En parcourant avec attention les différents lieux et édifices de notre village, j'ai relevé plusieurs blasons ou armoiries qu'il est interessant d'analyser.
Quelques mots sur cette science des armoiries que l'on appelle l'héraldique. Tout d'abord les couleurs fréquemment utilisées sont aux nombres de six, séparées en deux groupes : les métaux et les émaux. Les métaux sont représentés en jaune (or) et blanc (argent). Les émaux comprennent le rouge (gueules), le bleu (azur), le noir (sable), et le vert (sinople). Le fond de l'écu peut être d'une seul ou deux couleurs, séparés par des traits horizontaux (coupé), verticaux (parti) ou obliques (tranché et taillé), se référant à quatre mouvements d'épée. Ces séparations sont appelées partitions. Les pièces honorables se superposent aux partitions, elles sont composées de motifs horizontaux (fasce), verticaux (pal) et oblique (bande et barre).
Les armoiries sont des marques d'honneur et de noblesse. Elles servent à distinguer les familles, à rappeler quelquefois leurs noms leurs possessions ou les actes de bravoures d'un de leurs ancêtres. L'usage des armoiries fut d'abord introduit par les chevaliers, qui, bardés de fer, n'avaient pour se faire reconnaître dans les tournois et les champs de bataille que les signes symboliques tracés sur leur écu. L'usage ce répandit très vite dans tous les rangs de la noblesse et de la haute bourgeoisie. Les villes imitèrent à leur tour cet exemple, et adoptèrent un blason.
Après la révolution un décret abolit les armoiries, cependant celles ci réapparaissent sous l'Empire. Les armoiries créés sont soumises à un code strict représentant leurs fonctions et leurs titres. Les armes sont soumises à l'approbation de Napoléon.
Les armes figurent sur la façade de la mairie, et sur les plaques des rues de la ville d'Haspres.
La description des armes d'Haspres "D'azur semé de fleurs de lis, de sinople à fasce d'argent" figure dans l'armorial des communes du Nord. Il est d'ailleurs précisé dans cet ouvrage que les auteurs de La ville franche et la prévôté d'Haspres, Th.LOUISE et E.AUGER donnent bien ces armes, mais intervertissent les émaux en énonçant - d'argent à la fasce de sinople.
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Les armes sont également enregistrées dans l'armorial général de Flandre page 279, n°369 La prévosté de Haspré près de Valencienne : Party, au premier, d'azur à cinq fleurs de lis d'or, posées en sautoir; au second, de sinople, à une fasce d'argent.
Le premier du parti doit se lire : semé de fleurs de lis, et non : à cinq fleurs de lis en sautoir.
Selon Le Carpentier, historien du Cambrésis, Haspres porte pour cri de guerre Waillincourt; et pour armes d'argent semé de billettes de gueules au lion de même. Cette information est à prendre avec précution et mérite de plus amples investigations.
Observons que Ghissignies, petite commune de l'Avesnois et ancienne propriété du décanat d'Haspres possède les mêmes armes que les notres.
Pénétrons à présent à l'interieur de l'église.
A l'entrée sur notre gauche, à proximité des fonds baptismaux, sont enchassées les armes d'argent en chevron de sinople, avec trois quintefeuilles de gueules appartenant à Philippe de Caverel, abbé de St Vaast d'Arras. Signalons que ces armes étaient également présentent dans le pignon de l'ancien presbytère, situé autrefois place de la liberté.
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En passant près des reliques de St Hugues et St Achaire nous remarquerons peint sur l'une des chasses les armes d'Haspres. Signalons que la bande horizontale est peinte en vert.
Examinons à présent le coeur de l'église. A la droite des vitraux repésentant St Hugues nous trouvons une autre peinture des armes d'Haspres.
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Observons la bande horizontale de couleur blanche sur fond rouge. Avant d'être classé parmi les émaux vert, sinople désignait d'abord la couleur rouge.
En examinant maintenant le côté droit du choeur, entre les vitraux de St Eloi et de St Achaire, sont peintes d'autres armes, dont je n'ai pas trouvé l'appartenance.
En poursuivant mon observation, mon regard s'est posé sur une table basse en grès portant au pied la date : 1632.
Ces armes sont celles de Jean de Nisart, prévôt d'Haspres en 1631 et dont la devise etait "Nisus ad Bravium".
De l'autre côté de cette table, figure les armes de l'abbaye de Saint Vaast d'Arras le château à 3 tours, portant la mention CASTRUM NOBILIACUM.
Pour se rendre de la prévôté à l'église, les moines avaient creusé un passage qui est toujours visible de nos jours. De l'autre côté de ce passage, l'arcade est surmontée d'un linteau avec au centre les armes de Philippe de Caverel. A gauche sur une autre pierre apparait "l'écu au chateau à trois tours", emblème de l'abbaye de Saint Vaast.
Sur le portail de l'ancienne brasserie, apparaissent les armes d'Antoine de Chasse "De gueles à trois cors de chasse contournés d'or" ainsi que les armes de l'abbaye de St Vaast.
Enfin, sur la façade principal de l'abbaye existe une longue frise d'ornements, ou l'on peut y distinguer la croix de l'abbaye de St Vaast.
Terminons notre visite par le cimetière en haut de la rue de Valenciennes. Nous remarquerons au dessus de l'arche un très bel ecusson entouré de volute, avec en dessous l'inscription MERCES.
Ces armes apparaissent à plusieurs reprises dans les archives de l'abbaye de St Vaast d'Arras.
On trouve tout d'abord Antoine le MERCHIER ecartelé au 1 et 4 d'argent à trois fasces d'azur, au 2 et 3 parti d'argent à trois bandes d'azur. avec la devise Merces mea Deus. Les archives d'Arras mentionnent vers 1611 : Post aliquot menses fit Hasprensis, perlecturus theologiam bis hebdomadâ.
On retrouve ensuite ces armes avec Philippe LE MERCHIER, puis Arnould LE MERCHIER de Renaucourt "Sacerdotio insignitus degit Hasprensis 1645."