Des peuplades que l'on a pris l'habitude de nommer "Gauloises" s'installent à proximité de la Selle, pour ses eaux poissonneuses et sa protection naturelle. Les Nerviens, nos ancètres, sont l'une de ces communautés.
En ces temps reculés, de nombreuses forêts recouvrent en grande partie notre territoire, ce qui favorise la pratique de la chasse. Au moment de la conquête de la Gaule par Jules César, la province du Hainaut s'appele la forêt Charbonnière, non pas à cause de l'exploitation de la houille, mais pour le charbon de bois que l'on y fabrique.
Au sommaire :
» Les Nerviens
» La bataille de la Sabis
» Les hautes frètes
» La présence Romaine à Haspres
L'origine des Nerviens remonte selon certains auteurs à 600 ans avant JC, lorsque le Nord de La Gaule est envahi par un peuple nommé les CIMBRES ou KIMRIS. Ce peuple vient s'installer entre le Rhin, la Seine et l'océan. Il se fond parmi les Gaëls et compose une nouvelle peuplade appelée Belgique ou Nervie.
D'après César (dans son récit de la guerre des Gaules), les Nerviens descendent d'une tribu Germaine, qui ayant franchi le Rhin, vient s'établir sur les rives de l'Escaut pour s'incorporer à la Gaule. La Gaule d'alors, se compose de trois parties : Les Acquitains, les Celtes, les Belges. La Belgique et le Hainaut sont occupés par les Nerviens, les Atrébates, les Aduatiques, Les Ménapiens, les Eburons, les Trévines, etc....
Le peuple Nervien est de civilisation assez primitive, mais robuste composé de valeureux guerriers. Bavay est la capitale de la Nervie.
Cette bataille est sujette à contreverse, en effet jusqu'à présent le lieu qui oppose les légions Romaines aux Nerviens n'a pu être localisé. Il existe à ce jour plusieurs hypothèses, dont les plus connues la Sambre (Napoléon III), ou la Selle ?
Les écrits laissés par César (l'histoire est généralement écrite par les vainqueurs) ne sont pas assez précis pour affirmer qu'une thèse l'emporte sur l'autre. Toutefois il y a lieu de s'interroger sur la traduction et la transformation du mot Sabim. Pourquoi retrouve t'on dans la traduction des ecrits de César (livre II de la Guerre des Gaules), le mot SAMBRE en lieu et place de SABIM ?
Dans son histoire de Saulzoir, l'abbé TURQUIN nous démontre par l'évolution de la linguistique que la Selle aurait bien pu s'appeler SABIS, SABIM. Celle ci est également reprise par Jurénil dans son histoire de Denain et l'Ostrevant, dont voici quelques extraits. On trouve dans de vieux documents SAVUS ou SAVIS, Super fluvio savo relatif à Douchy, dans la charte d'Arnould, SAVE, SEVA, etc....
A ce propos Napoleon I° qui situe la bataille sur la Sambre aux environs de Maubeuge, commente : "César se serait trompé de nom et aurait écrit Sabim (la Sambre) au lieu d'écrire Scaldim (l'Escaut), ce qui n'a absolument rien d'impossible; mais il n'est pas probable que ce soit une erreur ou une falsification de la part des copistes."
En 57 avant JC, Jules César entreprend la conquête de la Nervie. Il s'avance à la tête de ses légions en direction de la Belgique (Nord Est). Il remonte ainsi la Gaule par le pays des Suessions, qui étaient voisins des Rèmes et parvint à marche forcée à Noviodunum (Soisson), leur capitale.
Il marcha ensuite vers le pays des Ambiens, dont la capitale est Samarobriva (Amiens) : ceux ci, à son arrivée, se hâtèrent de faire soumission complète.
A cet instant Gaulois et Nerviens emmenés par Boduognatos décident de se regrouper afin d'opposer une défense efficace à l'invasion Romaine.
Quelle route les légions Romaines ont elles empruntées pour ce rendre à Bavay ?
La description du terrain que nous laisse César est ambigue et sujette à caution :
César, après trois jours de marche à travers leur pays, appris en interrogeant les prisonniers que la "Sabim" n'était pas à plus de dix milles de son camp; Tous les Nerviens avaient pris position de l'autre côté de cette rivière et ils y attendaient l'arrivée des Romains avec les Atrébates et les Viromandues, leurs voisins, car ils avaient persuadé ces deux peuples de tenter avec eux la chance de la guerre; Ils comptaient aussi sur l'armée des Atuatuques, et, en effet, elle était en route; les femmes et ceux qui, en raison de leur age, ne pouvaient être d'aucune utilité pour la bataille, on les avaient entassés en un lieu que des marais rendaient inaccessible à une armée."
