'hôtel de ville de Valenciennes, le capitaine Laurent, ainsi que le lieutenant Brau (Officier d'Etat Major de la 168° Brigade) et le sergent Cambier, partirent en automobile, à l'aube, dans la direction d'Haspres, avec l'intention d'y rejoindre le Colonel d'Harcourt. Sur la route, un peu avant d'arriver dans le village de Monchaux, ils rencontrèrent une dame qui leur était inconnue, mais qui était Madame Noisette, pâtissière à Haspres, avec sa fillette, à qui ils demandèrent la route la plus directe pour aller à Haspres. Elle leur répondit qu'ayant quitté Valenciennes à l'annonce de l'arrivée des allemands, elle se rendait précisément à Haspres, chez elle, où était resté son mari. Si la chose était possible, elle prendrait volontiers place dans la voiture pour leur indiquer la route. Le Capitaine Laurent ne s'opposa pas à cette proposition. Madame Noisette prit alors place auprès du conducteur, M.Cambier. Elle avait sa fillette sur ses genoux. Sur la route, ils rencontrèrent un caporal du 26° R.I.T, qui n'avait pu suivre son régiment et les officiers le firent monter également.
Après un certain parcours ils se trouvèrent dans un chemin un peu encaissé en vue du village d'Haspres, lorsque, à environ 50 mètres du cimetière de cette localité (cimetière à droite et calvaire à gauche), un détachement de cyclistes allemands, débouchant de derrière la butte du calvaire, se déploya en tirailleurs sur la largeur de la route pour barrer le passage.
Le conducteur de l'automobile essaya aussitôt une manoeuvre en arrière pour échapper à l'ennemi, mais était particulièrement difficile en raison du peu de largeur de la route. Son moteur se cala, alors que la voiture était en plein travers de la chaussée, présentant son flanc gauche. A ce moment, ils étaient à une trentaine de mètres de l'ennemi, et le Capitaine Laurent, se voyant pris, tira un coup de révolver dans la direction des allemands. Ce coup de feu provoqua la fatale fusillade au cours de laquelle la dame Noisette, sa petite fille, le Lieutenant Brau et le Caporal étaient tués. Le Capitaine Laurent, grièvement blessé, et le Sergent conducteur Auguste Cambier, touché légèrement aux jambes par une balle qui lui érafla les tibias à la même hauteur. Personnellement, il estime devoir la vie à Madame Noisette qui se trouvait à sa gauche et qui fut tuée, hélas ! en ses lieu et place, d'une balle à la temps gauche.
Les allemands cessèrent ensuite le feu et se précipitèrent sur la voiture en poussant des cris. Ils s'emparèrent des survivants et du sergent conducteur Auguste Cambier tout d'abord, qu'ils conduisirent devant le Capitaine des chasseurs cyclistes allemands, resté à l'abri derrière le talus du calvaire. Ils transportèrent ensuite le Capitaine Laurent dans une couverture à l'intérieur d'une maison proche du cimetière. Ce fut ensuite l'enlèvement de la petite fille, qui respirait encore, mais qui mourut presque aussitôt.
Les lieux du drame
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Après avoir subi un bref interrogatoire par l'intermédiaire d'un soldat alsacien qui connaissait quelques rares mots de français, et une fouille, sommaire, le Sergent Cambier fut mené en voiture derrière un bosquet dominant le village d'Haspres. Pendant quelques jours, il suivit dans cette voiture la marche de l'ennemi en direction du Cateau, où, comme prisonnier, il assista à la bataille.
Il rentra ensuite à Cambrai avec un convoi important de prisonniers français et anglais, en attendant d'être dirigé en Allemagne dans un camp de concentration, ce qui eut lieu le 5 septembre.
Ce n'est que le soir du 25 août que la pâtissière et sa fillette furent reconduites à leur domicile et convenablement ensevelies; mais sur la porte, fut clouée une pancarte portant le mot "espionne". Cette inscription eut pour conséquence d'attirer beaucoup de boches le lendemain 26, qui fut un grand passage de troupes. Tout ce qui était dans la maison fut pillé, volé ou brisé. La malheureuse femme ne fut même pas respectée dans la mort; elle fut tirée au bas du lit, outrageusement souillée, salie, piétinée, percée de coup de baïonnette. La fillette, placée entre trois planches formant gouttière, fut exposée à la vitrine. M.Noisette, le mari de la malheureuse femme, fut obligé de vivre ainsi durant quelques temps pour n'être pas fusillé : les allemands croyaient qu'il était un officier déguisé. Ce n'est que le 28 août que les allemands autorisèrent l'enterrement sans cérémonie religieuse. Les deux victimes placées sur une "poussette", furent conduites directement au cimetière.
Au moment où l'automobile vient d'être acueillie par la fusillade, des maisons sont en flamme, dans la rue de Villers, incendies allumés par les allemands, dit on, pour signaler leur marche en avant, suivant leur habitude.
Les routes Haspres - Douchy, Haspres - Monchaux sont occupés par nos territoriaux de la Mayenne. Les bois de Thiant, qui bordent le plateau au Nord, laissent entrevoir, à la jumelle, des patrouilles de uhlans. Le 2° bataillon fait un bond de cinq cents mètres et ouvre un feu nourri. Sa ligne de tirailleurs est ensuite poussée en avant, mais ne peut progresser au delà de cinquante mètres, prise de flanc par des mitrailleuses masquées dans le bois. Le Capitaine Baumann maintient énergiquement sa troupe sur la position, malgré un copieux arrosage de 77 fusent, jusqu'au moment où il est frappé mortellement.
Sur la route de Douchy, le premier bataillon est aussi fortement engagé. Le Capitaine Debeauve tombe mort. La position est débordée par le Nord - Ouest; aussi le vieux Colonel d'Harcourt donne l'ordre de se replier sur Haspres et Saulzoir.
Le train régimentaire est à grand' peine dirigé sur Solesmes. Le Colonel d'Harcourt, surpris par un groupe de uhlans, est fait prisonnier.
Le Lieutenant Colonel Le Saux à bout de force, dirige son régiment vers Solesmes, réquisitionne une voiture et y prend place avec le lieutenant d'approvisionnement Lacombe. Isolés de la colonne, ces deux officiers sont surpris par une patrouille de uhlans et conduits en captivité.
