La fée electricité
 

Le 7 juillet 1898, le maire Charles Lamand présente au conseil municipal un projet d'installation de l'éclairage électrique à Haspres proposé par Messieurs Paul DEHOVE DENEULIN, directeur de la société "la Departemental électrique" et de Félix SICAUD GRIMBERT, dessinateur son associé.

L'équelette
L'équelette

Le projet prévoit la distribution d'éclairage et d'energie électrique pour une consession de 40 années. Un pli de la prefecture précise que la distribution de lumière est du ressort des services municipaux au terme de la loi du 5 avril 1884, et le corps municipal reste compétent pour concéder une telle distribution. Au contraire la concession des distribution d'electricité (energie electrique) pour force motrice ou pour tout autres usages industriels demeure dans les attributions de l'état. Le projet de concession d'energie électrique devra donc faire l'objet d'un contrat spécial.

Quelques mois plus tard, Messieur DEHOVE et SICAUD abandonnent la concession qui leur avait été accordée.

Un nouveau cahier des charges est alors établi par Messieurs Armand LAMAND, docteur en médecine, Napoléon COSSART et Numa LESTOILLE. Le conseil après avoir pris connaissance du nouveau projet, décide de nommer une commission de sept membres (Messieurs CAULLET, Léon BROUTA, Apollinaire BREUCQ, Charles DEROME, Ernest LESTOILLE, Rémy BOURGEOIS et Jean Baptiste VERIN) chargée d'étudier sa faisabilité.

En 1900 Monsieur DUVERGER demeurant à Cambrai, propose à la municipalité un projet qui est adopté par dix neuf voix contre deux.

Le 17 juin 1904, Monsieur Duverger obtient le monopole de la production électique du village pour une durée de 30 années au tarif de 70 centimes du killowatt. Le concessionnaire devra alimenter 40 lampes de 16 bougies pour l'éclairage des rues à partir de 4h30.

En 1905 une commission "dite d'électricité" chargée de designer l'emplacement des lampes de la commune est nommée par le conseil municipal. La commission est ainsi composée : Ernest LESTOILLE Maire et président, Léon MERCIER et Léon BROUTA adjoints, Edmond FOURNET, César BERA, Armand LAMAND, VERIN-POTTIEZ, MAROUZE-DUBOIS et Edmond TAISNE, membres.

La délibération du 3 avril 1905 est particulièrement interessante car elle nous apporte une mine de renseignement sur les noms de rues et le nom des habitants d'Haspres au début du XX° siècle. C'est ce jour que la décision de placer les 40 premières lampes a été prise.

