Des pratiques considérées jusqu'alors avec indulgence, où le culte des morts et le soucis de leur salut se mêlent, commencent a être réprimées, sous couleur de satanisme, par l'église.
En pleine réforme protestante, la multiplication des procès pour sorcellerie est l'une des manifestations les plus visibles de cette rationalisation des croyances religieuses.
Comme nous allons le voir dans cet article, les procés se succédent et celles ou ceux qui sont accusés sont condamnés aux pires supplices : bannissement, strangulation, pendaison, crémation, etc...
L'inquisition chargée de définir les critères de la vraie foi, bénéficie du soutiens des paysans. L'identification des hérétiques devient alors un enjeu de luttes dans les villages. La série H, nous montre que les principales victmes sont (exclusivement) les femmes, comme s'il fallait leur faire payer le prix de la faute originelle commise par Eve.
A la lecture des sentences, il est difficile de connaitre les motifs exacts de leurs culpabilié. Elles sont souvent accusées de magie blanche, de magie noire, de guérrir les malades, ou de rendre malade, d'infidélité. Pour ces motifs, l'inquisiteur s'appuie sur ce verset de l'exode Tu ne laissera pas vivre la sorcière.
Ces femmes possédent une connaissance de la nature. Elles connaissent les étangs, la forêts les ruisseaux, les herbes qui guerrissent ou empoisonnent. A l'heure où la médecine en est encore à la saignée, elles disposent d'un art empirique qui ne se transmet pas par les livres, mais par oral depuis la nuit des temps.
Le marteau de la sorcière (Sprenger et Institoris), est un réquisitoire contre ces femmes. Il donne la manière de procéder à l'arrestation, l'incarcération, les modalités du procès, l'usage de la torture, etc.
8 février 1611
Sentence rendue par Toussaint de La Chapelle, bailli de Guisignies, en présence de Lucas Vandervliet, lieutenant de Moarval, Charles Capit, licencié en lois, Gaugericques d'Aroult, Antoine Moreau et Wolgand Watteau, greffier, contre Jacqueline
Podvin, au dernier supplice par le feu pour ses démérites de sortillège, et préalablement étranglée craindant le désespoir; laquelle acceptant ladite sentence et de bonne volonté (s'y qu'elle disoit) en requerant merchuy à Dieu et à justice, requist povoir estre
confessée de tous ses pechez et lui faire venir à ces fins certain prebtre n'ayant curre quelque ce fust, puis ayant estée confessée et mise sur le chario, fut emmenée proche du vilaige de Guisignies, au lieu qu'on dict le Quesne ou qu'estant mise à l'attache comme estant sur la seigneurie de Haspres, après plusieurs
remonstrances a elle faicte touchant encoires son salut et la requerant de dire la vérité signamment en ce qu'elle avoit accusée d'estre sa tante Jeune de Le Haye associée de sortilege avecq elle, maintint qu'il estoit ainsy. Par quoy après avoir estée faicte publique lecture des faultes et meschancetées par elle
commis fut exécutée par le feu préalablement estranglée ledit jour.
10 février 1611
Procès contre Jeanne Le Fontaine, âgée de 63 ans, femme de Nicolas Vilain, d'Avenes les Aubert, convaincue du crime de sortilège confessant de scavoir tant abusé qu d'avoir renoncé à son Dieu, cresme et baptesme pour
adhérer au diable ennemy du gendre humain, par copulation charnelle s'estant apparue à elle en son jardin sur le soir en forme d'ung homme revestue de noir poeult avoir environ quattre an, estant icelle triste et desconforté se faisant nommer Elas, et il la nommoit Vilaine ayant receu la marcque et luy ayant donné
une pièche d'or la mis en sa bourse, ne trouvant que des foeulles, s'estant aussy trouvé par diverses fois aux danses nocturnes avecq plusieurs aultres en divers lieux en place si comme au chemin croisés, en bonne femme et au pont de Rieux, ayant aussy confessé d'avoir mis de la poudre grise que son amy le diable
luy avait donné, dedens un pot de demy lotz plain de bier que la femme d'Estienne Bazin estoit allés cercher en sa maison disant de par le diable, il fault que tu en moeur, en aiant aussy mis sur l'espaulle de la femme Gille Guillebault disant les mesmes parolles dont après avoir languy environ trois ans, elles
en seroient morts, aiant iceluy sieur bailly ouy toutte la confession de ladite Jehanne de La Fontaine.
