Il existait autrefois deux abreuvoirs au pont dit du moulin à bled, à savoir l'un venant de la grande rue des Chesnes, et l'autre dans la ville entre les ponts dudit Haspres. Le terrier de 1750 nous apprend que l'abreuvoir fut fortifié à cause des guerres de 1636, opposant les Français au Pays Bas. Cette fortification fut commandée par ordonnance de Monseigneur le comte de Bucquoy, grand Bailly et souverain officier du pays et comté de Haynault.
Ces abreuvoirs publics, permettaient aux animaux (chevaux, bétails, etc...) d'étancher leur soif directement à partir des eaux la rivière.
L'article 107 du terrier de 1750 nous apprend ceci :
La maison et héritage de Pierre Desvignes, contenant deux verges, en toutsou circuit battie sur la rivière, par arculles de graisseries, par en bas du pont du moulin à bled, tenant à l'abreuvoir venant de la place des chesnes, rue de Cambrai, ainsi battie pour et à usage de boucherie de la franche ville d'Haspres en prévosté le comte dudit Haspres; 1619 étoit ainsi depuis 1510, quelle a été rebatie par arrentement des vielles masures, venant de la prévôté dudit lieu; en 1660 Grégoire Duquesnes à cause de Martine Desvignes sa femme; en 1680 François Gaisse à cause de Anne Eleonore Duquesnes sa femme; en 1698 le susdit Gaisse; en 1709 les hoirs dudit Gaisse; en 1720 Philibert Boucly en action de Marie Martine Gaisse sa femme; en 1730 la susdite maison a été démolie par ordre et consenfement de Monsieur le prévot dudit Haspres Dom François de Carondelet, religieux de l'abbaye Royale de Saint Vaast d'Arras et prevot de la prévôté dudit Haspres et en cette qualité seigneur dudit lieu, mayeur et échevins et le consentement des manans bourgeois dudit lieu, pour et aux fins de facilliter, plus aisement les eaux sauvages à couler plus facilement hors de la ville dudit Haspres et la muraille que les mayeurs et gens de lois ont faict faire depuis l'abreuvoir jusqu'à la maison de Jean Joseph Cacheux a été faicte de la massarderie de la ville dudit Haspres, en mon dit seigneur de Carondelet ayant pris les matière de graisseries pour l'usage de la prévôté, il a faict batir une maison cave audit Philibert Boucly et pour tenir la mesure nature que celle demolie sur un boittelet de terre dict la canterraine de la massarderie dudit Haspres, encore ainsi 1749.
En 1829, un devis de reconstruction d'une partie du mur de l'abreuvoir en aval du pont des moulins est dressé par l'architecte Valenciennois, Vallez. En effet, suite au rigeur du dernier hiver, une partie du parement intérieur c'est écroulé. Par conséquent, de forte chute de pluie pourraient occasionner une crue du quartier. L'adjudication des travaux à lieu à l'hôtel de ville de Bouchain, selon la règle de l'article 3 du decret du 10 brumaire an 14 (sorte d'enchères inversées). Une fois les dossiers des soumissionnaires remis, le dépouillement à lieu. Le premier montant des travaux est fixé à 690 francs. Un premier feu est allumé et le prix est ainsi réduit à 600 francs, adjugé au Sieur Lionne de Trith St Leger. Au terme de six feux, le prix est de nouveau réduit à 560 francs, adjugé au Sieur Damez de Valenciennes, puis au terme d'un dernier feu, le prix est encore réduit à 525 francs et adjugé au Sieur Jean Baptiste Poix d'Haspres.
En 1835, l'abreuvoir situé en aval du pont du moulin à farine, est tellement délabré, que les chevaux et les hommes qui les y conduisent sont exposés a de grands dangers(SRC : Série O).
Celui que nous apercevons sur notre carte postale datée du début du XX° siècle fut supprimé et reconstruit un peu plus loin dans la rue du Général André.
En 1922 par suite de la reconstruction du pont sur la Selle (appelé autrefois pont de l'abreuvoir ou pont du moulin), un projet de construction d'un nouvel abreuvoir est portée à l'étude.
L'emplacement d'abord choisi est un terrain tenant au pont de la rue Gambetta et de la rue du Général André.
Toutefois le propriétaire refuse de céder son terrain, pour motif que celui-ci lui est indispensable.
Le choix se porte alors sur la serre de Maurice Lestoille, située sur un terrain au centre de l'agglomération et qui aboutit à la rivière.
Pour pouvoir réaliser le projet, un échange de terrain est contracté entre Monsieur Lestoille et la municipalité.
L'examen du dossier est confié à Messieurs Ernest Morelle et Jean Baptiste Delahaye, tout deux désignés en qualité d'expert pour procéder à l'estimation des parties de terrains à échanger.
Le montant total des travaux prévu s'élève à 18 000 francs, y compris une somme à valoir de 1 833 francs pour dépenses en régie, imprévus et honoraires.
Les dépenses seront prelevées sur la somme accordée à la commune par la I° commission cantonale des dommages de guerre de Bouchain.
Sources utilisées :
- Archives Départementales du Nord
- Archives Municipales d'Haspres