Le détachement dont le Capitaine Provot prend le commandement est réduit à 170 hommes. Il fait retraite sur Solesmes, où il arrive dans la nuit. Cette ville est occupée est occupée par les troupes anglaises et un parc d'artillerie. Bombardés par l'artillerie ennemie, les anglais s'élancent pour prendre position. Ils demandent au détachement du 26° de les couvrir pendant cette opération. Après quoi, notre troupe, exténuée, marche encore jusqu'au Cateau, où elle est embarquée pour Amiens et de là pour Mayenne.
Pendant cette bataille d'Haspres, une autre fraction du 26°, sous les ordres du Capitaine Thepenier, reçoit l'ordre officiel de faire route de Valenciennes sur Cambrai; mais cette route est coupée, et le Capitaine doit se diriger vers le Sud - Ouest. Il atteind Quiévy, où il s'embarque pour Cambrai. Mais, à Cambrai, le train, ne pouvant passer, est dirigé sur Saint Quentin. Le 27 août ce détachement est transporté à Beauvais et peu après dirigé finalement sur Dieppe.
Les troupes françaises avaient laissé en arrière le 22 août, au cantonnement de Saint Aubert, leur 3° bataillon.
Le matin du 25, jour de la bataille d'Haspres, ce bataillon est dirigé sur Thun l'Evêque pour couvrir la ville de Cambrai, mise en péril par le débordement de Valenciennes.
Par les engagements qui eurent lieu, la physionomie de cette journée du 25 août est à peu près la même que celle de Crespin, de Condé, ou d'Haspres. Submergés par le nombre, nos soldats furent forcés à la retraite en éprovant de grosses pertes d'hommes.
Ici s'arrête le rôle du 26° R.I.T dans la bataille d'Haspres.
Le 25 août, à deux heures et demie du matin, les territoriaux gardes voies abandonnent la gare de Prouvy-Thiant à l'approche des allemands. Vers quatre heures, le chef de gare d'Haspres quitte son poste et s'éloigne vers Saulzoir en suivant la ligne. Des cavaliers ennemis sont dans la cours de la gare. Des fantassins allemands, sur le chemin de Fleury, tirent sur les gens qu'ils aperçoivent, sans doute pour les épouvanter, car il n'y a ni tués, ni blessés.
Monsieur Marouzé, Maire d'Haspres, qui est mobilisable, s'éloigne en voiture pour n'être pas fait prisonnier. De temps en temps, on entend le canon qui n'est pas éloigné.
Monsieur Baert, curé d'Haspres, est blessé au pied en portant secours aux blessés durant la bataille et en rassurant la population épouvantée. Les boches le recherchent pendant huit jours durant lesquels il reste caché.
Monsieur Goulard Félicien a le coude fracassé par une balle. Il subira l'amputation du bras. Monsieur Béra François est atteint d'une balle dans la cuisse en fuyant dans le vieux chemin de Saulzoir.
Charles Laurent.
Au départ de Mayenne le 12 août 1914, le régiment est commandé par le Lieutenant Colonel le Saux.
Arrivée le 13 août à Massy Palaiseau. L'état Major et le 2° bataillon cantonne à Orly. Le 1° et 3° bataillon cantonne à Villeneuve le roi.
Départ le 17 août du camp retranché de Paris. Embarquement du régiment à la gare d'Ivry Chevaleret pour Douai.
Le 18 août, l'état major et le 2° bataillon cantonnent à Férin, le 3° bataillon à Courchelette et le 3° bataillon à Goeulzin.
Départ le 20 août à 5 heures pour Bouchain.
Départ le 21 août à 5 heures de Bouchain pour Solesmes.
Départ le 22 août pour Wargnies le Grand, Bavay et retour au Quesnoy où le régiment cantonne.
Le 23 août, réveil à 3 heures, départ à 4 heures par voie ferrée à Valenciennes où le régiment arrive à 5 heures et va à la caserne Ronzier. Le 1° bataillon embarque à 4 heures pour Fresnes. Le drapeau et sa garde et la S.A, embarque en même temps pour Valenciennes où ils attendent le 2° bataillon
(lequel par suite de la fatigue des hommes était resté à cantonner à Villers Pol).
Le 2° bataillon partant à 4 heures arrive à Valenciennes vers 7h30, le convoi arrive de Le Quesnoy à 9 heures. Toute cette fraction est mise au repos à Valenciennes dans la caserne Ronzier.
Le Lieutenant Colonel et le Capitaine Provôt quittent Le Quesnoy à 4 heures en automobile vont surveiller
l'embarquement du 1° bataillon, puis dépassent le 2° bataillon dans sa route vers Valenciennes et arrivent à Valenciennes où ils s'arrangent avec la place pour mettre le bataillon et le TR à la caserne Ronzier.
Le Lieutenant Colonel et le Capitaine Provôt quittent le Quesnoy en auto et vont à Condé où ils trouvent
le Colonel d'Harcourt Commandant la 168° Brigade et son état major.
Le Colonel d'Harcourt donne au Lieutenant Colonel Le Saux des explications sur la situation, les escarmouches qui ont eu lieu les jours derniers entre le 1° bataillon du 27° RIT (Commandant Coll) et quelques uhlans, huit ayant été fait prisonniers.
Les trois compagnies du 1° bataillon (2°, 3° et 4°) ont été mises en avant poste dès leur arrivée sur le secteur s'étendant de la route de Bon Secours à l'Ouest inclus jusqu'à Maclou en liaison avec un petit poste du dépôt du 127° placé au pont sur l'Escaut. La gauche anglaise occupe le pont de Saint Aubert.
Le
Capitaine de Longchamps (1° Cie) téléphone que n'ayant pu obtenir d'être embarqué sur la ligne Bavay - Fresnes qui ne fonctionne plus. Il a amené sa Cie à pied à Valenciennes. Le Lieutenant Colonel et le Capitaine Provôt vont visiter les postes ceux qui placés plus en avant dans la journée d'après les ordres du
Colonel d'Harcourt ont été ramenés le soir à plus grande distance du bois de l'Ermitage pour laisser des vues plus considérables. On a vu quelques uhlans.
