La prévôté d'Haspres est la principale des prévôtés foraines dépendante de l'abbaye de Saint Vaast d'Arras. Elle a toujours jouit de certaines prérogatives, comme les revenus des droits seigneuriaux et reliefs. Parfois elle renonçait à quelques uns de ses droits au profit de la commune, comme l'accord de 1357 concernant le paturage des marais, wareschaix et aisemens de la ville d'Haspres. Comme le mentionne les historiens Louise et Auger, le prévôt accorda aux habitants la permission de pêcher dans la Selle depuis les planques jusqu'au colombrier de Fleury, dans le temps prescrits par la coutume, c'est à dire depuis la St Jean jusqu'au mois de février, avec des filets à la maille-le-comte.
Le droit de Quint Denier se percevait dans les successions collatérales. La perception de ce droit consistait au cinquième de l'héritage. Ce droit exorbitant fut l'objet de fréquentes contestations. Abrogé en 1631, il est remis en vigueur pour être finalement abandonné en 1785.
Le droit d'homme vivant et mourant est exercé par la prévôté d'Haspres sur tous les fiefs de sa dépendance. Les ecclésiastiques (chapitres, hôpitaux, fabriques, etc..) qui possédent des fiefs, sont obligés de donner homme vivant et mourant, ils doivent le rachat ou relief à chaque mutation qui arrive par la mort naturelle de l'homme vivant et mourant.
A tous ces droits ajoutons celui de relief ou rachat exercé par les seigneurs suzerains à la nommination de chaque prévôt. Quand les fiefs devinrent héréditaires, leur propriété passa au possesseur, et les seigneurs suzerains perdirent alors la liberté d'en disposer. Pour s'en dédommager, ils établirent à chaque changement de possesseur un droit appelé de relief ou de rachat. Chaque prévôt fraichement nommé acquittait ce droit, puis recevait l'investiture par un acte authentique le relief. Nous proposons quelques actes ci après.
Fiefs lige et ample, tenu du Duc Guillaume de Bavière, comte de Hainaut et de Hollande d'après un cartulaire de 1410 :
Folio 66 : Jehan de Gorzain, bourgeois de Valenciennes, tient de mon dit seigneur le comte, un autre fief, lequel est sur le vinage d'Haspres. Jehan Dugardin, fils Pieron, l'a acquis.
Folio 67 - Changement de prévôt : Dom Andrieu Doucastel, prévot de l'église de Haspres, tient de mon dit seigneur le comte, un fief ample, en la prévoté le comte qui est en la ville de Haspres. Ce folio nous donne quelques informations sur l'administration de notre village.
Fief ample qui comprend au tiers des lois et amendes de sang et burine (blessure et querelle) jugées par les échevins de cette ville. Item, y a t'il trois plaids généraux l'an. Item, peut il établir sergant et lieutenant au nom de lui. Et parmi y chieulx prévosté le comte est tenus de faire exécuter à des dépends, les fais et éxéctions en cas criminiels au jugement des échevins, avec plusieurs autres choses qui à ce dit fief sont appartenant, lequel fief fut acquis par Dom Jehan de Laens (Jean de Layens), précédent prévot de la dite église. Se doit à la mort dudit prévot, quiconque le soit, à mondit seigneur le comte, un marcq de fin argent ou la valeur, pour le relief, et vault par an icelui fief : C sols tournois.
Folio 69 : Sires Jacques li Abiers, curé de Ribercourt, tient de mon dit seigneur le comte, un fief liege, gisant au terroir de Haspres, qui fut à Mahieu Lambiert, contenant 17 mencaudées de terre ahanable (labourable) dont il avoit de cense par an V rasières de blé. Maistre Nicaise Lambert, li censier en droit et en lois l'a relevé de la sucession dudit Sire Jacques son frère. Messire Jehan Doucaunich, prestre, canonne de Sainte Anne de Douai, a acquis de celui fief 25 rasières de terre.
Folio 70 : Jehans de Soriel, demeurant à Haussi, tient de mon dit seigneur le comte, un fief liege contenant 10 mencaudées de terre ahanable ou environ, gisant au terroir de Haspres, tenant au chemin qui va de Haspres à Bouchain, duquel fief il peut avoir environ 10 mencaudée de blé. Jehan de Montaffié de Haspres en est héritier.
Folio 74 : Pierar Laumosnier, tient de mon dit seigneur le comte un fief ample gisant au terroir de Haspres, contenant 8 mencaudées de terre ahanable dont 6 sont plantées de bois et tiennent à la terre de Messire Jacques Lambiert, duquel fief il pooit ravoir de cense par an au jour de sen rapport 40 sols tournois.
