Pour le 100e anniversaire du sacrifice de nos Territoriaux du 26e de Mayenne, des familles mayennaises ont fait le chemin des commémorations du Nord. Les familles Lucas, Papouin, Betton, pour le sergent Victor Lucas, (les Foucher n’ayant peu venir au dernier moment, la famille de Montigny Von Kotze pour le sergent Hyppolite de Montigny, pour aussi pour le sergent Victor Trihan et la mémoire de ces territoriaux morts ou disparus. Marc Denis Betton, à la recherche de son aïeul depuis plusieurs années, nous livre un témoignage émouvant.
Le 26e régiment sur toute la guerre 14-18, a compté 5 000 victimes ! Cinq mille tués, blessés ou disparus qui réclament aux survivants cet effort nécessaire de Mémoire.
Les 12 et 13 août 1914, les trois bataillons formaient un effectif de 38 officiers, 3 médecins auxiliaires et 3.185 hommes de troupe soit 3.226 hommes entre 34 et 40 ans. Ces Territoriaux, ces « Pépères » tous pères de famille, (nombreuse parfois), sans artillerie, ni cavalerie, ni mitrailleuses, et équipés des gros fusils de moins bonne qualité que les Lebels n’étaient pas équipés pour le combat, de plus contre des troupes d’élite.
Voici les pertes pour le 26e RIT dans Les Batailles de l'Escaut (24 août – 26 août 1914). = 3.226 (4 août à Mayenne) - 1.080 (27 août) = 2.146 (de pertes) = 65,52 % de pertes en deux jours de bataille, soit 43 % des ses pertes de toutes la guerre !
Le 27e RIT avec qui il combat, perdra en deux jours 1800 hommes, son colonel, la majeure partie de ses officiers et 60% de son effectif, la plupart prisonniers.
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Le bilan du début de la Guerre va être aussi effroyable pour toute l’Armée Française, si l’on cumule : | |
- Août + Septembre 1914 = 329 000 Tués [de la Bataille des Frontières, du 6 Août au 5 Septembre, à la Bataille de la Marne, du 6 au 13 Septembre] | |
- et Octobre + Novembre 1914 = [Première bataille d’Artois et L’Yser] = 125 000 tués, | |
= soit un total de 454 000 morts sur un total de 1 393 000 morts à l’issue de la « Grande Guerre » en novembre 1918. | |
Cette hécatombe humaine de l’été et de l’automne 1914, par l’ampleur des pertes enregistrées, traduit bien l’ « industrialisation de la guerre ». A elle seule, à la fin de novembre 1914, l’Armée Française a perdu près d’un million d’hommes (tués Blessés prisonniers) ; 10 % de ses Officiers sont hors de combat. Les pertes sont tout aussi élevées pour les Allemands… | |
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Donc plusieurs membres de descendants ont été dans le Nord afin de commémorer la bataille de l’Escaut les 24-26 août 1914. Ils se rendus à Assevent, Mons, Crespin, Condé, Fresnes Valenciennes, Le Quesnoy, Quérénaing, Haspres, le Cateau et Ramillies à l’occasion du 100e anniversaire de la bataille de l’Escaut qui a opposé le 84e Division d’Infanterie Territoriale (et ses 4 régiments de Mainiaux) à la puissante 1er Armée d’Alexander Von KLUCK ,aile droite de l’opération Schlieffen.
Partout l’accueil a été chaleureux et le service de la mémoire des victimes de cette terrible Guerre honoré.
Partout, sauf dans une commune où s’est déroulée la principale bataille : HASPRES !!!
Le samedi 23 aout 2014, la famille est passée à la nécropole nationale d’Assevent où sont inhumés depuis 1972 une partie des victimes de la Bataille d’Haspres-Verchain. L’entretien est impeccable et des livres guide et d’or sont à disposition du public !
Après une visite rapide des fortifications de Maubeuge, l’après-midi s’est poursuivie par la participation à la commémoration de la bataille, de Mons, dans la nécropole internationale de Saint-Symphorien en Belgique. Nous avons été merveilleusement accueillis et guidés par la « Commonwealth War Graves Commission ». Les animations tant Allemandes, que Belges ou Britanniques étaient impressionnantes d’éclat et de simplicité protocolaire. Le premier Ministre Belge Elio Di Rupo est venu fleurir et l’on a écouté les représentants des quatre grandes églises chrétiennes faire l’éloge de la paix et se souvenir de toutes les victimes.