La 4° Cie en a tué un en blessant son cheval qui a été recueilli avec tout le fourniment.
Le 24 août, 5 heures : après avoir envoyé des ordres écrits directs aux 1° et 2° Cie dont le mouvement devait commencer tout de suite, le Lieutenant Colonel envoie à toutes les compagnies du 1° bataillon, ainsi qu'à la 6° Cie appelée de Fresnes et au Commandant du 2° bataillon, la copie des renseignements
sur l'ennemi, transmis précédemment ainsi que les ordres suivants :
Le Lieutenant Colonel charge le Lieutenant Rouard officier de détails d'organiser avec le Capitaine de la 6° Cie (Capitaine Debeauve) la fermeture matérielle des portes de Condé et leur défense. Vu le nombre important d'avions qui passent dans le ciel
et dont la nationalité semble douteuse, il interdit d'effectuer contre eux un tir absolument sans efficacité vu la hauteur de leur vol et charge le Lieutenant Isnel, chef des services téléphoniques d'installer une vigie dans le clocher et de la relier téléphoniquement avec son bureau à la mairie de Condé.
A 7h45, le
Lieutenant Isnel reçoit du Colonel d'Harcourt commandant la 168° brigade, l'avis qu'en parcourant la ligne des avant postes, il n'a pas encore trouvé à sa place à 7h30, la compagnie qui devait couvrir le secteur Hergnies l'Escarlatte. Cette 1° Cie cantonnée dans Condé à la caserne Vanbourneux (sortie Nord de Condé) et chargée
d'un secteur assez étendu et lointain ne termine en effet qu'à 8h30 l'installation de ses postes. Le Lieutenant Colonel en envoya avis au Colonel d'Harcourt.
A 8 heures le Lieutenant Colonel et le Capitaine Provôt partent en automobile pour voir la ligne des avant postes. Ils se portent sur Vieux Condé, Rieux de Condé l'Escarlatte,
puis reviennent au grand et peit Quesnoy pour se rendre compte que tous les postes de la 1° Cie occupaient bien leurs emplacements. Le Lieutenant Colonel se rend ensuite au coron vert en fait mieux établir la liaison entre la 1° et la 2° Cie sur la ligne du chemin de fer de Condé à Peruwelz, il fait reporter un peu plus vers
l'Ouest un poste de la 2° Cie resté sur le petit chemin de Condé au château au Nord de Cornetiau. Il fait rentrer au Coron Vert un poste qui après une patrouille sur la lisière Ouest du bois de l'Hermitage était resté trop en avant en lisière de ce bois en position avancée; cette patrouille avait tué deux uhlans.
Le Lieutenant
Colonel rentre à 11h15 à Vieux Condé.
A 12 heures, on entend des cris et l'on voit dans les rues de Condé une fuite éperdue de la population civile qui entraine quelques soldats isolés. Le Lieutenant Colonel et le Capitaine Provôt montent à cheval, s'efforcent de calmer la foule et se portent sur le pont tournant de l'Escaut
où ils arrêtent et reforment les soldats qui s'y présentent par petits paquets, les uns viennent par Vieux Condé, les autres par le chemin qui longe l'Escaut. Le Lieutenant Colonel empêche le gardien du pont de faire sauter et reforme le tout petit effectif réuni (80 à 100 hommes environ) au Sud de l'Escaut. A ce moment il ne semble
plys y avoir de soldats français sur la rive Nord et le Lieutenant Colonel voit déboucher des cavaliers en fort effectif venant de Condé par la rive Nord de l'Escaut. En même temps on essuie une fusillade assez vive semblant venir des dernieres maisons de Condé ou de la rive Nord Ouest, mais elle ne semble pas très bien dirigée et
fait peu de victimes.
A ce moment le garde du pont sur l'Escaut le fait sauter.
La position se présentant de défense difficile avec l'effectif très restreint, le Lieutenant Colonel fait porter les hommes en arrière par le Coron Rougette jusqu'au Trieun de Fresnes. Le détachement est disposé en lisière de forêt prêt à résister
à une incursion de l'ennemi.
A ce moment arrive le Colonel d'Harcourt et son état major suivi de l'escadron de hussards qui protège sa retraite. Après s'être rendu compte de notre faible effectif, il donne au Lieutenant Colonel l'ordre de commencer la retraite dans la forêt par la route de la forêt. Au bout de quelques minutes le
Colonel d'Harcourt envoie un cavalier chercher le Lieutenant Colonel et le Capitaine Provôt pour leur parler; le détachement continue sous les ordres du Lieutenant Gouvrion.
Le Lieutenant Colonel et le Capitaine Provôt sont conduits par le cavalier à bonne allure dans la direction de Polette. Le cavalier interrogé dit qu'il est sûr
de son chemin et que le Colonel d'Harcourt les attend en lisière de forêt. Cependant il se trompe de chemin et amène le Lieutenant Colonel et le Capitaine Provôt à moins de 200 mètres des uhlans qui occupent le cimetière d'Escautpont.
Ils en sont prévenus par la population et en apercevant les cavaliers ils rebroussent brusquement
chemin pour venir retrouver le Colonel d'Harcourt dans la forêt où il passait par de petits chemins pour retrouver la route repérée.
Le Colonel d'Harcourt avait avec lui son Etat Major ainsi que les restes des 2° compagnies (Lieutenant Le Hir), 4° compagnies (Capitaine Letellier) et 6° compagnie (Capitaine Debeauve) qui avaient fait
leur retraite par Condé et Fresnes.
Il y avait également une partie de la section et du dépôt du 127° sortis de Condé en même temps qu'eux.
Les deux colonnes se rejoignirent un peu plus loin sur la route repérée, et furent remises en bon ordre en deux compagnies.
La première compagnie, commandée par le Lieutenant Le Hir, la
seconde par le capitaine Debeauve, le Capitaine Letellier faisant fonctions de chef de bataillon. En tête marchait le Colonel d'Harcourt, le Lieutenant Colonel Le Saux et le Capitaine Provôt chargé de diriger la marche. Le capitaine Lorens, de l'état major du Colonel d'Harcourt partit en avant pour Saint Amand, puis Valenciennes pour
solliciter des ordres.