Emplacement des 40 premières lampes électriques

N°1Rue de la fontaineGrande de Mr MARGERIN tenant à SELLIEZ-BOUCLY
N°2Rue de la fontaineLoin de la grange de Mr DECORNET, tenant au sentier
N°3Rue de la fontaineParc, lampe suspendue, maison Marie GILLOT
N°4Rue de VillersGrange de Mr CACHEUX, à 1m50 de la grande porte côté de la chapelle
N°5Rue de CambraiDerrière la chapelle à 1m50 du côté de la rue d'Avesnes le Sec
N°6Rue de CambraiEntre la maison de TAISNE Alfred et GRUET
N°7Rue de la fontaineQuartier des Hussards (nochère BERA)
N°8Rue de la fontaineEntre les maisons MOLLET et DENOYELLE
N°9AbreuvoirEmplacement de la lanterne actuelle
N°10Rue des planchesà 5m de l'angle du mur TAISNE-NOISETTE
N°11Rue des planchesPont de bois (emplacement de l'ancienne lanterne)
N°12Rue des planchesLampe suspendue
N°13Rue TaquetContre le mur du jardin de Mlle PAYEN, fâce à l'axe de la rue des Piliers
N°14Rue Taquetà 5m de la porte de l'estaminet MORELLE, face à la ruelle du marais
N°15Rue Notre DameEntre la maison et l'atelier LEFEBVRE - BRUMIAUX
N°16Rue de la petite ChasseCoin de la maison MAROUZE, côté de la rivière
N°17Rue de la grande ChasseCoin de la maison DEVILLERS, côté de la rue de Fleury
N°18Rue de FleuryCoin de la maison TAISNE Ch, côté de la gare
N°19Rue de FleuryMaison DELFOSSE
N°20Chemin de la gareà 100m de l'axe de la rue de Fleury
N°21Rue de FleuryLampe suspendue (place de la chapelle à 9m du mur de M.MERCIER et en ligne droite de la nochère
N°22Rue de FleuryMilieu du pignon TEINTE Edouard, face à la rue M.LAMAND
N°23Rue de FleuryMaison LOUVION, entre les deux portes face à la rue des planches
N°24Rue de FleuryTenant aux écuries M.BOUCLY-M.MORELLE
N°25
N°26
N°27
N°28Rue de ValenciennesCoin de la maison DENOYELLE Alphonse
N°29Rue de ValenciennesFaubourg MARCEAU, à 2m du trottoir, côté du cimetière
N°30Rue NeuveFerme de Léon MORELLE, face à la porte du jardin de M.LAURENT
N°31Rue Neuveface à la ruelle LORIOS
N°32Rue de ValenciennesLampe suspendue, au milieu des 4 rues près des maisons DELHAYE et CACHEUX
N°33Rue derrières les champsà 3m du trottoir, face au coin PIERRONNE, côté de chez DHAUSSY
N°34Rue derrières les champsContre le mur du jardin de M.VERIN
N°35Rue de SaulzoirEcurie de M.CHATELAIN
N°36Rue de SaulzoirCoin de la maison BOISSOT (côté du rinçoir)
N°37Rue de SaulzoirRuelle DERLANGRE
N°38Placeà 1m50 du trottoir, un peu à gauche de la porte de M.LESTOILLE
N°39Rue des PiliersA l'angle de la maison VERIN-POTTIEZ
N°40Rue de la villeCoin de la maison LAMOTTE (tenant à la rivière)

Les premiers essais d'éclairage ont lieu en septembre 1905. A l'apparition de la fée électricité, les enfants manifestèrent leur étonnement et leur joie par des cris bruyants de toutes sortes. Pour la ducasse, les Haspriens ont eu pour la première fois, leurs rues éclairées par l'électricité. L'événement fut célébré au champagne par le concessionnaire Monsieur Duverger. Certains dirent à l'occasion que si les vieux revenaient, ils n'en croiraient par leurs yeux !

En 1906 des lampes supplémentaires sont posées, d'autres sont déplacées. Une lampe composée de 5 bougies sera également disposée sous le porche de la mairie, afin d'éclairer l'entrée de l'escalier les jours de réunions.

Lampes supplémentaires

N°1Rue de SaulzoirPignon DHAUSSY-MOREAU
N°2Rue de VillersAxe du chemin de Villers
N°3Rue de FleuryMaison MAROUZE, coin côté de Fleury
N°4MairieMilieu du batiment
N°5Rue de CambraiMaison TAISNE-GILLERON, à l'angle de la rue de la fontaine et de la rue de Cambrai
N°6Rue du MaraisCoin de la maison Henri LAMOTTE, côté de la grande chasse
N°7Rue du HunPigon de la maison VERIN
N°8Chemin de la gareAngle de la palissade de la place près de la maison BAYARD
N°9Rue de VillersEn face de la ruelle LEFEBVRE
N°10Quartier des HussardsCoin de la maison GOSSE, côté de la fontaine
 

Changement emplacement des lampes existantes

N°1Rue de SaulzoirObliquer la lampe MORELLE-JOURNET de façon à éclairer la ruelle
N°2Rue de CambraiReporter la lampe TAISNE Alfred chez DAGNIAUX Armand
N°3Rue de la villeReporter la lampe DHAUSSY au coin de la maison DELPLANQUE
N°4Rue de FleuryObliquer la lampe Bruxelles de façon à éclairer la rue Notre Dame
N°5Rue TaquetReporter la lampe qui se trouve dans l'axe de la rue des Piliers à la maison WASTH Hyacinthe
N°6Rue NeuveReporter la lampe en face, c'est à dire près du jardin LAURENT.

En 1907, l'éclairage électrique est installé dans la salle de réunion du conseil ainsi que dans la salle de répétition de musique.