Le 24 aout, l’association « Mémoria » Crespin conduite par Christiane Capelle, Jacqueline et René Wagret, Nicole, les Blondel ont organisé avec la municipalité le dévoilement d’une stèle en souvenir aux victimes du 26e RIT. Deux discours et hommage ont été prononcés, très émouvants, surtout pour les descendants des soldats tués.
Un pot de l’amitié a été accompagné d’une formidable exposition avec les photos des soldats et du commandant O’ Reilly. Les mayennais ont été invité pour une collation, les gens du Nord renouvelant leur tradition d’accueil avec les soldats de 1914. Les Crespinois ont eu le droit à « un panier mayennais » !
Ensuite ce furent la visite de Bonsecours et de l’Hermitage à Condé, puis à la Mairie de Fresnes où furent perdu les premiers registres du 26e RIT. En soirée, retrouvant les pas des soldats du 26e RIT, la caserne Ronzier de Valenciennes, aujourd’hui à vocation universitaire, a été visitée par les descendants, là où leurs aïeux avaient passé leur dernière nuit avant la bataille !
Le 25 aout a commencé par la visite de la ville fortifiée du Quesnoy, lieu traversé deux fois par le 26e RIT le 22-23 aout avant de prendre le train pour Valenciennes le soir du 23 aout 1914.
Les descendants ont participé à la cérémonie des victimes du 25 aout 1914 à Quérénaing ! Une messe a été célébrée et une procession a rejoint avec ses louanges les lieux des fusillades. Des lumignons ont été déposé par tous les descendants et un lâcher de pigeons a eu lieu. En soirée, le sous-préfet à participé à une cérémonie civile, sous la pluie, comme en ce mardi 25 aout 1914.
Un pot de l’amitié et une collation nous a été offerte par la municipalité conduite par le maire Didier Joveniaux et Christine Yackx. Le maire de Verchain-Maugré, Marc Gilleron, nous avait répondu que sa commune n’organiserait rien, mais qu’il serait présent à Quérénaing. Nous avons longuement échangé avec Denis, auteur de l’exposition retraçant les événements de Quérénaing et la représentation des Territoriaux qui combattaient à côté, à Haspres. Malgré la pluie, l’accueil a été très chaleureux avec des échanges riches et émouvants !
L’après-midi à Haspres a eu ses ombres et ses lumières.
La Mairie, maintes fois prévenue, n’avaient rien prévue et avait oubliée de nous accueillir.
Après avec acheté une gerbe dans le magasin local, les descendants sont allés sur le champ de bataille de Haspres. Ils ont fleuri la Chapelle au Bois dans une cérémonie, de fait, tout à fait privée. Fernand PAPOUIN, un petit fils venait pour la première fois. Trois générations étaient présentes, avec beaucoup d’émotions !
Léon et Annick BRICOUT, propriétaires de la ferme où se trouvent la grange où est mort le sergent Victor Lucas, nous ont ouvert « grandes » leurs portes : ils sont venus du département voisins ! L’arrière arrière petite fille, Adeline, a trouvé une douille de balle dans sur l’ancien champ de bataille. Apres la visite du champ de bataille et cimetière où était située la fosse commune jusqu’en 1972, la dizaine de participants s’est retrouvée « chez Chantal » pour des boissons chaudes chocolatées. L’accueil des Haspriens présents y a été chaleureux et engagé.
Le 26 aout une petite partie du groupe est partie remercier les BRICOUT, les autres se sont rendus à Le Cateau. Là aussi, la mémoire de la bataille a été honorée ! Les survivants du 26e RIT y ont combattu aux côté des anglais ! les drapeaux anglais battaient le vent à coté des français dans cette belle cérémonie !
Après un déjeuner à cambrai, les descendants du 26e RIT ont rejoint Ramillies où s’est déroulé le dernier temps de la bataille de l’Escaut. Nous avons été chaleureusement reçus par le Maire Olivier Delsaux, qui nous a ouvert ses portes ! Nous avons visité le village sa place du 26e RIT, le monument aux Morts et nous avons échangé de la documentation ! La petite fille du sergent de Montiginy sous y a rejoint avec son époux (allemand). Son grand-père dans la même 10e Cie que le sergent Victor Trihan y a été héroïquement tué en refusant de se rendre à l’ennemi... Maurice Trihan, de Mégaudais (53), nous a remis son carnet de route. Il y a a été fait prisonnier, et il relate le combat de Ramillies. Le soir à 18 h00, une cérémonie du souvenir a été menée avec émotion en présence de Françoise de Montigny Von Kotze et a été suivie d’un pot de l’amitié.
Oui, les gens du Nord ont honoré le devoir de mémoire, et se sont révélés une fois de plus tellement accueillants.