Le Capitaine Provôt fut envoyé en avant pour s'occuper des cantonnements et se renseigner. Il trouve dans Saint Amand un bataillon du 27° R.I.T (Commandant Coll) qui y était revenu de ses positions vers Château l'Abbaye.
Le maire consulté sur les cantonnements dit que la région y était dangereuse vu la grande
proximité des Allemands qui s'y trouvaient parait il en forces nombreuses.
Il passait de nombreux avions allemands.
Le Capitaine Provôt revint en arrière rendre compte et trouva le Colonel d'HArcourt qui déjà renseigné d'une autre source avait donné l'ordre de faire déboiter la colonne directement à l'Ouest vers Valenciennes sans
entrer dans Saint Amand. Le Colonel d'Harcourt entra lui même dans Saint Amand donner des ordres au 27° Territorial, puis vint reprendre la tête de la colonne vers Valenciennes.
A la halte horaire de Vicoigne (vers 19 heures) le Colonel d'Harcourt apprit d'une source inconnue que la route de Valenciennes était coupée par la cavalerie
ennemie vers Bruay et Anzin et voulut donner l'ordre de revenir vers Saint Amand. Le Lieutenant Colonel Le Saux insista vivement pour qu'on ne retourna pas en arrière et si l'on ne pouvait pas avancer pour cantonner sur place afin d'étudier la situation et de voir si l'on pourrait éventuellement prendre la ligne de retraite de Hasnon
vers l'Ouest.
Le Colonel d'Harcourt y consentit et tandis que l'on étudiait à la mairie de Vicoigne qui seule a le téléphone dans ce pays et put toucher au téléphone le Capitaine d'Etat Major de la 84° Division. Celui ci lui donna l'ordre absolu de revenir sans perdre une heure vers Valenciennes et d'y faire rester les éléments
restés en arrière à Saint Amand, la route étant libre pour le moment. Le Capitaine Provôt transmit cet ordre au Colonel d'Harcourt qui alla lui même téléphoner et dut en recevoir confirmation. Après une heure de repos la colonne quitta Vicoigne vers 20 heures pour arriver sans difficulté à Valenciennes vers 22h30 où l'on forma les
faisceaux sur la place de la gare. On fit chercher immédiatement du pain en ville pour le distribuer aux troupes et l'on trouva également en gare deux wagons de pain qui permirent d'en distribuer pour un jour.
Le 2° Bataillon qui a cantonné à Valenciennes à la caserne Ronzier la journée du 23, part de cette ville à 4 heures pour
Condé, s'arrête à l'extrémité de Fresnes à 7 heures. La 6° Compagnie est envoyée à Condé et la 4° section de la 7° Cie sous les ordres du Sous Lieutenant Vaillant est envoyée au Mont des Bruyères à 11 heures. Les 3 compagnies prennent le chemin de Crespin, les 7° et 8° compagnies sur ce village deux sections de la 5° CIe longent la
voie du chemin de fer qui va à Blanc Misseron et deux sections sous les ordres du Lieutenant prennent la route de Vicq. Le drapeau sous la garde de 12 sapeurs, le caisson de munitions et la voiture médicale restent au passage à niveau.
La 8° Cie sous les ordres du Capitaine Boucher arrive seule à Crespin sans avoir eu beucoup à
tirer les allemands laissant occuper le village presque désert, les rares habitants fuyant avec un maigre baluchon épouvantés des horreurs déjà entrevues, plusieurs notabilités du pays ayant été passées par les armes.
Après deux heures d'attente dans l'espoir d'un renfort annoncé et non reçu permettant la marche en avant au Blanc
Misseron en feu, la 8° fut assaillie par un violent feu de salve tiré à 50 mètres sur la route que nous avions prise et qui était au dire des paysans dégarnie d'Allemenands.
Après avoir constaté l'impossibilité de résister devant les forces supérieures, le Capitaine Boucher, commande la retraite, il tombe au même instant avec un
grand nombre d'hommes, sa blessure n'étant pas mortelle et aidé du chef de la 2° section, il peut péniblement revenir en arrière. Le désarroi qui suivit fut pénible, mais le tir mal réglé des allemands, placés dans les betteraves ne fit qu'une perte de cinquante pour cent en tués, blessés ou prisonniers.
Pendant la fuite, la retraite
ne pouvait être indiquée en pareil cas, la 5° Cie fut rencontrée à Vicq, alors que la 7° Cie permettait aux débris de la 8° Cie de se rassembler péniblement. Le manque de cohésion provenait de la mort du commandant O'Reilly tué à la tête de la 7° Cie en criant "Mes enfants, en avant !" au moment où elle venait au secours de la 8° Cie
(Capitaine Boucher).
Quarante hommes provenant des 8° et 5° Cies se rassemblèrent près de l'ambulance sous les ordres de l'adjudant Pillaudin, rejoignirent Valenciennes où ils arrivèrent à 23h20 en passant par Onnaing - Saint Saulve.
Une trentaine d'hommes des 7° et 8° ies sous les ordres du Lieutenant Bert rejoignirent le passage
à niveau essayant de se rendre, par la route qui passe à Fresnes, à Valenciennes. Apprenant que Fresnes est occupé par les uhlans, ils suivent le canal jusqu'au pont du marais et essaient de rejoindre la route à travers champs. Ils sontarrêtés dans leur marche par une fusillade très nourrie et sont contraints de repasser le canal où ils
restent à défendre le pont jusqu'à la nuit. Ils rejoignent ensuite Valenciennes et vont cantonner au Lycée. Le drapeau se replie en arrière et gagne Valenciennes à 20h30 en passant par Onnaing et Saint Saulve.
Le 25 août, la colonne du 26° Territorial commandée par le colonel d'Harcourt et le Lieutenant Colonel Le Saux, après avoir stationné sur la place de la gare évacua Valenciennes vers 3 heures. Elle fit le tour de la ville par le Nord et l'est, puis prit la route d'Aulnoy et plus à l'Ouest vers Famars.
