A proximité de la mairie et de l'église il y a un petit bâtiment en pierre blanche d'Avesnes le Sec, flanqué en façade d'une porte et de deux fenêtres à barreaux dénommé la "prison".
Le 18 juin 1815 Napoléon Ier est battu à Waterloo par l'armée coalisée. Louis XVIII est rétabli sur le trône de France. A l'issu des traités de 1815 la France perd toutes les conquêtes de la révolution. La France doit alors payer un lourd tribu et subir l'occupation de ses départements du Nord et de l'Est par des troupes étrangères.
A Haspres se sont les troupes Russes qui s'installent. Les cavaliers sont cantonnés près de la rivière (actuel parc Forget). L'endroit est alors baptisé "Le Quartier des hussards". Quant aux soldats, ils sont hébergés directement chez l'habitant.
En juin 1816, le sous préfet de l'arrondissement de Douai demande à la commune de prendre sur le champ les mesures nécessaires au cantonnement des troupes d'occupation. Une taxe additionnelle aux contributions directes, d'un montant de 10.329,80 francs est alors levée. (SRC : ADN série O) On apprendra plus tard que le cout fut de 28.000 francs.
La municipalité décide alors de détruire la vieille tour jouxtant la prévôté. Les matériaux issus de la démolition serviront à la construction d'une caserne.
En 1818 les troupes Russes rejoignent leurs contrées lointaines, et abandonnent ainsi les lieux. Aussitôt, la municipalité propose un bail de 9 ans pour la location partielle ou 18 ans pour la totalité des lieux. La moitié de la caserne est louée a un instituteur de la commune, puis à un marchand, Augustin Telle. Toutefois les lieux étant trop vaste, il devient rapidement compliqué de louer entièrement les locaux.
En 1828, la municipalité décide qu'a l'expiration des baux et dans l'intérêt de la commune de louer la totalité du bien ou alors de le vendre suivant les offres qui seront faites. Malgré toute la publicité réalisée autours de cette adjudication, aucune offre ne parvient. La caserne fini par être relouée pour un bail de neuf années pour un prix annuel de 350 francs.
En septembre 1831, démarre le projet de construction d'un petit corps de garde : Monsieur le Préfet, la commune d'Haspres, ayant assez de ressources pour faire construire un corps de garde, demande l'autorisation d'effectuer cette construction, au moyen de laquelle elle ne sera plus obligée de louer chaque année un local pour le service de la garde nationale. Le devis de cet ouvrage a été rédigé par l'architecte Vallez, etc....
Le cahier des charges de la construction de 1832
1 - Les briques utilisées dans la construction seront neuves et parfaitement rectangulaires.
2 - Le mortier sera composé de deux tiers de sable de Verchain et d'un tiers de chaux. Les mortiers devront être fait et envoyés plusieurs jours à l'avance et rebattus ensuite à plusieurs reprises avant leurs emplois.
3 - Les grès et pierres blanches provenant de la démolition seront proprement retaillés avant d'être employés.
4 - Les ardoises proviendront de Fumay, elles seront fortes et luisantes et de premier choix. Leur épaisseurs sera tel que 100 ardoises mises en piles devront donner une hauteur de 0,90 m. Elles seront fixées par deux clous au moins pour chacun des feuillets de bois blanc de 0,015 d'épaisseur. Ces feuillets seront attachés aux chevrons par trois clous au moins dit de 14.
5 - Les bois seront de chêne massif, sec, sans aubier, noeuds ni roulures et autres défauts. Ces bois proviendront des forêts de Raismes ou de Saint Amand, ceux de Mormal ne seront pas retenus.
6 - Les bois de menuiserie seront en état parfaitement secs et sans défaut.
7 - Les fers seront doux et proprement travaillés. Ils seront de la première qualité et proviendront des fabriques de l'arrondissement d'Avesnes.
8 - Le plafond sera fait en trois couches de mortier. Les deux premiers avec mortier de bourre grise et le troisième avec de la chaux du pays et bourre blanche.
9 - Les plâtrages seront faits aussi en trois couches avec les mêmes mortiers. Ils seront ainsi que les plafonds, bien appuyés et parfaitement dressés. Les mortiers seront fait avec de la chaux coulée à pied d'oeuvre, huit fois au moins avant son emploi. Les quantités de bourre a employer, grise et blanche seront déterminées à raison de 5 kilogrammes et 1/2 pour un hectolitre de chaux.
10 - Les déblais provenant de la démolition et des fouilles seront transportés aux endroits qui seront indiqués pour remblais des cavités des chemins.
11 - En général, les ouvrages dont il s'agit seront parfaitement exécutés, avec des matériaux des meilleurs qualités et suivants les règles de l'art.
Le projet est approuvé par le préfet le 12 octobre 1831, les travaux peuvent alors commencer. Ceux ci sont exécuté par l'entrepreneur Pierre Lionne. Le montant des travaux s'élève à 1499,90 francs. A l'époque, la construction est adossée à la muraille du Sieur Jacquemart.
La réception définitive des travaux a lieu le 27 août 1832.
La légende dit qu'on y enfermait parfois les personnes trop turbulente.
Durant de nombreuses années les murs du corps de gardes sont tapissés d'affiches en tout genre. Il y a même eu un urinoir adossé au pignon.
Tout cela a heureusement disparu, grâce à une première restauration dans les années 1980 entreprise par Messieurs Jean Leclercq et Guy Morelle. C'est deux bénévoles l'ont nettoyé et rendu dans un état proche de l'original.
Les années qui suivent le corps de garde fait office d'arsenal et de local municipal. Les canonniers y stockent le célèbre "Buque Fort", ainsi que ses réserves de poudre et de munitions.
La municipalité envisage en 2015 un projet de restauration du corps de garde.
Présentation du Projet :
- Toiture neuve en tuile de terre cuite petit moule
- Ravalement de la façade
- Aménagement intérieur
- Restauration des huisseries et ouvertures
Le cout de l'opération est estimé à 21.414,50€ HT pour les travaux de toiture et de façade.