Des chutes de tension de plus en plus fréquentes sont constatées vers 18h00, ce qui rend mécontent la population. Monsieur Duverger averti par un procès verbal, régularisera la situation et fournira un éclairage de qualité pendant quelques temps.

En 1911, les écoles de la commune sont pourvues de l'éclairage électrique.

En 1920, c'est la turbine hydraulique installée au moulin par Monsieur DUVERGER qui produit l'electricité du village. Toutefois les besoins en energies étant de plus en plus amples, Monsieur Duverger est autorisé à fournir le complément via sa ligne à haute tension venant de la centrale thermique d'Haussy.

En 1922, l'éclairage électrique est installé à l'eglise.

En 1923, la S.E.R.V.A (Société d'Electricité de la Région de Valenciennes Anzin) propose de fournir l'électricité du village. La SERVA effectue une demande d'achat (le terrain sera en fait louer) d'une partie du terrain du moulin, pour pouvoir y installer un poste de transformation HT.

En 1932 tous les foyers installent l'electricité. La production devenue insuffisante, monsieur Duverger cède à la SERVA la concession de l'éclairage électrique à Haspres.

Mémoire descriptif sur la distribution publique d'energie électrique

Le courant sera produite par une des centrales de la Société d'Electricité de la Région de Valenciennes Anzin; ces centrales situées en dehors du territoire de la commune ne font pas partie de la concession.

Le courant sera transporté depuis ces usines génératrices jusqu'aux postes de transformation par des canalisations ne faisant pas partie de la concession

Un ou plusieurs postes de transformation, faisant partie de la concession seront éventuellement établis par la société concessionnaire en des points convenablement choisis de la commune et abaisseront la tension à la valeur fixée pour la distribution.

Canalisations

Les canalisations aériennes seront établies sur poteaux en bois injectés, béton armé ou métalliques ou encore sur potelets ou consoles placés sur les édifices à l'exeption des locaux scolaires, pour lesquels il y aura lieu de se conformer à la circulaire ministérielle du 25 avril 1912. Pour l'établissement des canalisations aériennes, le concessionnaire traitera à ses risques et périls avec les propriétaires pour la pose sur les immeubles des supports des conducteurs. La commune s'engage à lui prêter son appui moral auprès des propriétaires et à autoriser la pose des supports sur les édifices communaux. Des supports pourront être également placés sur la voie publique. L'emploi des canalisations aériennes est autorisé dans toute l'étendue de la commune à moins d'impossibilité technique dûment reconnue.

Tarif maximum

Pour l'énergie fournie sous une tension de 115 volts pour l'éclairage et de 200 volts pour la force motrice. Pour l'éclairage, le kilowattheure sera de 90 centimes de francs, pour les autres usages un barême sera appliqué en fonction de l'utilisation.

Eclairage des voies publiques

L'éclairage des voies publiques sera réalisé au moyen de lampes de 50 bougies, et sera assuré par le concessionnaire moyennant le prix forfaitaire de 39 francs par lampe et par an. Pour tenir compte de la majoration d'index, ce prox sera multiplié par la fraction : 0,90 + T / 0,90. L'éclairage des voies publiques fonctionnera pendant neuf mois de l'année, d'août et avril inclus, de 5 heures du lever du soleil, et du coucher du soleil à 24 heures. Toutefois durant la période du 1er novembre au 1er mars l'éclairage sera donné dès 4 heures 30. Il sera fourni en outre du coucher du soleil à 24 heures les jours suivants : le 1er mai, les 4 jours de la fête communale de l'Ascension, les 13 et 14 juillet. La prolongation de l'éclairage de nuit, donnée les jours de fête sur la demande de Monsieur le Maire, sera payée à raison de 0 fr 10 par heure supplémentaire et par lampe publique installée. Ce paiement ne pouvant être inférieur à 5 francs par heure de prolongation. L'entretien des lampes d'éclairage public sera assuré par le concéssionnaire moyennant le prix forfaitaire de 15 francs par lampe et par an.


Extrait du cahier des charges

En 1947, l"adhésion de la commune est donnée au Syndicat intercommuncal départemental d'électricité du Nord.

 

Sources utilisées : Archives Municipales