Le Capitaine Provôt réquisitionna à Famars une grande voiture de paysan que l'on avait la veille fait évacuer de Rombies (8 km de Valenciennes). Cette voiture recueillit les sacs des hommes et quelques éclopés. La colonne tourna à l'Ouest dans Famars traversa le chemin de fer et alla cantonner vers 8 heures à la ferme de l'Hopital (1 Km
de Maing). Le Colonel d'Harcourt qui suivait la colonne indiqua que l'on cantonnerait sur place et dans Maing pour le 26° Territorial jusqu'à 23 heures et reprendrait ensuite la ligne de retraite par Monchaux sur Ecaillon - Haspres - Villers en Cauchies et Rien (Rieux ?) où le 26° cantonnerait. A la ferme de l'Hôpitot le Lieutenant Colonel
fut rejoint par le Capitaine Baumarin qui ramenait les restes du 2° Bataillon (5°, 7° et 8° Cies) engagées la veille à Crespin, lui annonçait la mort du Commandant O'Reilly tué d'une balle au front dans les rues de Crespin et lui faisait un rapport succinct de ces événements. La colonne qu'il commandait grossie de 69 hommes de la section
active et de la plus grande partie du T.R commandé par le Lieutenant Lacombe officier d'approvisionnement dépassa la ferme de l'Hôpital et vint s'installer dans la première ferme au Nord de la route, à l'entrée de Maing et mit cette ferme en état de défense sur le flanc Nord, côté où l'attaque semblait le plus à craindre. Il passait de
nombreux avions allemands. Un avion semblant anglais fut vu venant de la direction de Le Quesnoy. Une patrouille de cavaliers anglais traversa Maing disant qu'elle allait reconnaitre notre flanc Nord sur la ligne Denain - Valenciennes. Le départ prévu pour la colonne fut avancé et elle quitta Maing à 8h30, la Cie Baumann formant l'avant garde,
le train régimentaire l'accompagnait, seul un fourgon fut distrait pour porter les vivres et bagages de l'Etat Major et du 1° bataillon. Le gros de la colonne commandé par le Lieutenant Colonel Le Saux avec qui marchait le Colonel d'Harcourt se mit en marche à 10 heures. Le gros était constitué par la 2° Compagnie commandée par le Lieutenant
Le Hir.
Le drapeau et sa gerde de sapeurs venait ensuite avec le reste de la Cie HR, puis la 6° Cie commandée par le Capitaine Debeauve.
La colonne dépassa sur la route un détachement du dépôt du 127° qui venait également de Valenciennes et qui le suivit à une certaine distance, suivie également du 27° R.I.T (1 ou 2 bataillons).
La colonne traversa Monchaux sur Ecaillon et l'avant garde (Capitaine Baumann) lui signala par un cycliste à la sortie de cette ville qu'il avait été inquiété par des tirs de cavaliers dans le petit bois sur la hauteur au Nord Ouest de la route.
Le bois fut visité par une patrouille qui le parcourut entièrement et reconnut qu'il était vide;
cette patrouille prit ensuite la queue de la colonne.
A 1 kilomètre au Nord est de la ligne de chemin de fer qui précède Haspres le 2° echelon fut avicé par un cycliste que l'échelon de tête (Capitaine Baumann) avait été attaqué dans Haspres et demandait du renfort.
Le Colonel d'Harcourt ordonna au Lieutenant Colonel Le Saux de pousser
l'attaque du village.
Dans ce but le lieutenant Colonel fit déborder au Nord de la route et par échelons successifs la 6° Cie (Capitaine Debeauve) et la fit s'étendre en tirailleurs vers le Nord afin de tâter sur le flanc un mouvement tournant.
Lorsque le mouvement fut commencé le Lieutenant Colonel pour animer les combattants engagés
sur la ligne, ainsi que les nouveaux échelons de secours fit sonner et battre la charge et fit descendre le drapeau avec les tambours et clairons jusqu'au pont du chemin de fer et aux premières maisons d'Haspres.
La 2° Cie suivit le mouvement.
Pendant ce temps le Colonel d'Harcourt faisait déboiter vers le Sud est derrière la ligne des
crêtes la plus grande partie du dépôt du 127° et du 2° Territorial et son convoi qui remontant presque jusqu'à Monchaux prenait la route de Verchain. Le Lieutenant Colonel Le Saux et le Capitaine Provôt s'étaitn portés sur la ligne du chemin de fer les uns sous le pont les autres par dessus le remblai du chemin de fer.
Ils furent assaillis
en atteignant les premières maisons d'Haspres par un feu violent de l'artillerie ennemie dont les shrapnells arrosaient constamment les maisons et les hommes. L'impression première sur les hommes fut assez forte, mais en leur montrant à bien longer les maisons ils se remirent en route et s'avancèrent jusqu'à la rivière. Comme il n'y avait qu'un
pont sur celle ci, tout l'échelon dut traverser par ce pont, puis guidé par le Lieutenant Colonel et poussé par le Capitaine Provôt qui tâchait d'engager sur cette ligne le plus de monde possible, de reprendre les rues vers la droite afin de gagner le mouvement tournant essayé vers le Nord.
Les shrapnells couvraient le village et venaient
nettement de batteries placées à la lisière du petit bois.
A ce moment, vers 16 heures, le convoi reçoit l'ordre du Capitaine Baumann de partir.
Le Capitaine Baumann, le Lieutenant Lacombe, l'adjudant Loiseleur, le Sergent Major Rebuffet, le service médical se mettent en route vers seize heures.
Le Lieutenant Colonel Le Saux voyant
l'impossibilité de déloger les allemands du petit bois, vu la fatigue des hommes et le manque de munitions, donna l'ordre de battre en retraite en traversant Haspres, longeant le talus du chemin de fer au Nord est d'Haspres, en suivant la petite route vers Maugré - Verchain.
Entre Haspres et Maugré, le Lieutenant Colonel se trouvant très
fatigué donna l'ordre de continuer la retraite sans lui, priant le Capitaine Provôt de prendre le commandement de la colonne qu'il rejoindrait aussitôt que possible.
En arrivant au Sud de Verchain la colonne s'arrête pour attendre le Lieutenant Colonel, ce dernier ne revenant pas, la colonne reprit sa marche à travers champs se joignant
à un détachement du 27° Territorial qui quittait les hauteurs de Verchain balayées par l'artillerie allemande.
Les deux détachements se dirigèrent sur Saulzoir à travers champs sous une pluis battante où ils retrouvèrent le détachement commandé par le Capitaine Letellier, détachement qui avait été déployé au S.E d'Haspres.
