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Les premières traces de la culture du lin ont été retrouvées en Turquie et datent de 10.000 ans avant JC.
Au moyen age, l'activité textile se développe dans de nombreuses villes de Flandres et du Hainaut, faisant la fortune et la renommée des marchands. Ces villes bénéficient alors de droits et privilèges âprement défendus.
Un mémoire de 1763, fait état de l'utilité du commerce de batiste et de dentelles pour la région. Celui-ci fait subsister plus de la moitié des habitants des provinces du Hainaut, Cambrésis, Artois et Picardie. Celui des dentelles sert également à la subsistance des deux tiers des filles et femmes de Valenciennes. Il y a des dentellières dans toutes les villes et villages du Hainaut. La fabrique de ce fil de lin est un véritable savoir faire dans la région. Or depuis quelques années, certains commerçants n'hésitent plus à exporter ce fil de mulquinier à l'étranger, ce qui affaibli considérablement ce commerce.
Concurrence étrangère
Par un arrêt du 10 juin 1749, le gouvernement prend des mesures, défendant la sortie du royaume du fil écru, retord et du lin, sous peine de payer une amende de 3.000 livres. Mais, il est difficile de surprendre ceux qui font commerce dans cette province, car ils sont rusés et ce réglement ne produit aucun effet.
Le blanchissage de batiste occupe dans le valenciennois plus de 500 ouvriers des deux sexes. Les marchands de cette ville achètent sur le pied de 50.000 pièces de toile grise qu'ils font blanchir dans six blanchisseries. Les toiles se fabriquent dans les villes et villages du Hainaut et du Cambrésis. On emploie pour blanchir ces toiles, du lait, du savon, de l'amidon, de la cendre et de lazur. On ne tire de l'étranger que la cendre et lazur, le reste est pris dans le royaume. Le blanchissage est beaucoup plus important à Saint Quentin.
Cette manufacture est jusqu'à présent unique dans le monde, aussi les anglais font ils ce qu'ils peuvent pour en établir une semblable chez eux. Ils ont pour l'instant échoué, mais il est à craindre, qu'a force de tentative, qu'ils y arrivent. En 1744, le commerce de nos batistes est interdit en Angleterre. Interdit renouvellé en 1762 et 1763.
Il se fait également dans le Bradant des linons et en Silésie, des toiles superbes qui peuvent suppléer aux batistes telles que les étrangers tirent aujourd'hui. Le fil est devenu rare et il s'exporte des quantités importantes à l'étranger. Le commerce de la dentelle serait plus considérable si le fil propre à cet usage ne s'exportait pas dans les pays étrangers. Les manufactures de dentelle de Maline, Bruxelles et d'Angleterre, tomberaient, puisqu'elles ne sont alimentées qu'avec du fil qui sort de France. Il est prouvé que le plus beau lin et celui qui produit le plus beau fil, se receuille dans les environs de Valenciennes.
On a essayé de semer de la graine de lin venant de Riga dans les environs de Valenciennes et dans le Brabant. Celui qui a été recceuilli dans la première de ces provinces, s'est trouvé infiniment supérieur à celui de la seconde.
Preuve de l'exportation considérable, il s'est établi dans la ville d'Anvers, plus de 60 retordeuses qui mettent ce fil en état d'être blanchi. Toutefois le Sieur Dupuis de Valenciennes, blanchisseur à Valenciennes, à trouver le moyen de blanchir le fil, le résultat est d'aussi bonne qualité que celui blanchit à Anvers. Il est certain que si le gouvernement parvenait à empêcher l'exportation de fil dont nous sommes les seuls possesseurs, notre commerce de batiste et de dentelle fleurirait et nous reprendrions sur les étrangers les mêmes avantages qu'ils cherchent à avoir sur nous.
Comment empêcher l'exportation de fil de lin à l'étranger
Plusieurs particuliers de cette province n'ont d'autre métier que de ramasser le plus beau lin, et le plus beau fil. Lorsqu'ils en ont des quantités suffisantes, ils vont dans les bureaux de traites les plus proches du lieu de l'enlévement, prendre des acquits à caution de la destination des villages ou villes non fermée qui sont à l'extrême frontière, tel par exemple Saint Michel en Thiérache, village dont les maisons touchent au pays Autrichien, ou il y a 2 ou 3 fabriquants de batiste, pour faire voir que le fil y est destiné à y être consommé.