La configuration du terrain que les nôtres avaient choisi pour le camp était la suivante : Une colline toute en pente douce descendait vers la SABIM, cours d'eau mentionné plus haut; en face, de l'autre côté de la rivière, naissait une pente semblable, dont le bas, sur deux cents pas environ, était découvert, tandis que la partie supérieure de la colline était garnie de bois assez épais pour que le regard y pût difficilement pénétrer. C'est dans ces bois que l'ennemi se tenait caché; sur le terrain découvert, le long de la rivière, on ne voyait que quelques postes de cavalier. La profondeur de l'eau était d'environ trois pieds.
Précisons que cet affrontement a eu lieu au mois de juillet.
Ceux qui situent la bataille sur la Selle :
Dans un rapport effectué en 1924 pour la commission historique du Nord, le Général Levy est formel : "César à traversé la Selle entre Solesmes et Denain, et laissant au sud la forêt de Mormal, il s'est dirigé vers Saint Vaast la vallée et Bavay. De là, il est allé vers la Sambre et Hautmont". Cet itinéraire est presque celui de la Chaussée Romaine allant d'Amiens à Bavay. 60 000 Nerviens conduits par leur chef BODUOGNAT, attaquèrent l'armée Romaine sur la Sambre vers Maubeuge ou Haumont et Pont sur Sambre. Pendant un moment la victoire fut indécise, mais l'armée Romaine fini par emporter la victoire.
A cette première hypothèse s'ajoute celle de Monsieur Emile Carlier qui voit dans la configuration de la partie de l'Ostrevant qui fut plus tard "L'île Saint Amand", le terrain marécageux que décrivent les commentaires de César. Il prétend "L'hésitation semble impossible", la défaite des Nerviens se produisit aux environs de Denain.
Le Docteur BOMBART situe le lieu de la bataille à Solesmes et ses environs.
Ceux qui situent la bataille sur la Sambre :
Maurice Hénault dans la revue Pro Nervia indique : La rencontre eu lieu sur les bords de la Sambre, entre Neuf Mesnil et Haumont.
Le Glay en observant les collines de Vaucelles, près de Cambrai ne pouvait : s'empêcher d'y trouver une identité parfaite avec les positions indiquées par César.
Cette question est aujourd'hui sans réponse. Peut être qu'une découverte archéologique de taille nous permettrait enfin de mettre un nom à cette bataille !
Je viens de relire un ensemble de documents sur la bataille de la Sabis. Recherchant moi-même l'histoire de ma commune, et suite aux fouilles actuelles a FAMARS, ville certainement ménapienne avant d'être gallo romaine; J ai pu faire un certain nombre d'observations
1 - Celle qui me parait la plus importante pour cette région est qu'avant l'ère chrétienne, elle ressemblait beaucoup à l'AMAZONIE : vastes forêts de feuillus, entrecoupées de nombreux fleuves, rivières, ruisseaux et marécages alimentés en permanence, grace à cette couverture forestière immense, régulatrice climat, protectrice des vents desséchants la terre, et pourvoyeuse en abondance de l eau retenue par les feuilles et les racines.
2 - Aux confluents des fleuves et des rivières, et même le long des fleuves, de vastes marécages infranchissables par des cavaliers ou des charrois
3 - Cette « AMAZONIE » existe encore lors de la guerre des Gaules et les écrits le montrent à l'évidence : après le Cambrésis, peu de Bourgs, de champs cultivés, sauf autour de bourgs non entourés de marécages. La seule ville reconnue et évitée est celle de FAMARS, entourée de tous cotés par des marécages, à l époque infranchissables.
4 - L'essartage en grand de ce massif forestier semble n'avoir été entrepris que plusieurs siècles plus tard, avec pour conséquences inéluctables la disparition des ruisselets, la baisse du niveau des rivières et des marécages.
5 - L'essartage des zones auparavant marécageuses n'a eu lieu qu au 13°siècle, avec les mêmes conséquences désastreuses pour l'irrigation des sols et une prise importante des vents, de même le débit des rivières en a été fortement affecté.
Voila pour les observations que j ai pu faire en lisant différents écrits émanant de cette région du HAINAUT et de BRABANT WALLON devenus du 1° siècle au 17° siècle, terres de conquêtes et de passage pour les guerriers. En fin en ce qui concerne SABIS, ne serait-ce pas judicieux de porter nos regards sur l'ECAILLON qui protégeait FAMARS des invasions, avec les marécages qui l'entourait. Le tracé de la « chaussée BRUNEHAUT » à travers les coteaux de CAMBRAI à BAVAY, me le suggère d autant que l'ESCAILLON, se rapproche fortement de SCALIS. Enfin ce que j'exprime devrait pouvoir être vérifié. Je vous remercie de votre attention et des documentations nombreuses mises à notre disposition et qui nous obligent à faire fonctionner nos neurones et notre imaginaire en mobilisant nos propres connaissances.
En 2013, la bataille continue !!!
Une fois la victoire acquise, César entreprend le siège de Bavay (Bagacum) la cité des Nerviens.