Les détachements
réunis se dirigèrent sur Solesmes en passant par Montrécourt, Haussy, Saint Python et arrivent à Solesmes à 19 heures.
Le Lieutenant Colonel le Saux n'avait pas rejoint et depuis aucune nouvelle certaine n'est parvenue au régiment à son sujet.
A 19 heures le convoi est rassemblé à Solesmes et dirigé à Busigny en passant par le Cateau.
Au Cateau le Capitaine Letellier accompagné d'environ 300 hommes reçoit l'ordre de rejoindre le dépôt du régiment à Mayenne.
Le 26 aout, départ de Busigny à 4 heures du matin pour Saint Quentin où le Lieutenant Sand rencontré sur la route donne au train régimentaire l'ordre de rallier la scierie où était le Capitaine Thépanier avec un groupe du 26°. Départ de la scierie à 17h30, la colonne se rend à la gare où elle attend 18 heures à minuit son embarquement pour Beauvais.
Timon Jules Anatole, né le 27/04/1876 à Jublains, fils de Julien et de Pottier Victorine. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914, sergent le dit jour, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Altengrabow.
Paris Guillaume Jean, né le 24/04/1874 à Saint Maxient Colmont, fils de Guillaumen et de Marteau Désiré. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Celle. Hospitalisé en Suisse le 24/07/1917 (Haspreg - Montreux).
Launay Jean Baptiste, né le 25/02/1878 à Grazaz, fils de Jean Baptiste et de Vainier Rosalie. Arrivé au 26° RIT le 05/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Semelagen.
Rocton Joseph, né le 16/09/1876 à Ambrières, fils de Théodore Eugène et de Caupin Victorine. Arrivé au 26° RIT le 12/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 24/08/1914. Interné à Altengrabow, Gottingen/Cassel. Rapatrié le 08/01/1919. Décédé le 15/06/1925 à Ambrières le Grand.
Vigeon Emmanuel Pierre, né le 01/02/1876 à Javron, fils de Manuel Louis et de Ernault Marie Françoise. Exerce la profession de cultivateur. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Limbourg. Rapatrié le 23/10/1918.
Vallée Eugène Emmanuel, né le 30/06/1879 à Champion, fils de Clément Marie et de Leroy Marie. Exerce la profession de maçon. Arrivé au 26° RIT le 03/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 24/08/1914. Interné à Munster (Hanovre). Rapatrié le 06/01/1919.
Barbé Ferdinand, né le 24/12/1875 à Ambrières, fils de Pierre Henri et de Peccate Marie Madeleine. Exerce la profession de cultivateur. Arrivé au 26° RIT le 13/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Senne.
Boulière Michel François, né le 25/02/1875 à Juvigné, fils de Michel François et de Moutel Reine. Exerce la profession de cultivateur. Arrivé au 26° RIT le 05/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Sennelagen. Rapatrié le 22/01/1919.
Lebossé Albert Eugène, né le 12/07/1879 à Sainte Marie du Bois, fils de François et de Gaignon Rosalie. Arrivé au 26° RIT le 03/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Senne. Rapatrié le 04/12/1918.
Etilleux Louis Marin, né le 12/05/1875 à Vautorte, fils de Marin Louis et de Martin Augustine. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Rapatrié le 30/12/1918.
Ylend Almire Jean Marie, né le 26/05/1876 à Martigné, fils de Jean et de Brault Marie. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Sennelager Venenkerchen. Rapatrié le 28/12/1918 à Dunkerque.
Dutertre François Emmanuel, né le 24/11/1876 à Trans, fils de François et de Leroy Marie Désirée. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914, sergent le dit jour, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Sennelager. Rapatrié le 04/12/1918.
Martin Aimable Armand Clément, né le 28/02/1878 à Saint Germain de Coulaines, fils de Aimable Louis et de Gruau Marie. Exerce la profession de cultivateur. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Senne. Rapatrié le 19/12/1918.
Morin Eugène Marie, né le 24/07/1879 à Ambrières, fils de François Pierre et de Margerie Marie Brigitte. Arrivé au 26° RIT le 03/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Sennelager. Rapatrié le 10/12/1918 au CR de Dunkerque. Décédé le 15/06/1927 à Ambrières.
Poul Jean Marie, né le 19/04/1877 à Saint Ellier, fils de Jean Marie et de Lannier Jeanne. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Munster. Rapatrié le 26/12/1918 au CR du Havre.
Richard Adrien Auguste, né le 30/04/1875 à Champfrémont, fils de Auguste François et de Leroyer Eugénie. Exerce la profession de cultivateur. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Altengrabow. Rapatrié le 07/01/1919.
Sablé Pierre Louis, né le 13/08/1876 à Saint Aignan de Couptrain, fils de Pierre et de Gesbert Marie. Exerce la profession de carrier. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Wittemberg. Rapatrié le 05/01/1919.
Angevin François, né le 16/07/1879 à Saint Martin de Connée, fils de François et de Lefeuvre Victorine. Exerce la profession de cultivateur. Arrivé au 26° RIT le 03/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Salznedel, puis à Stendal venant de Mestburg. Rapatrié le 07/01/1919.
Bourcier François Joseph, né le 30/07/1876 à Saint Denis de Gastines, fils de Pierre et de Baguelin Aimée. Exerce la profession de maçon. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914, disparu à Haspres le 25/08/1914.
Frétigné Eugène Victor, né le 06/06/1879 à Saint Denis de Gastines, fils de Victor et de Laurent Louise. Exerce la profession de cultivateur. Arrivé au 26° RIT le 03/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 24/08/1914. Interné à Munster, puis en Suisse à Interlaken le 28/07/1916. Rapatrié le 09/08/1918.
Blottière Joseph Clément, né le 01/11/1878 à Juvigné (Mayenne), fils de Marie Pierre et Pauline Moreau. Exerce la profession d'armurier. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 24/08/1914. Interné à Hopz de Niederzunken. Mort pour la France en captivité le 24/03/1915 à Cassel.
Pilon Marcel Joseph, né le 03/11/1877 à Saint Germain de Coulames, fils de Constant et de François Beslin. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914, fait prisonnier à Haspres le 24/08/1914. Interné à Altengrabow. Rapatrié le 08/12/1918.
