Voici une intrigue intéressante proposée par Marielle RENUCCI : pourquoi Jean-Marie DEBÈVE, mulquinier, fils de mulquinier, frère de mulquiniers a décidé un beau jour de 1844 de partir en Algérie avec sa petite famille ?
La question n'est pas simple. La période reste méconnue et l'absence de source complique la recherche. Néanmoins nous allons tenter d'apporter quelques éléments de réponses.
En août 1830 la France vit depuis peu sous le régime de Louis Philippe (monarchie de juillet). C'est à cette époque que débute la colonisation de l'Algérie. Plusieurs villes Algérienne sont occupées : Oran, Bône, Bougie.
Rapidement, Abd El Kader devient le chef des armées Arabes et s'oppose à l'occupation des troupes françaises. Son autorité sur l'Oranais est reconnue par la France un peu plus tard en 1834.
En mars 1833, l'armée française occupe les villes d'Oran et Mostaganem.
En 1836, une première expédition se rend à Constantine. Les rigueurs de l'hiver cette année là solde l'opération par un échec. Une seconde expédition a lieu en 1837 et la ville tombe aux mains des français au mois d'octobre.
En mai 1837 est signé le traité de Tafna entre Bugeaud et Adb El Kader. Le général Valet devient le gouverneur de l'Algérie.
Les hostilités reprennent en novembre 1839. Le 29 décembre 1840, Bugeaud à la tête de 10 000 hommes est nommé gouverneur général de l'Algérie.
Le 16 mai 1843, a lieu la prise de la smala d'Abd El Kader.
En juin 1844, Bugeaud pénètre au Maroc et remporte une importante victoire à Isly au mois d'août de la même année. Le traité de Tanger est signé le 10 septembre. En 1845, la guérilla se poursuit. Le gouvernement de l'Algérie est organisé en trois provinces : Alger, Oran et Constantine.
Rédition d'Adb El Kader en 1847.
Le France sort exsangue des campagnes napoléoniennes. Lorsque le gouvernement français entreprend de coloniser l'Algérie en 1830, il faut de nouveau se préparer à la guerre. La garde nationale est alors rétablie.
Haspres va payer son tribu à cette période de colonisation.
Des recherches partielles dans les registres militaires nous permettent de constater que des haspriens ont participé aux combats. Parmi eux Jean Bapstiste Louvion (+1840 à Oran), François Bailleul (+1854 à Mostaganem), Olivier Mercier (+1830 Alger), Pierre Havet (+1834), Joseph Bricout (+1841 à Mostaganem). Pour en savoir plus, nous vous proposons de consulter l'article sur la garde nationale de 1839.
En 1842, Haspres compte 2846 habitants. Monsieur Caullet est le maire de la commune, il est assisté dans sa fonction par messieurs Mollet et Ledieu. Messieurs Cacheux et Mercier font office de garde champêtre.
La commune effectue régulièrement la révision des contrôles de la garde nationale. Sur la délibération du conseil municipal du 14 décembre 1846, dans la rubrique contrôle de la réserve figure les informations suivantes : Jean Marie Debève, changement de domicile. (SRC ADN J 1024)
Jean Marie Debève naquit à Haspres en février 1798, fils de Charles Joseph (mulquinier) et Marie Catherine Morelle (fileuse). Il exerce la profession de mulquinier à Haspres. Le 24 décembre 1827, il épouse à Haspres Eleonore Forget, âgée de 19 ans, née à Iwuy, fille de Pierre Nicolas et Marie Lucie Bricout. (SRC : Relevè AGFH)
Sa famille fait parti des premières 38 familles de colons, placées par le Ministre de l'Intérieur à Sainte Amélie, canton de Douera, département d'Alger (aujourd'hui Rahmania en Algérie). (SRC : Marielle RENUCCI)
En 1844, la famille se compose de Jean Marie (cultivateur) et son épouse Eléonore FORGET, de deux garçons de 2 mois et 3 ans et d'une fille de 12 ans. (SRC : ANOM)
Le permis de passage lui est délivré le 10 janvier 1844. Pour 1500 francs, versés le 16 février 1844, la famille se voit attribuer le lot n°20 (concession n°30) à Ste Amélie et s'y installe dans une maison de première catégorie (SRC ANOM et GENOM). Il exerce alors la profession de cultivateur.
Jean Marie Debève décède le 1er décembre 1878 à Sainte Amélie, à l'âge de 79 ans (SRC : ANOM).