Le chroniqueur Jacques de Guise, indique qu'ensuite César donna ordre à ses troupes de s'emparer de la forteresse de Sebourg et de Famars. Les Romains s'établissent ainsi à Monchaux, où ils fabriquent des tours de bois et divers engins de guerre devant leur servir lors du siège de la place de Famars. Arrivée devant Famars ils brulent les tours et remparts qui défendent la ville, mais ils ne parviennent pas à y rentrer. De ce fait ils se retirent vers la Sambre pour s'emparer de Maubeuge et de Berlaimont. Ils reviennent ensuite devant Famars, où cette fois les assiègès démandent la reddition. Les Nerviens poursuivent la lutte encore quelques temps avant de capituler. Les Romains admiratifs devant la bravoure de leurs adversaires, décident de leurs laisser les terres qu'ils possédent ainsi que leur liberté.
La conquête terminée, Romains et Nerviens, Vainqueurs et Vaincus, cohabitèrent.
La conquête romaine se solde par le mise en place d'entités administratives, de routes et de villes qui marquent notre région de façon indélibile.
La présence Romaine à Haspres ne fait aucun doute. Haspres se situe à 3 kilomètres de la chaussée reliant Cambrai à la capitale Nervienne. Il est toutefois difficile de connaitre l'importance de notre village pendant cette période.
Charles Laurent, historien passionné, mais également archéologue à ses heures perdues, nous laisse de nombreux témoignages sur cette période.
Lorsqu'il construit sa maison (situé à l'angle de la place Gabriel Péri, près du pont du tordoir), des vestiges de substruction en pierres blanches sont découvert à environ 2 mètres de profondeur.
En 1881, lorsqu'il fait construire une véranda sur pilotis au dessus de la Selle, touchant à l'ancien lavoir on retrouve un dallage en grè, continuation du diverticulum qui franchissait la rivière à gué. A noter qu'une quinzaine d'épingles en or, sont retrouvées entre les interstices du grè.
On retrouve des pièces d'or gauloises de forme circulaire avec des bavures sur les bords, frappées d'un seul coté représentant un cheval libre au galop (voir illustration plus bas).
L'usage de l'or pour la monnaie est rare, cela signigie probablement la présence d'un responsable important à Haspres ou dans ses environs.
D'autres médailles de ce type sont trouvées aux alentours : Denain, Mortagne, Famars et Bavai. Les plus récentes sont frappées des deux cotés.
En 1859, Monsieur Caullet, fabricant de sucre à la ferme de Fleury, découvre en labourant : une maçonnerie de pierre blanche ayant la forme d'une petite chapelle. Celle ci contient une urne antique de terre blanche, quatre vases de terres noires, deux autres vases de terre blanche, des petits pots en terre noirs, ainsi que deux lampions en terre rouge. A l'intérieur des vases se trouve une médaille.
En 1890, lors de la construction du presbytère (à la place de la nouvelle poste), un puit construit en pierres blanches très plates est découvert, ainsi qu'un morceau de route à la façon romaine.
Des traces d'un hypocauste (système de chauffage par le sol) sont retrouvées en face de la mairie (à l'endroit de l'ancienne pharmacie COSSART).
En 1982, un four "romain" enterré est remis à jour, celui ci ayant probablement servi à la fabrication de terres cuites. Des constructions d'habitations du même genre que le puits et le four sont découvertes à un mètre en dessous du sol de la cour de la maison en pierres blanches de la maison de Monsieur Charles Laurent (fin du XIX° Siècle), tenante au pont du tordoir au coin de la grand place.
Des débris d'un temple romain sont découverts sous le choeur de l'église. Certaines pierres pourraient avoir servi à la construction de l'église primitive. Les "pierres bleues" dans le pignon en façade de l'église proviendraient de cette ancienne crypte romaine.
Les "Hautes Frêtes" (hautes crêtes), forment un ensemble de talus situé sur la rive gauche de la Selle en remontant le chemin de Noyelles, face au hameau de Fleury.
Il est évident que cet ensemble formé de talus et de fossés n'est pas de formation naturelle.
Charles Laurent, l'auteur de l'histoire de la Franche Ville d'Haspres indique : "emplacement d'un campement romain indiqué par des vastes fossés ayant servi de défenses. Vers 1880, à certains endroits, on pouvait encore y passer avec une voiture. Aujourd'hui (1934), ces fossés sont presque comblés. Ils entourent la hauteur située vers Noyelle sur Selle, Lieu Saint Amand."
La présence de la voyelle Y dans Fleury renforcerait donc l'idée d'un campement Romain à cet endroit.
De nombreux objets de l'époque Gallo Romaine furent d'ailleurs trouvé au lieu dit le "gué romain" sur la Selle.
Sources utilisées : André JURENIL - Denain et l'Ostrevant
Charles LAURENT - Histoire de la Franche Ville d'Haspres
L.DELHAYE - Bavay et la contrée qui l'environne.
M.HENAULT - Revue Pro Nervia : Haspres etudes archéologique