En plus de l'arrêt du 10 juin 1749 (contre le transport de fil retor à l'étranger), il faut ajouter la défense au fabriquant de batiste, ourdisseur et retordeur de fil de s'établir aux frontières du royaume, excepté dans les villes fermées. On ne doute que cette proposition ne rencontre des difficultés, surtout de la part de retordeur de Saint Amand, qui font une exportation considérable de fil à l'étranger, ce qu'il sera impossible d'empêcher tant qu'ils auront leurs établissements dans cette ville à cause de la proximité des frontières.
Jusqu'au début du XIX° siècle, l'activité reste essentiellement artisanale. Puis la révolution industrielle, inaugure l'âge d'or du textile dans le Nord de la France. Les vieux rouets et métiers à bras sont remplacés par les métiers mécaniques.
En 2005, la France était encore le premier pays producteur mondial de lin en quantité et en qualité. On rencontre cette fibre naturelle dans les champs alentours de la commune d'Haspres.
En ce début de XXI° siècle, il n'en reste plus que 76 000 ha, dont plus de 9000 dans le département du Nord. Le lin est semé de mi mars à mi avril. L'arrachage se fait mi juillet et la récolte de fin aout à fin septembre. Après l'arrachage on procède à l'étape du rouissage. Une fois la plante arrachée et couchée à terre, le processus de l'évolution de la matière se poursuit au sol durant près d'un mois. Une fois à maturité, il faut procèder sans tarder à la récolte. La récolte effectuée, on pratique le teillage, afin d'en extraire la fibre qui constituera plus tard le fil de lin. Par hectare, 7 à 8 tonnes de matière sont arrachées et 1 500 kg de fibre en proviennent. La majeure partie de la production Française est envoyée en Chine pour nous revenir sous forme de vêtements.
Le tissage s'effectue sur des métiers dont l'emploi nécessite certaines opérations préparatoires qui ont pour but les unes de former la chaîne (c'est ce que l'on appelle la préparation dans le tissage), les autres de rassembler les fils destinés à la trame sur des bobines spéciales auxquelles on donne le nom de cannettes aux épeules, capable d'être logées dans la navette du tisserand et de fournir régulièrement ce fil. La préparation de la chaîne comprend le bruissage, le bobinage, l'ourdissage qui est généralement suivi de l'encollage ou parage.
Bruissage
Le bruissage a pour but de fixer la torsion des fils de chaîne et de leur donner plus de résistance et d'élasticité; et ce, parce que les fils étant fortement tordus ont des tendances à se vriller ou à se replier sur eux mêmes, lorsqu'ils ne sont pas tendus. Le bruissage fait en plaçant les bobines ou pochets dans une caisse hermétiquement fermée, dans laquelle on injecte un jet de vapeur qui peut varier d'une demi heure à une heure.
Bobinage
La filature livre le lin destiné à la forme de la chaîne, sous forme d'échevettes. Pour le bobinage on reprend ces fils et on les enroule chacun à part sur les bobines ou bobinots. Le bobinage se fait soit à la machine, soit à la main, de plus en plus rarement d'ailleurs maintenant (texte fin du 19° siècle...)
Ourdissage
L'ourdissage est l'opération par laquelle on forme la chaîne qui se compose de tous les fils qui doivent être dirigés parallèlement entre eux dans le sens de la longueur de l'étoffe. L'opération de l'ourdissage s'effectue tantôt à la main, tantôt mécaniquement. Jusqu'à présent, toutes les fois que l'on doit faire des tissus présentant des fils de couleur dans le sens de la chaîne, on à recours à l'ourdissage à la main. Le fils des bobines vient alors s'enrouler autour de rouleaux que nous retrouverons dans le tissage.
Parage
Les différents rouleaux ourdis, les fils (si se sont des fils simples) doivent être encollés, car sans cela le mouvement des fils s'entrecroisant sans cesse produirait un inévitable hérissement des fibres, allant jusqu'à produire la rupture fréquente des fils de la chaîne, condition triplement nuisible en ce que :
1° elle donne lieu dans tous les cas à un tissu de mauvaise apparence et de force altérée;
2° elle réduit la quantité de travail dans la proportion du temps employé aux rattaches
3° elle occasionne des défauts de tissu ainsi criblé de ces rattaches que le plus habile ouvrier ne réussit pas complètement à dissimuler
Pour obvier à ces inconvénients, on pratique depuis un temps immémorial une opération qui consiste à enduire les fils de la chaîne d'une espèce de vernis soluble qu'on appelle parement, d'où vient que l'opération s'appelle parage. Ce parement permet de coucher le duvet à l'aide de brosses et de rendre les fils plus lisses et plus résistants.