Fiefs étant en la chatellenie de Bouchain, tenus de mon dit seigneur le Duc de Bourgogne d'après un cartulaire de 1473 :
Jehan de Monbert, comme mari et advoi de demoiselle Anne Du Gardin, fille de feu Jehan, tient un fief de mondit seigneur le comte gisant et comprennnant une portion sur le winage de Haspres.
Folio 159 : Martin Laumosnier, fils de feu Pierre Laumosnier, tient de mondit Seigneur le comte un fief gisant au terroir de Haspres, comprennant en 8 mencaudées de terre ahamable et tiennent à la terre de Messire Jehan Lambert.
Folio 172 : Marie Lambert, veuve de feu Alart de Montigny, tient de mondit seigneur le comte, un ief gisant au terroir de Haspres comprennant 17 mencaudées de bois.
Cartulaire de 1566 :
Folio 205 : Nicolas de Saint Genois, escuyer de Sieur de la Berlière et y demeurant, tient de sa majesté un fief ample s'etendant sur un vinaige à Haspres et Saulzoir, partant contre le sieur de Thiant et autres et si profite en sa part de 13 deniers les deux. Icelui fief à lui escheu par le trépas de Pierre de Waudripont, escuyer de son oncle.
Extraits du registre aux reliefs de fiefs de 1601 à 1623 :
Folio 132 : Le 6° jour de juin 1609, pardevant illustrissime prince et seigneur, Monseigneur le Duc de Croy et d'Arschot
Fief de Lawardin :
Relevé dans l'inventaire sommaire des biens de la prévôté
Un registre de l'abbaye du XIII° siècle déclare que ce fief, alors appartenant à Hue d'Aunoy, écuyer, relève de Saint Vaast à hommage lige; un autre de quelques années postérieures mentionne le même hommage de ce fief alors entre les mains de Jean de Segoncourt. En 1370, l'abbé de Saint Vaast voyant que personne ne se présentait pour faire le relief de Lawardin, en déshérance depuis la mort d'Ansel de Santaing en 1362, s'en fit adjuger les droits échus pendant la vacance. Il en jouit ainsi jusqu'en 1382, faute d'héritier. Ce fut alors que Bétrémieux de Percheval demanda l'arrentement de Lawardin pour 20 ans.
1382, vente dudit fief faite par l'abbaye de Bétrémieux de Percheval.
1502, dénombrement par Jean, Seigneur de Thiant, Aubry et Lawardin, héritier de Jacques, son père.
1563, Guillaume de Mérode, écuyer, sieur de Waron, époux de Jeanne de Thiant, qui tient de Saint Vaast deux fiefs dont l'un comprend le manoir du laverdin et 3 mencaudées de près, 6 muids 2 mencaudées de terre, des droits de terrage et de dimage, 12 gerbes de blé de rente et 30 "fors blancs" aussi de rente, et un autre fief de 15 mencaudées de terre à labour.
1595, dénombrement par Jean de Mérode sieur de Waroux, Voroux, Thiant, Gourgechon, Lawardin, de deux fiefs tenus de Saint Vaast, hérités de son frère Robert.
1601, procès contre le sieur d'Escardau qui prétend à la mouvance de ce fief.
1635, recette de droits seigneuriaux, d'Adrien Carlier, receveur du comte de Thiant, 1.600 livres tournois, pour droit seigneurial de vente de deux fiefs par lui faite à Jean Delewarde, bailli du dit Thiant, ces deux fiefs situés à Haspres (relevant de la crosse de l'abbaye de Saint Vaast), le premier nommé Lewardin, consistant en 3 mencaudées de prés et 6 muids 2 mencaudées de terres labourables et en droit de dimage et terrage, et le second dit Guizel de 12 mencaudées de terres labourables.
Le terrier d'Haspres de 1759 fournit les éléments suivants :
Carte P, article 80 : Terre à Nicolas Desvignes tenante à la terre susdit, au terroir de Noyelle aux N°75,79 et 81 ditte d'un muid cy faisant partie du fief Lawardin.
Carte K, article 24 et 25 : Terre à Nicolas Desvignes, nommé la seigneurie du fief Louwardin tenante à la terre sus-ditte au chemin de Noyelle, au marias, commune d'Haspres ditte de dix huit mencaudées.
Prévôté le Comte :
Autorisation par l’Abbé au prévôt Dom Jean de Layens (20 avr 1404) d’acquérir le fief dit Prévôté le Comte, sis à Haspres et tenu du comte de Hainaut.
Mandement de l'abbé (1606) à Dom Maximilien Leblancq, prévôt d'Haspres, de relever le fief de Prévôt le Comte à l'avenant d'un marc d'argent valant 40 livres tournoi, monnaie du Hainaut, du chef de Dom Guillaume Bosquet et, plutôt que d'entrer en procès, de payer ce même relief pour Dom Alphonse, maintenant grand prieur, qui fut quelque temps prévôt à Haspres.