Legrendre Alphonse Marie, né le 25/09/1876 à Oisseau, fils de Jean Prosper et de Joséphine Guerrier. Exerce la profession de cultivateur. Arrivé au 26° RIT le 05/08/1914, Blessé le 25/08/1914 à Valenciennes, fracture du bras gauche par coup de feu, coup de feu à la machoire et oreille droite. Fait prisonnier à Haspres le 25/08/1914. Interné à Wittenberg. Rapatrié le 08/01/1919.
Lemarie Jean Marie, né le 25/04/1890 à La Guerche. Soldat du 26° RIT, classe 1910. Mort pour la France des suites de blessures de guerre le 23/12/1914 à l'hôpital de campagne n°9 du 4° corps à Haspres.
Molton Joseph Marie, né le 10/06/1878 à Ambrières (Mayenne), fils de Jean Baptiste et de Anne Jeanne Legendre. Exerce la profession de messager. Arrivé au 26° RIT le 04/08/1914. Disparu le 26/08/1914 à Haspres. Mort pour la France.
Parmi les victimes du 26° R.I.T ajoutons : Gilbert Rabret, le caporal Jules Coudray, Louis Joseph Venant, François Gombert, Jean Marie Collet, Jean Marie Lagoutte, le lieutenant Paul Chevalet, Gustave Delauriere, Joseph Fleury, le caporal Francis Lachaise, Joseph Laigneau et Ernest Mayeux tombés au chauffour de Saulzoir.
Les corps des territoriaux furent d'abord enterrés au cimetière communal dans une fosse commune (à droite en entrant dans le cimetière), avant d'être exhumés dans les années 1970.
Figure dans le registre de délibération de 1919 :
- Dons de 100 francs et de 50 francs fait par Madame Veuve Glatron en mémoire de son mari l'adjudant Glatron tombé au champ d'honneur le 25 août 1914 et inhummé au cimetière communal.
- Don de 50 francs en reconnaissance du bon entretien de la tombe de son mari, Monsieur le Lieutenant Brau, mort au champ d'honneur le 25 août 1914.
Cette photographie date probablement du 10 juin 1923, jour de l'inauguration du monument élevé à la mémoire des Enfants d'Haspres morts pour la France, des soldats du 26° R.I.T et des soldats Anglais tombés sur le territoire.
A la recherche de Victor Emile LUCAS (et des corps du 26° R.I.T)
Le Sergent Victor Marie Eugène LUCAS est né le 21 septembre 1878 à MONTENAY dans la Mayenne. Son N° matricule : 4578, au Corps : classe : 1898, son N° matricule : 1018, au Recrutement : Mayenne, décès reconnu par jugement rendu le 31 décembre 1919 par le Tribunal de Mayenne, Acte ou jugement transcrit le 11 janvier 1920, à MONTENAY (53), MAYENNE.
La mort de ce grand-père a hanté et hante jusqu’à aujourd’hui sa descendance familiale...
Des témoignages oraux de sa mort lente dans une grange de ferme de Haspres...
Son beau-frère Victor Hameau (frère de son épouse la veuve Rosalie Hameau-Lucas et mère de ses 5 enfants en bas âge) l’aurait vu et aurait parlé avec lui avant de retraiter : Victor Hameau, beau-frère de Victor Lucas a également combattu à HASPRES avant de se retirer avec le restant de ses camarades. Il ne voulait pas partir à cause
de la blessure se son beau-frère. Celui-ci avait été entraîné dans une grange. Il lui a parlé dans cette grange recouverte de paille avant de décrocher; Victor Lucas lui aurait dit : " Va-t-en laisse-moi ! Il n'y a plus rien à faire ! Tu ne peux rien pour toi ! Sauves-toi ! Victor Hameau a survécu à la grande guerre.
Un médecin, le docteur Cordier de Mayenne, aurait pu l’assister dans son agonie et il aurait été celui qui aurait donné le plus de détails à mon arrière-grand-mère...
Selon l'infirmier VALOI, Victor LUCAS n'aurait pas été achevé par les allemands ensuite, car il est mort dans ses bras. Il a réclamé : " A boire ! A boire !!!" et aurait expiré en buvant, ce qui semble souvent le cas quand on meurt en perdant son sang. L'infirmier aurait ensuite décroché "in extremis", abandonnant morts et blessés... sur HASPRES...
Ma grand-mère et marraine m’en parlait avec émotion, elle qui l’avait vu partir à quatre ans, elle était née en 1910... Elle s’en souvenait... Elle me décrivait ce départ, ce dernier regard sur un père qui allait leur manquer terriblement pour l’éternité !
Ma grand-tante Germaine, sa fille vient de mourir à 103 ans et était très heureuse que je lui ai retrouvée une photo militaire de son père à la fin de son service militaire vers 1900 et 1901...
Mon grand-oncle Victor, son fils vient de mourir à 99 ans. Il y a trois jours il donnait encore des renseignements un peu vain par téléphone à son fils qui, passant un week-end essayait de retrouver sa tombe dans un cimetière voisin (je ne sais pas encore lequel !)
Il semble que tous les membres de la famille qui soient passés dans le passé n’est jamais réussi à retrouver sa tombe...
Il y a donc toujours un certain sentiment d’amertume, de deuil inachevé qui cesse de traverser les générations comme s’il ne parvenait pas être vidé...
Notre souvenir familial est indissolublement lié à Haspres par le destin de cette guerre.
Il reste dans la famille que ce grand-père était très patriote, et malgré son âge avancé et ses 5 enfants, il était volontaire pour refouler les allemands hors de notre pays qui était envahi...
Il est tombé quasiment au début de la guerre ; peut-être même dans son premier combat à Haspres. Il est resté un certain à agoniser dans votre ville avant d’expirer.
Ses derniers moments ont été à Haspres et ses restes y sont demeurés, au moins un certain temps...
Il est réconfortant de trouver des personnes comme vous, qui garder et faites vivre le souvenir de ces personnes qui ont donné leur vie pour la Liberté et une certaine idée de la République qu’ils avaient intériorisée à l’école pour tous.
