Histoires de crime
 

Depuis quelques temps, on ne compte plus les émissions de télé et de radio sur les affaires criminelles. Il en va de même dans le domaine de la presse écrite, outre la série consacrée aux grandes affaires criminelles de la région, publiée par la voix du Nord, Bernard Schaeffer a quand à lui écrit plusieurs ouvrages sur le sujet. Nous n'allons pas faire dans ces colonnes du sensationnel, mais tenter au travers des articles et sources disponibles de relater les faits qui se sont déroulés à Haspres.

Procédures criminelles à la prévôté

Poilus Jean Flahaut fut condamné en 1630 pour avoir assassiné d'un coup de couteau Nicolas Bricoingne, bailly d'Haspres. Il fut condamné à un poing coupé puis envoyé à la potence.

Poilus Ignace Cacheux fut condamné en 1681 par contumace (absence du condamné) a être fouetté et banni pour 30 ans, pour avoir bléssé très dangeureusement Martin Neuféglise en lui donnant plusieur coups de courbet sur la tête.

Poilus Condamnation pécuniaire de Pierre Joseph et Adrien Mercier et leurs femmes, qui en 1732 ont maltraité et bléssé Jacques Mereau.

Massacre à coup de hachette - 1899

Cette affaire bouleversa la petite vie tranquille de notre village en 1899. Tous les journaux de la région et même le parisien evoquérent cet affreux paricide.

La victime : Siméon Dhaussy agé de 78 ans, cultivateur, habitait avec son fils Eleuthère, la ferme dit "du prussien", située à l'angle de la rue de la Vierge (actuelle rue Lodieu) et du la rue de la fosse aux chevaux (actuelle rue du 8 mai).

L'assassin : Eleuthère Dhaussy, 45 ans, célibataire, "un mauvais sujet de la pire espèce, vagabond, paresseux, ivrogne,...., il collectionne tous les vices", lit on dans l'edition du 6 juillet 1899 de l'Impartial du Nord. Il avait déjà été condamné pour violences en 1874.

Pourquoi ? "Pendu" une bonne partie de son temps au cabaret, Eleuthère n'avait cesse de réclamer de l'argent à son père.

Les faits : Le lundi 2 juillet 1899, le domistique Charles Morel surpris de n'avoir encore croisé son patron, demande à Eleuthère si celui-ci est souffrant. "Non,.... il est sorti", lui répond Eleuthère. Les tâches de sang sur la chemise d'Eleuthère n'échappérent pas au regard du domestique, qui lui demanda s'il s'était bléssé ? "Oui, je suis tombé", lui répondit Eleuthère.

Le lendemain, Charles Morel, soucieu de n'avoir aucune nouvelle de son maître, alla trouver Monsieur Derome, adjoint au maire et Monsieur Béra, secrétaire de mairie.

Aussitôt le premier magistrat envoya chercher à Saulzoir, la soeur de Siméon. Celle ci n'avait pas vu son frère.

Autour de la ferme, une foule importante s'était attroupée. Eleuthère, hagard, observait depuis son réduit les investigations de ses concitoyens. Il tenta de s'enfuir par les toits, mais plusieurs personnes s'interposèrent et il fut maîtrisé.

Le cadavre de Siméon Dhaussy, fut découvert dans la fosse à purin. Le corps gisait dans la citerne, la tête ne formant plus qu'une informe masse sanguinolante.

Edition le Parisien du 5 juillet 1899

L'aveu : Interrogé par Monsieur Béra, l'assassin tenta de nier avant d'avouer son crime. Eleuthère déclara que lundi matin, il était venu réclamer de l'argent a son père et que celui ci avait refusé. Excédé, Eleuthère s'empara d'une hachette. Fou de rage, il s'acharna sur son père. Puis, il fouilla la victime et pris son porte monnaie qui contenait 15 francs et 45 centimes. Ensuite, il amena le corps sans vie de son père jusqu'à la citerne ou il l'abandonna.

Prévenu par Monsieur Derome, les gendarmes de Bouchain et le parquet de Valenciennes arrivèrent aussitôt sur les lieux du crime et commencèrent l'enquête.