Pouvoir par l'Abbé (1584) de Prévôt le Comte à Jacques Tacquet; en apostille, révocation de ce pouvoir et ordre d'en dresser un autre pour Jean Lemaire. Pouvoir (1595) de Jean Lemaire.
Prévôt le comte : La prévôté d'Haspres était un fief de l'abbaye de Saint Vaast, ayant elle même des vassaux, ses hommes liges et ses serfs. Désireux d'augmenter leurs bénéfices, les religieux d'Haspres concèdent quelques parcelles de terres dans le but d'y élever des maisons d'habitations. En échange de ces maisons, les hommes de travail étaient astreint à des redevances annuelles et vivaient sous le patronnage et la dépendance du monastère.
Vers la fin du XII° siècle, bien que soumis à l'abbaye de Saint Vaast et au Comte de Flandre, les prévôts d'Haspres voient leur pouvoir s'étendre et augmenter. Haspres reçoit alors du Comte de Flandre des institutions spéciales et s'organise peu à peu sous l'autorité du prévôt qui le représente et prend alors le titre de prévôt le comte.
Abbaye de Saint Aubert :
La prévôté d'Haspres possède à Avesnes les Aubert plusieurs fiefs, baux et droits de terrage. Elle y règle également quelques affaires de justice.
En août 1249, arrentement par l'abbaye de Saint Vaast à Celle de Saint Aubert les Cambrai, de terres, terrages et dîmes sur les villages de Saint Aubert, Saint Vaast en Cambrai, Villers en Cauchies, etc..., pour un cens annuel de 30 sous blanc et 33 muids les 2/3 en blé et 1/3 en avoine. Cet accord est ratifié par le pape Innocent IV en 1251.
En 1490, accord conclu entre la métropole de Cambrai et la prévôté d'Haspres, pour régler les droits de Seigneurie et l'administration de la justice que les deux églises ont tant en commun qu'en particulier au village d'Avesnes lez Aubert.
En 1520, dénombrement d'un fief nommé la prairie, héritière d'Avesnes les Aubert, relevant de la Crosse de Saint Vaast, servi par Adrien de Guillery. Le dit fief est saisie en 1692, faute de relief.
En 1611, un certificat du curé, bailly, mayeur et échevin d'Avesnes les Aubert, atteste que la métropole n'a aucun droits seigneuriaux, ni relief sur les terres de leur juridiction, sinon sur les fiefs.
En 1633, le bailly et la loi d'Haspres confirme le procès par homicide d'un crime comis à Avesnes les Aubert.
En 1652, une attestation du magistrat d'Avesnes les Aubert, confirme que la justice foncière dudit lieu appartient par indivis à la métropole de Cambrai et à la prévôté d'Haspres.
En 1693, certificat du Bailly d'Haspres et d'un arpenteur pour servir à un procès entre Jacques Soreau et Laurent Buiry habitant d'Avesnes le Sec.
Relief de la cense de Saint Achaire à Werchin :
Voir article sur le décanat.
Doyenné d'Haspres :
Relief en 1573 par Jacques d'Onnaing, bourgeois de Valenciennes, à la mort de son père Jacques, moyennant 20 florins, d'un office et servantise héritable appelé le doyenné d'Haspres, qui se comprend en 6 muids de blé de rente perpétuelle à prendre sur les revenus temporels de la prévôté.
Relief en 1614 de 12 florins payé par Jean Coellevin, marchand de drap de soie à Valenciennes, époux de Marguerite d'Onnaing, fille ainée de Pierre.
Sommation en 1623 par Olivier Lussegnies "bourachier" à Valenciennes, époux de Marie d'Onnaing, faite à Jean Coellevin, de se déporter de la jouissance de la moitié de lsa servantise qu'il détenait depuis le trépas de leur beau père commun, Pierre d'Onnaing.
Acte en 1626 de Dom Louis Basin, sous prévôt de l'abbaye, accordant à Jean Coellevin et à sa femme, la possession de toute la servantise.
Relief en 1660, payé par Pierre Payen à la mort de son père.
Quittances par les servants héritables des 8 mencauds de blé annuels qu'ils ont à recevoir des prévôts : les servants héritables sont Pierre d'Onnaing (1587); Gilles Grauwel, époux de Marguerite d'Onnaing (1631); Marie Payen (1704); Marie Catherine Payen (1725); Guislain Megenelle (1727-1744); Marie Joseph Louvion, épouse de Marie Claude Megnelle (1748).
