Laissons la parole à Monsieur Serge KAUFMAN :
"Ce disque c'est celui de la fanfare d'Haspres. Le premier jamais enregistré par des musiciens d'une petite ville du Nord de la France, située entre Valenciennes et Cambrai. L'enregistrement de ce disque à bien sur une histoire, une très belle histoire même, que je vais me permettre de raconter, du moins son début.
Il y a un an a peu près, je m'étais rendu à Haspres pour tourner mon émission les musiciens du soir. J'avais en effet découvert une excellente fanfare, entierement composée de musiciens amateurs, qui sous la direction de leur chef, répétaient dans une atmosphère particulièrement chaleureuse et fraternelle. Grâce à tout cela, grâce aussi à la présence durant le tournage d'une grande partie de la population, nous devions réaliser un fort bon travail, puisque quelque temps après la diffusion de l'émission, les responsables de la fanfare se firent contacter par la maison Philips pour enregistrer un premier disque.
On s'imagine aisement la joie des musiciens en apprenant cette nouvelle, une joie que la télévision, et plus particulièrement le service de la musique entendait partager et prolonger.
C'est ainsi qu'après l'équipe des musiciens du soir, celle de musique en 33 tours se rendit à Haspres et que pas à pas elle s'efforça de suivre la préparation, puis l'enregistrement de ce fameux disque. C'est ce que maintenant nous allons raconter. Place donc aux musiciens de la fanfare d'Haspres."
Emission de Serge KAUFFMAN.
La fête au village
Comme chaque année au mois de mai, le jour de l'ascension a lieu la procéssion. Celle ci est emmenée par les canonniers, suivi de la fanfare, des enfants de coeur, et d'un cortège de villageois. Elle demarre de l'église passe par la place, ou de nombreux manèges de la ducasse attendent les enfants, puis se dirige par la rue de Fleury pour s'arrêter a la chapelle Notre Dame.
Les Saints patrons St Hugues et St Achaire sont promenés pour cette grande occasion. Arrivée a la chapelle la troupe s'arrête pour commencer ses louanges à Marie. L'abbé Bourgeois comme alors son discours par l'eternel phrase : "Mes chers amis, qu'est ce que l'ascension, c'est la ducasse d'Haspres. La réponse est légendaire chez nous. Et si elle n'a pas été formulée ainsi, elle méritait de l'être. Oui, c'est aujourd'hui le quarantième jour après pâque, que le Christ est retourné vers son père, c'est en même temps ici et depuis fort longtemps la fête au village parce que nous honorons St Hugues et St Achaire. Et ce fidèle à une tradition......."
L'abbé Bourgeois, curé de la paroisse.
Une fois la procession terminée, la foule se rend sur la place du village, ou les enfants s'empressent vers les nombreux manèges. Pendant ce temps les canonniers sont occupés a chargé le canon appelé le "buque fort", qui faisait jadis frémir les envahisseurs. Une fois chargé celui ci tonne pour annoncé le début des festivités. A la fin de l'après midi, la fanfare sous les ordres du chef de musique Mr Minair, donne son traditionnel concert devant les représentants de la commune et leurs concitoyens. A la fin du concert Fernand Taisne lance d'un ton amusé : Monsieur le maire nous attend a l'abreuvoir.
En attendant .......
L'ultime répétition
La veille du grand jour, il faut répéter encore une fois afin que tout soit impécable, les musiciens se retrouvent à la salle Maurice Thorez pour l'ultime répétition. Avant d'entonner les premières notes, le chef Monsieur MINAIR fait l'allocution suivante :
"Bon messieurs, vous savez que cette répétition est capitale, parce que demain nous enregistrons notre premier disque. Nous allons interpréter les cadets de Brabant, mais pensez bien de l'interpreter sans les reprises. Ne l'oubliez surtout pas, vous avez aussi un petit passage à la cinquième mesure, après la reprise, pensez y aux remarques que je vous aient faites. Nous sommes prêts !"
La répétition débute, les musiciens sont concentrés à leurs tâches. Le chef de musique à la in des premières mesures félicite ses partenaires.
"Et bien messieurs, très bien. Si cela va comme ça demain cela va aller vite. Ah oui c'est vraiment très bien."
La répétition se poursuit, parfois insatisfait Monsieur MINAIR interrompt le morceau pour le commenter. "S'il vous plait, prenons bien tout de suite le mouvement de croches, des deuxième et troisième temps, reprennons."
L'aventure parisienne commence......
Le jour J, les musiciens et les canonniers très exités se rassemblent sur la place pour prendre le car. Pendant le trajet l'ambiance est joyeuse, et les refrains "accordéonneu t'ai toudis joyeux" s'enchainnent jusqu'aux studios Philips rue des dames à Paris.
Interview de Monsieur Minair durant l'enregistrement :
Cette aventure collecive est également une aventure pour vous individuelle parce qu'enfin au point de vu de la direction de l'orchestre, c'est pour vous un essai extraordinaire.
Oui, ecoutez je ne saurai pas vous exprimer ce que je ressens, les mots me manquent mais vraiment c'est une très grande joie.
Parce que sur le plan musical, vous êtes avant tout un trompétiste, enfin vous étiez trompétiste..."
Oui, encore, encore, toujours..
Ou jouez vous ?
Au théatre d'Anzin, à l'orchestre du théatre d'Anzin, il y a 25 ans que je joue.
Et comment faites vou, vous étudiez très attentivement vos partitions au piano, comment faites vous ? pour préparer le travail ....
Je les prépare, je prépare toutes les partitions à la trompette, je les faits toutes à la trompette.
Toutes les voix ?
Ah oui, oui, oui, je les transpose, les arrange à mon gouts.... j'entends les autres intrusments intérieurement, vous savez, je m'arrange....
Mais au point de vu des gestes, vous vous exercez ?
Ah non! non, non, ca c'est au fur et à mesure de l'éxécution de l'interprétation, les gestes me viennent, ca je ne saurai pas l'exprimer."
Qu'est ce qui vous a paru moins bien aller, autant pour vous que pour vos musiciens ?
Pendant notre enregistrement ? Et bien écoutez, en arrivant nous n'étions pas habitués à une salle insonnorisée, si bien aménagée, surtout avec des micros qui prennaient tout. Un claquement de piston, ça prenait ici une ampleur démesurée. Nous avons été surpris de la qualité du matériel qui captait tout, et même Monsieur Bibone quand il nous a enregistré le premier morceau, il nous l'a fait enregistré, puis il nous a tous fait venir dans la cabine pour écouter l'effet que ça donnait, bien effecivement nous avons été surpris, on ce regarde encore tous !
Quelques anecdotes amusantes, ont été filmées pour complèter ce film, tel le déjeuner pris dans un restaurant chinois. Ou encore le défilé improvisé boulevard Batignolles, avec les canonniers trainant le "buque fort" au milieu de la foule amusée.
Sources utilisées :
- Enregistrement vidéo de la fanfare;
- Centenaire de la fanfare d'Haspres écrit par Monsieur Marcel Delmotte;
- Archives municipaux.