Les magistrats procédèrent aux constats d'usage et poursuivèrent l'interrogatoire d'Eleuthère Dhaussy. L'autopsie fut en partie réalisée par le Docteur Lamand.

Encadré par les gendarmes, Eleuthère fut conduit à la maison d'arrêt de Valenciennes.

Les assises : L'accusé ne fut pas jugé lors des assises suivant le crime. Il s'était pourvue en cassation contre l'arrêt de la chambre des mises en accusation. Au terme de l'interrogatoire Eleuthère reconnu une nouvelle fois les faits déjà avoué.

L'avocat général Chanzy demanda la peine capitale. L'avocat de la défense Maitre Hooger, porta tous ses efforts pour attribuer le crime sous l'influence de l'alcool.

Au terme des débats, le jury annonca le verdict de culpabilité sur les questions de meurtre et de préméditation, mais attribua des circonstances atténuantes.

Le 18 décembre 1899, Eleuthère Dhaussy fut condamné aux travaux forcés à perpétuité. Il mourrut au bagne de Cayenne.

Un crime sous l'Empire - 1806

Journal de l'Empire, dimanche 25 mai 1806

On lit dans la Feuille de Cambrai, du 21, "qu'un crime affreux a été commis, dans la nuit du 16 au 17 de ce mois, à Haspres, près d'Avesnes, arrondissement de Douai. C'étoit la fête patronale du lieu : deux jeunes personnes, filles de la veuve Havez, fermière, après avoir passé une partie de la nuit à danser dans une maison du village, trouvèrent, à leur retour chez elles, leur maère infortunée, qu'elles avoient laissée seule à la maison, étendue sans vie près de son lit, percée de coups et horriblement mutilée. Des brigands, profitant de l'absence de ses filles, s'étoient introduits chez elle et l'avoient égorgée. Ils avoient enlevé tout l'argent qui se trouvoit dans la maison, sans toucher aux hardes ni aux bijoux. Les auteurs de ce crime ne sont pas encore connus; on est à leur poursuite.

Tentative d'assassinat - 1868

Journal des débats du 29 février 1868

Le Propagateur du Nord signale une tentative d'assassinat, dont le mobile était le vol.

Le crime a été commis pendant une des dernières nuits sur les sieurs Morelle père et fils, propriétaires cultivateurs à Haspres. Au moment où ils entraient dans leur écurie, vers neuf heures du soir, pour donner le souper aux chevaux, un individu qui était caché derrière la porte s'élança sur Morelle fils, lui asséna sur la tête un coup de ferment et le renversa. Morelle père, étant venu au secours de son fils, fut aussi frappé et bléssé par le même individu.

Les deux blessés appelèrent au secours, se cramponnèrent aux vêtements de l'agresseur, et, malgré le sang qui coulait de leurs blessures, purent le contenir jusqu'à l'arrivée des voisins attirés par les cris.

L'assaillant fut reconnu pour un nommé Pierre Gourdain, âgé de vingt ans, tisseur dans la dite commune.

Le maire et le garde champêtre, avertis, arrivèrent aussitôt, et Gourdain fit des aveux complets.

Il raconta avoir été engagé par un nommé Jonathas Roland, qu'il avait rencontté dans la rue, à profiter de ce que Morelle père et fils soupaient ce soir-là chez un de leurs parents avec le reste de la famille, pour faire un bon coup dans leur habitation, où il devait y avoir beaucoup d'argent.

Les deux complices s'étaient en conséquence, introduits dans la ferme; mais, au moment même, Morelle père et fils y rentrent. Voyant ceal, Roland prit la fuite et Gourdain se cacha dans l'écurie, où il attaqua les Morelle, comme nous l'avons dit ci dessus.

Gourdain, placé sous bonne garde dans le dépôt de sûreté, a été, le lendemain, conduit à la prison de Valenciennes.

Le ferment, un couteau, les vêtements des sieurs Morelle ont été saisis et déposés au greffe comme pièces de conviction.