Procès contre Louvion (1778-1779), au sujet du relief qu'il doit payer; dans les pièces produites à l'occasion de ce procès, une note dit que la servantise d'Haspres est la 6° des servantises de la sous prévôté; une des fonction
Fonction du servant : une des fonctions est de précéder avec une baguette blanche en main le prévôt quand il fait office, il porte la croix aux processions.
Relief du droit de request à volonté :
8 juillet 1575, réception par Pierre de Werchin, sénéchal de Hainaut, du relief "du droit de request à volonté", à cause de certaines terres tenues du château de Werchin.
Alleu de Catthem :
Le village de Catthem (Kattem) est situé du côté de Strijtem, paroisse de Borgt-Lombeck aux frontières du Brabant et de la Flandre Belge. Le 15 avril 1162, Martin, abbé de Saint Vaast d'Arras déclare qu'il a cédé à l'abbaye de Ninove, l'alleu que l'église d'Haspres possédait à Catthem, dans la paroisse de Lombeke, à la condition de payer un cens annuel de 50 sous à cette dernière église. (src : De Smet, corpus chronicorum Flandria).
Autre source sur le sujet, l'inventaire sommaire de la prévôté qui mentionne : Lunbecque, arrentement en avril 1162 par Martin, abbé de Saint Vaast à l'abbaye de Ninove des terres, bois, prés et cens que la prévôté d'Haspres tenait en alleu dans la paroisse de Lunbecca, in vico qui dicitur Cathem, à charge de 50 sols de rente envers la dite prévôté. Confirmation en 1195 de cet arrentement par Henri, abbé de Saint Vaast.
Un alleu est un bien héréditaire, libre de tous devoirs féodaux. Sous l'ancien régime, la terre était dite franche ou féodale. L'alleu est un bien possedé en propriété complète, opposé aux fiefs impliquant une redevance seigneuriale. L'alleu passe de plein droit, en cas de décès du propriétaire, à ses enfants ou héritiers.
Fiefs l'abbé :
Déclaration des censes et rentes des fiefs appartenant à l'abbé de Saint Vaast, renouvelé par frère Engrand Dujardin, prieur d'Haspres, commis et receveur des dits fiefs à Haspres :
1 - Marc de Mofflaines, fils de Jean, pour un manoir dit "le courtel l'abbé", rue de la fontaine, acquis par l'abbé Jacques de Kerles en 1113 et arrenté à Jean de Mofflaines à 7 sols et 6 deniers de reliefs.
2 - Jean Mangnier, 31 mencaudées en deux parties dont l'une de 17 au "camp à la justice".
A Villers en Cauchies, 10 mencaudées occupées par Antoine de Hainaut, situées au lieu dit "Dolenteval", et 8 autres, occupées par Etienne Cauchies.
A Avesnes les Aubert, une noitellée à usage de jardin, en la rue des fiefs l'abbé, et autres fiefs tenus par Jean Villain, Jean Buirette, Jean Hugo, Jacques de Haulcourt, Jean Legrand, Jean Lelong et Henri Lefebvre.
1586, Bail par l'abbé à Christophe Tacquet et Françoise Clincquart, sa femme des terres des fiefs l'abbé.
1587, baux de 78 mencaudées, sises à Haspres, Avesnes le Sec, Villers en Cauchies et environs, nommés le fief l'abbé à Christophe Tacquet.
1603, Déclaration de toutes les terres des fiefs l'abbé, consistant en 70 mencaudées occupées par Christophe Tacquet, ancien mayeur de la franche ville d'Haspres.
1777, Bail des fiefs l'abbé à Jacques Ernest Lestoille.
Terre du temple :
Une seule mencaudée de terre formait le domaine templier à Haspres. Nous retrouvons dans la série B 12110 des A.D.N un document au sujet de l'éxistence de ce petit lopin de terre donné par Wautier Robarde aux frères de la milice du Temple, ainsi que le fait savoir l'oficial de Cambrai au prêtre d'Haspres dans un acte de 1284. Ce lopin de terre se situait au lieu dit La Fluitière - SRC : Laurent Daillez, les templiers en Flandres, Hainaut, Brabant, Liège et Luxembourg.
Registre des déshéritances - fief à Haspres :
Le troisième jour d'avril 1559, Messire Valentin de Hacquegnies, prêtre chamoine d'Antoing et y demeurant, connait avoir vendu à Lyon de la Chapelle, bourgeois demeurant à Tournai, pour le prix de 300 livres tournois, un fief liège tenu du Roi à cause de son pays et comté de Hainaut gisant au terroir de Haspres, comprennant 17 mencaudées de bosquets environ, tenant au chemin qui même d'Avesnes le Sec à Noyelles et aux terres du temple deshérité comme à lui, venant de son patrimoine.