Les principes qui doivent guider dans la préparation des parements en général, parce qu'ils conviennent à tous les tissus, sauf à modifier les proportions avec le concours de la pratique, peuvent se résumer ainsi : combiner judicieusement une substance agglutinative, un corps lubrifiant et un auxiliaire légèrement hygrométrique. Le parage est inutile dans les fils retors, la torsion liant et incorporant fortement les fibres.
Parage à la main : le parement s'applique sur la chaîne tendue par embarrées, c'est à dire par portions se présentant à découvert, en nappes horizontales sur le métier et que le tisserand peut atteindre avec les brosses à parer, sans être gêné par les organes du métier à tisser. Cette proportion correspond à celle qu'il travaille sans quitter sa place; après quoi il recommence à parer la portion qui a succédé à celle qui est actuellement dans le travail. L'opération s'exécute à l'aide de longue brosses en bonne soie, légèrement trempées dans le parement à l'état de bouillie claire, et que l'on promène sur la chaîne, en dessus et en dessous, bien parallèlement aux fils, de manière à les enduire uniformément, à éviter toute parcimonie ou tout excès sur certains points, ce qui serait également nuisible. L'opération terminée, il faut laisser à l'enduit le temps de sécher suffisamment pour que son adhérence soit complète avant de recommencer le travail; autrement, cela se conçoit, le travail serait raclé.
Parage mécanique : Divers moyen ont été mis en pratique pour le parage des chaînes. Les principaux consistent à faire passer les fils enroulés sur les différents rouleaux ourdis entre deux cylindres dont l'inférieur trempe dans un bac qui contient l'enduit : en sortant de là, toute la nappe reçoit de brosses le lissage voulu, après quoi, un ventilateur, tournant rapidement lance sur la nappe humide un air généralement chauffé par un calorifère ou un appareil à vapeur, de manière que le fil arrive sec sur l'ensouple (rouleau sur le devant du métier à tisser) qui doit être placé sur le métier. La machine employée au parage mécanique est dite paresseuse et produit en dix heures de travail 450 à 800 mètres par jour.
Un autre système consiste à recevoir le fil qui a passé dans les rouleaux enduiseurs sur un grand cylindre mécanique dans lequel circule la vapeur, de sorte que le fil humide, cheminant lentement sur une surface chauffée à 100 degrés, s'y sèche entièrement. Cet appareil est particulièrement désigné sous le nom d'encolleuse. L'encollage consiste donc à plonger le fil dans le parement afin d'ouvrir un peu ces fils pour que le parement y pénètre et augmente leur résistance. Cette manutention est plus économique que le parage qu'elle tend à remplacer de plus en plus. Une machine à encoller peut produire 7 500 mètres en moyenne par jour.
Remarquons que le parement pour encolleuse demande une préparation différente et beaucoup plus soignée, car la colle est un des points importants de l'encollage. Lorsque la colle est mal cuite ou inégale, elle n'est pas adhérente aux fils, peut produire des chaînes duveteuses à certains endroits, et par suite occasionner bien des difficultés au tissage.
Dressage
Vient ensuite l'opération du dressage à la chaîne , opération qui consiste à dresser la chaîne en nappe et à l'enrouler d'une manière absolument régulière avec des tensions absolument uniformes et parallèles autour du rouleau d'ensouple ou ensereuil. L'ensouple est constitué par un rouleau généralement en bois, quelques fois en fonte. On forme ainsi comme une grande bobine renfermant toute la chaîne. Le diamètre du rouleau est d'environ 10 centimètres. Les fils doivent suivre sur le rouleau, l'ordre qu'ils doivent occuper dans le tissu.
Trame
Pour l'opération de la trame, tous les fils de lin étant fournis en échevettes, il faut d'abord les reprendre et les transformer en cannettes ou épeules par un bobinage spécial qui prend le nom de cannetage ou épeulage. Les canneteuses ou épeuleuses sont analogues aux bobinoirs, mais elles effectuent l'enroulement du fil en couches coniques dont les limites se déplacent graduellement depuis le bout jusqu'à la pointe de la canette.
La navette
Diminutif de navis, vaisseau, navire. A généralement la forme d'un parallélépipède terminé à ses deux extrémités par deux pointes arrondies en métal; elle porte dans sa partie creuse dite chas ou fosse la cannette, bobine ou épeule, et la trame sort par un trou appelé duite. Au début on lançait la navette à la main, on le fait encore aujourd'hui, quand on fait usage de trames de plusieurs couleurs.