Bien sur, mon arrière-grand-mère ne le ressentait pas tellement comme ça ! Car, la guerre ça tue et l’on est déjà mort ! Pleurant, la tête entre se mains, elle l’avait prématurément su et les consolations de son mari n’y pouvait rien : c’est elle qui savait le mardi 25 aout 1914 à Haspres ! ! !
Nous avons deux photos de lui, dont ‘uns ou deux dans un médaillons que sa femme et ses enfants ont toujours porté.
Il existe une photo de la veuve et de ses 5 enfants avec le fameux médaillon !
Témoignage de Marc Denis BETTON, à la recherche de la sépulture de son arrière Grand Père.
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Le soldat Victor Hameau a combattu à Haspres et a survécu à la grande guerre. Il était dans la grange à Haspres où avait été déposé les blessés et où Victor LUCAS est mort dans les bras de l’infirmier Valoi. | |
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L'ensemble des soldats du 26 R.I.T figurant sur le monument aux morts d'Haspres ont été inhumés à la nécropole Nationale d'Assevent. Alors pourquoi ne retrouve t'on pas la sépulture de Victor LUCAS ?
Ma visite le 18 juillet 2009 à notre Dame de Lorette (commune d'Ablain Saint Nazaire dans le Pas de Calais) pour tenter de retrouver la trace des corps du 26° RIT exhumés n'a malheureusement rien donnée. Voici néanmoins quelque photos en mémoire de nos poilus morts pour leur patrie.
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La nécropole de Notre Dame de Lorette est le plus grand cimetière militaire français (271 385 mètres carré). 39 985 soldats français y sont inhumés. Au centre se trouve la chapelle basilique et la tour lanterne haute de 20 mètres.
Une visite à la Nécropole militaire d'Assevent (situé près de Maubeuge) nous permet de constater que 33 corps sur 35, des soldats du 26° R.I.T reposent en ce lieu : Geslot Emilien, Hugon Georges, Guiard Ernest, Trihan Victor, Boudonnet Louis, Trebouet Adrien, Debeauve Leon, Moret, Lucas Jean, Millet Victor, Motin Michel, Pigy Alexandre, Raguenau Constant, Raimbaud Alexandre, Rousseau Emile, Laigre Josehp, Lamour Alfred, Lebourdais Arsene, Lefaucheux Jean, Lemaire Joseph, Lerouy Emile, Levaseux Emmanuel, Perrotte Edouard, Boudet Antoine, Bourgoin François, Brau Léon, Cotelle Auguste, Coulange Jean, Forvielle Alexandre, Guilloux Alphonse, Davoust Abel dont un soldat français inconnu. Par ailleurs une croix ne porte pas de plaque nominative.
Extrait du journal la France Mutilée du 25 mars 1923, concernant le tranfert des corps des soldats français non identifiés dans les fosses communes du valenciennois.
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Alors pourquoi les noms des soldats suivants ont ils été oublié : Glatron Marcel, Lucas Victor, Vanderpot Jean Bart ?
Article Ouest France, édition du mercredi 26 août 2009, intitulé : Où est enterré Victor Lucas, mort en 1914 ?
Ses descendants d'Ernée sont partis à la recherche de la sépulture du sergent. Ils n'ont rien trouvé pour se recueillir. Cela fait 95 ans que Victor Lucas est mort, victime de son devoir, mardi 25 août 1914 à Haspres, dans le Nord. Mais le plus incroyable, c'est que l'on a perdu sa sépulture en 1970, alors que l'État s'est engagé à veiller sur les sépultures de ses soldats, à perpétuité. Aujourd'hui, ses descendants ne savent toujours pas « où se recueillir, où prier, où faire notre deuil, où se souvenir »... C'est pourquoi trois générations sont reparties récemment à la recherche des traces du grand-père et de son corps disparu, il y a 39 ans. Denise Betton, l'une de ses petites filles, son mari Marcel, un de ses enfants et son épouse, Marc et Pascale, ainsi que Mathilde, Charlène et Adeline, trois de ses petits-enfants, se sont rendus à la nécropole nationale d'Assevent et dans la région de Haspres (Nord), « mais pour n'y trouver que le souvenir fantôme de notre aïeul ». Des documents existent pourtant sur la mort et l'inhumation à Haspres des soldats français. « Le monument aux Morts porte son nom et rend hommage aux héros du 26 e régiment territorial mayennais. Le récit de la mort du grand-père est exceptionnellement bien connu » précise la famille. Touché par balles Quand le sergent Victor Lucas a été touché par balles sur le champ de bataille, son beau-frère, Victor Hameau qui était tout près le voit et ne veut pas partir. « Va-t-en ! Laisse-moi ! Il n'y a plus rein à faire ! Tu ne peux rien pour moi ! Sauve-toi ! », lui ordonne l'homme blessé. Selon l'infirmier Valoi, Victor Lucas n'aurait pas été « achevé » par les Allemands, mais aurait expiré dans ses bras, après avoir réclamé : « À boire, à boire ! », et aurait été exaucé. L'histoire de Victor Lucas « est celle de tous les « pépères » ou soldats territoriaux de la Mayenne et de leur sacrifice dès le début de la guerre 14-18 », explique Marc Betton. La veille de sa mort, le sergent Victor Lucas écrivait: « Ces hommes, âgés de 34 à 49 ans, considérés trop âgés et plus assez entraînés pour intégrer un régiment de première ligne, d'active ou de réserve, se sont présentés à la caserne Mayran de Mayenne. Ces pères de famille devaient être chargés de différents services de garde. Mais ce sont eux qui seront envoyés en urgence freiner l'avance allemande qui encerclait nos armées par le Nord. Face à l'armée la plus puissante du monde, nos pères de famille n'auront à opposer que leur courage, leur poitrine et leurs pantalons rouges voyants. Une pluie de balles s'abat sur nous comme de la grêle ! »
Article la Voix du Nord, édition du mardi 25 août 2009, intitulé : Des Mayennais à la recherche de Victor, mort en 1914 à Haspres.
Après des années de recherches, Marc Denis Betton, arrière petit fils de Victor Lucas a finallement reçu un courrier du ministère de la défense, identifiant définitivement la sépulture de son aieul au cimetière d'Assevent. Une cérémonie commémorative aura lieu avec la famille le 25 août 2012. Nous attendons avec impatience des nouvelles de cet événement.