L'accusé est condamnée au dernier supplice par le feu et à être d'abord étranglée.
22 février 1611
Contre Catherine de Hurtemont, femme de Martin Herlin, d'Avesnes les Aubert, par devant Robert Pelet, écuyer, seigneur du Sartel, bailli des prévôts, doyen et chapitre de Cambrai, et de Nicolas Bricoingne, bailli du prévôt d'Haspres.
La sentence est rendue et prononcée en la tour de chapitre d'Avesnes les Aubert, lieu ou se trouve le gibet.
L'accusée est convaincue d'avoir esté séduite par l'ennemy du gendre humain qu'elle dict se nommer Aridel, avoir renoncé a son Dieu et batesme, eut sa copulation charnel par plusieurs et diverses fois, receu d'iceluy une marcque en l'espaul gauce; avoir esté aux danses nocturnes en diverses lieux et eut dudit Aridel de la pouldre noir dont elle en avoit faict mourir Barbe Herlin, deuxieme femme de Nicolas Billion, faict malade Philippe Pinchon et la femme de Jaspart Corbizes, avoir abusé de la saincte et sacrée hostie plusieurs et diverses fois, desquelz maléfices il nous en est suffisamment apparue tant par sa propre confession, réitéré et maintenu par plusieurs et diverses fois...."
Elle est condamnée à être étranglée et son corps brûlé et réduit en cendres.
Contre Marie Casteau, femme de Noël Marquaix, d'Avesnes les Aubert, également pour sortilège estant à raison d'iceluy craint et redoubté de ses comanans, aiant mesme trouvé marcque de l'ennemy du gendre humain
Elle est condamnée à être conduite au seigne de la justice pour illecq estant liée, luy estre brullée sur la teste une couronne d'estouppe, puis à être bannie
16 mars 1611
Procés contre Barbe Lavalois, également pour sorcellerie, condamnée à être bannie des terres de l'abbé de Saint Vaast pendant 15 ans.
16 décembre 1611
Sentence au dernier supplice par le feu contre Cornille de Hecque de Guisignies tellement desreiglée de son debvoir que non obstant son jeune eaige de dix huit ans depuis environ quinze à seize mois si qu'elle dict elle a commis et perpetrez les cas et crimes cienssuit ascavoir renonchée à son Dieu pour adherer au diable et en copulation chairnelle avecq luy, luy donnant pour gaige un sien cheveu, estée depuis ce temps chacune sepmaine une fois au dansses nocturnes et diabolicques, iceluy estant appellé Varlet et elle Cornilio, eu après lesdites dansses à chasque fois ladicte adhérence au diable, mesme plusieurs fois en la prison, receu pouldre d'iceluy et entres mal user, sy comme par ses propres confessions sans jéhenne n'y constraincte faict avecq ladicte pouldre morir son propre cousin, filz de Estienne Potvin agé d'environ deux ans. Item faict morir à son oncle un cheval. Item faict encoire morir un cheval à Anthoine de Le Sart. Item faict sahourder une jument à David Leducq, rendit son poulain mort. Item fait morir à Nicolas Lefebvre un veau et un à elle mesme. Comme aussy faict langhuir pour un an tous les chevaux Pierre de Raismes et plus oultre le commun naturel des gens de biens, elle at horiblement et malereusement depuis ce temps abusé de la sainte et précieuse eucharistie la retirante de sa bouche pour porter sur une asselle à sa maison sans scavoir qu'il devenoit, avecq beaucoup d'aultres malefices par elle commis et perpetrez, cause que le sieur Toussaint de La Chapelle, escuier, sieur de Le Becq comme bailly des révérend pere Abbé, religieux et couvent de l'église et abbaye de Saint Vaast d'Arras comme seigneurs audit Guisignies au nom d'iceux et par résolution a condempné et condempne lad. Cornille au dernier supplice par le feu préalablement estranglée craindant le désespoir. Partant chascun se garde de mal faire car personne ne sera espargnié.
1613/1614
Annette Devemy, accusée de crime de sortilèges
1616/1617
Anne Debracq, accusée de crime de sortilèges
Martine Deschamps, femme de Jean Blaisse, prisonnière à l'office du baillage de la Franche ville d'Haspres, accusée de crime de sortilèges et ensuite évadée.
Sources utilisées :
- Inventaire sommaire de la prévôté
- La franche ville d'Haspres Th. Louise et E. Auger