Volé et décapité - 1893

Journal la presse du 6 février 1893

Lille, 5 février.
Un crime horrible vient de jeter la terreur dans l'arrondissement de Valenciennes.
Jeudi matin, près de la commune d'Haspres, des ouvriers se rendant à leur travail rencontrèrent une voiture sans conducteur, le cheval marchait au pas. Ils arrêtèrent l'équipage, et ayant visité l'intérieur de la voiture aperçurent un corps décapité. La tête avait roulé au fond du véhicule.

L'individu assassiné est un marchand de casquettes de Bertry qui se rendait chaque semaine à Valenciennes.

On croit qu'il a été attaqué et dévalisé par des rôdeurs qui l'ont ensuite assassiné de peur d'avoir été reconnus.

Une enquête active se poursuit.

Assassinée par amour - 1937

Affaire Léon Dufour, 1937

Léon Dufour est né à Haspres en 1895. Huitième d'une famille de neuf enfants, il perd son père à l'age de deux ans, ainsi que deux de ses frères à la guerre. Ne sachant ni lire, ni écrire, il passe son enfance à mendier. Pendant la grande guerre, il est fait prisonnier. Il est ensuite soldat dans la Creuse pendant 3 ans. Puis il enchaine les petits boulots. En 1925, il devient chauffeur livreur à l'usine.

A 24 ans, il épouse Noémie Falce. Le couple s'installe d'abord dans un baraquement avant d'acquérir une petite maison avec jardin pour y cultiver des légumes.

Qualifié d'individu renfermé, taciturne, sombre, sans distraction sociale, après sa journée de travail il aime son petit verre d'alcool déclare t'il a Maître Duriez son avocat.

La boisson le rend parfois furieux de rage. A plusieurs reprises il menace de tuer sa femme.

Le drame de Lourches

Le 27 septembre 1937, probablement des suites d'une nouvelle discorde, Noémie se rend chez ses parents à Lourches. Dans l'après midi, furieux de ne pas trouver son épouse au foyer conjugal, Léon Dufour monte au grenier, s'empare d'un vieux révolver et d'une centaine de cartouche. Il enfourche sa moto et se rend à Lourches. Lorsqu'il se présente au foyer Falce, il franchit le pas de la porte l'arme au poing et lance "Haut les mains, que personne ne bouge !". Il se jette alors sur son épouse, lui arrachant les cheveux. Auguste Falce, se rue sur son beau frère pour tenter de le maîtriser. Un coup de feu claque, Noémie Falce s'affale sur le sol. Auguste Falce, tente une nouvelle fois de maitriser le meurtrier, nouveau coup de revolver, nouvelle victime. Auguste Falce, s'effondre au sol, abattu d'une balle en plein front. L'épouvante reigne au sein du foyer Falce. Raymond Falce, l'autre jeune beau frère, s'avance vers l'assassin. Dufour le menace de son révolver puis sort de la maison. Le pére Falce se précipite à la poursuite de son gendre. Dufour, porte alors le révolver à hauteur de sa tempe, un nouveau coup de feu claque. Dufour, tombe sur le pavé, la tête ensanglantée.

Alertée, la gendarmerie intervient rapidement. Louis Déprez, maire et son secrétaire de mairie prennent les mesures d'urgences. Comble de l'ironie, les deux époux tragiquement réunis, sont aussitôt transportés à l'hopital de Denain.

Désespéré par son acte, Léon Dufour tente de mettre fin à ses jours dans sa cellule le 20 octobre 1937.

Le 24 janvier 1938, au terme d'un long plaidoiyer de Maitre Duriez, le jury inflexible de la cours d'assises condamne Léon Dufour à la guillotine.

Le président de la république Albert Lebrun le gracie. Leon Dufour condamné à perpetuité doit finallement partir pour le bagne de Cayenne. Toutefois un décret de 1949 allège sa peine à 20 ans de réclusion, et en 1946 le bagne de Cayenne devait fermer ses portes.

Incarcéré à la prison centrale de Mulhouse, Léon Dufour est envoyé à Angers pour déterrer des bombes.

Le 12 décembre 1956, Léon Dufour est libéré. Retiré à Haspres il y décède le 26 mars 1970.3



Haspres - Genealegrand
© 2012 - Olivier LEGRAND